Atelier de Issa Nyaphaga – mercredi 19 octobre 2016

Atelier Issa Nyaphaga

Shirley Bensimon – Psychologue
1/ Amélie Bonnaud – Art-thérapeute – Profac – plasticienne
Magalie Casez – Stagiaire de Art Thérapie Virtus – plasticienne – Profac
4/ Emmanuelle Cesari – Art-thérapeute – plasticienne – Master
5/ Deborah Cordier – Art-thérapeute – plasticienne – DESU Art-thérapie — Paris 8 Vincennes
Issa Nyaphaga – Caricaturiste – Membre fondateur de ATV
11/ Patricia Padovani – Danse thérapeute – Chant – IRFAT
12/ Lara du Plessis – Art-thérapeute – plasticienne – Profac
Priscille Raux – Stagiaire de Art Thérapie Virtus – plasticienne – Profac
Bernadette Santos – Bénévole de Art Thérapie Virtus – Responsable du microDON

Consigne de Issa Nyaphaga

Installation de papier journal au sol en forme de spirale qui symbolise un espace sociétal et environnemental thérapeutique. Un cercle est formé par les participants tout autour du papier.
Quatre couleurs primaires plus du vert sont déposées dans de petits plats avec des pinceaux.
Chaque participant prend deux feuilles de papier identiques. La première feuille est posée sur les journaux et quatre couleurs, au choix parmi les cinq sont utilisées pour créer. La cinquième couleur est mise à part pour plus tard.
L’expression de chaque participant est libre et facultative. La pose de la couleur est épaisse. La deuxième feuille est posée sur la première en aplatissant la couleur. Les deux sont positionnées côte à côte. Une des deux productions sera choisie pour continuer le travail. Et la cinquième couleur permettra de peindre le fond de l’œuvre choisie.
La feuille accomplie représente l’existence physique du participant et la seconde l’existence spirituelle ou invisible.

Aspect psychothérapeutique :

Un espace de liberté est accordé à chacun sur le plan créatif, le choix des couleurs, des motifs, de la place utilisée ou non. Un échange se crée entre les participants pour le partage des pots de couleur. Parfois ce sont les pots qui circulent autour de la spirale, à d’autres moments ce sont les participants qui se déplacent au gré de la couleur recherchée. On peut très rapidement observer une influence du contexte, selon la proximité. Cet effet, inconscient au départ, se renforce petit à petit pour devenir de plus en plus flagrant, de plus en plus conscient. L’aspect thérapeutique émerge à la fin, au moment de la verbalisation, du commentaire de sa propre production. On compare mentalement et oralement la feuille initiale incomplète, partielle, à la feuille finie, terminale. Au fil de l’interprétation, on ressent intérieurement le décalage entre l’exprimé, l’exprimable, le présentable, c’est-à-dire le dicible et l’inexprimable, le(s) non-dit(s), l’indicible dont on prend peu à peu, à son rythme de plus en plus conscience.

Shirley Bensimon

Retour d’impressions après l’atelier :

Bernadette Santos – bénévole de Art Thérapie Virtus

Issa nous a parlé longuement sur nos possibilités d’être ou de ne pas être, de pouvoir et vouloir faire les choses sans limite car le Monde nous appartient et comme il le dit si bien, il est Citoyen du Monde. Merci Issa pour ce moment merveilleux et cette belle leçon de vie. A refaire vite.


Inutile de savoir dessiner, on travaille par aplats de couleurs, comment oser poser une quantité de couleur pour obtenir la matière nécessaire pour exécuter le double : miroir ? J’avais une appréhension au débordement possible, au gaspillage etc. S’autoriser, se donner le droit de faire trop qui n’est pas trop pour d’autres. J’étais chagrinée ce matin-là et pourtant le résultat de ma production était très gai. Alors le fond n’est pas le même que l’apparence.

Emmanuelle Cesari


L’atelier était très intéressant. Malgré le fait que ce soit un support individuel je me suis sentie très en lien avec le groupe. On ne s’attend pas au résultat final, à chaque étape il se passe quelque chose de différent.

Magalie

Victimisation : Ces conduites dissociantes sont des conduites à risques et de mises en danger

trauma-resilience-2012Mémoire traumatique et conduites dissociantes
 
Dr Muriel Salmona, 

in Traumas et résilience, Dunod, 2012

Ces conduites dissociantes sont des conduites à risques et de mises en danger : sur la route ou dans le sport, mises en danger sexuelles, jeux dangereux, délinquance, consommation de produits stupéfiants, violences contre soi-même comme des auto-mutilations, violences contre autrui (l’autre servant alors de fusible grâce à l’imposition d’un rapport de force pour disjoncter). Rapidement ces conduites dissociantes deviennent de véritables addictions. Elles sont alors utilisée non seulement pour échapper à la mémoire traumatique mais aussi pour prévenir tout risque qu’elle survienne. Ces conduites dissociantes provoquent la disjonction et l’anesthésie émotionnelle recherchées, mais elles rechargent aussi la mémoire traumatique, la rendant toujours plus explosive et rendant les conduites dissociantes toujours plus nécessaires, créant une véritable addiction aux mises en danger et/ou à la violence. Ces conduites dissociantes sont incompréhensibles et paraissent paradoxales à tout le monde (à la victime, à ses proches, aux professionnels), elles sont à l’origine chez la victime de sentiments de culpabilité et d’une grande solitude. Elles représentent un risque très importants pour sa santé (accidents, maladies secondaires aux conduites addictives, maladies liées au stress), elles rendent vulnérables à d’autres violences (risque de re-victimisation) et peuvent être à l’origine de nouvelles violences.

Ces mécanismes psychotraumatiques permettent de comprendre les conduites paradoxales des victimes et le cycle infernal des violences. Ils sont malheureusement méconnus, et les médecins qui ne sont pas formés à la psychotraumatologie ne vont pas relier les symptômes et les troubles des conduites que présentent les victimes aux violences qu’elles ont subies et donc ne pas les traiter spécifiquement. A la place ils peuvent utiliser des traitements qui sont en fait dissociants. Ces traitements (comme l’enfermement, la contention, les camisoles chimiques, l’isolement, les chocs électriques, voire la lobotomie qui est encore utilisée dans certains pays….) sont « efficaces » pour faire disparaître les symptômes les plus gênants et anesthésier les douleurs et les détresses les plus graves, mais ils aggravent la mémoire traumatique des patients.  La violence a la triste capacité de traiter de façon transitoire mais très efficace les conséquences psychotraumatiques, tout en les aggravant. Elle est sa propre cause et son propre antidote. Mais à quel prix ! Si la violence est paralysante et dissociante pour la victime, elle est pour l’auteur un outil de domination et une drogue anesthésiante. La violence est un formidable outil pour soumettre et pour instrumentaliser des victimes dans le but d’obtenir une anesthésie émotionnelle de l’agresseur. Elle devient ainsi une usine à fabriquer de nouvelles victimes et de nouvelles violences (Organisation Mondiale de la Santé, 2010).
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