Pédophilie : comment gérer la libération de la parole ?

Logo France culture 25.04.2016
Des victimes d’actes pédophiles qui témoignent, des années après : c’est un des effets des affaires qui touchent l’Église depuis le début de l’année. Une institution parmi d’autres, confrontée à cette difficulté : que faire de la parole recueillie ?
L’Église de France semble aujourd’hui décidée à faire face aux affaires de pédophilie. Des cellules d’accueil et d’écoute commencent à être mises en place dans les différents diocèses. Cet après-midi, le cardinal Philippe Barbarin réunissait à Lyon les prêtres sous son autorité pour évoquer les affaires en cours. Il aura fallu un élément déclencheur à cette prise de conscience : la mise en examen, fin janvier, d’un prêtre accusé d’agressions sexuelles sur des scouts, dans les années 70 et 80. Une soixantaine, quelques unes reconnues par l’agresseur. Le cardinal Barbarin assure n’avoir été mis au courant qu’en 2007-2008. Les victimes lui reprochent de n’avoir rien fait. Suite à cette affaire, une association s’est créée : ‘’La parole libérée’’ recueille des témoignages de victimes d’hommes d’Église, témoignages souvent anciens qui posent la question de leur exploitation, les faits étant souvent prescrits. Que faire de ces paroles ? Comment les recueillir ?
L’école est, elle aussi, régulièrement confrontée à ce défi. ‘’Nous ne laisserons plus rien passer dans l’Éducation nationale s’agissant de pédophilie’’ a promis la ministre Najat Vallaud-Belkacem vendredi dernier. Une nouvelle loi entrera bientôt en vigueur, afin d’améliorer la communication entre ce ministère et celui de la Justice. Le texte a été voté après qu’un professeur de mathématiques, condamné pour pédophilie en Grande-Bretagne, a pu continuer à enseigner en France, comme si de rien n’était.

Liens

Site officiel du Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (SNATED) « allô enfance en danger »
L’enfance, que l’on prétend protéger, est en danger (The Conversation)
Outreau : complotisme, émotion… Il y a un problème avec la protection de l’enfance (L’Obs)

Intervenants

Hélène Romano : Docteur en psychopathologie clinique, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialisée dans le psychotraumatisme
Violaine Blain : Directrice du Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (SNATED)
Florence Rault : Avocate à la cour, spécialisée dans la protection de l’enfance et le traitement de la délinquance sexuelle

Bibliographie

Danger en protection

Danger en protection de l’enfance :
dénis et instrumentalisations perverses
Dunod, 2016

 

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Viol, pédophilie : Comment les réseaux sociaux servent d’exutoire aux victimes

Logo-200minutesPublié le Helene Sergent

VIOLENCES Grâce à un hashtag ou un message posté sur Facebook, certaines victimes de violences sexuelles parviennent plus facilement à se livrer sur les réseaux…

« Moi, victime d’un pédophile, je voulais vous dire… », c’est avec ces quelques mots qu’Adrien Borne, journaliste sur iTélé, a révélé  sur sa page Facebook, un lourd passé gardé sous silence pendant vingt ans. Mal maîtrisés, les réseaux sociaux peuvent parfois s’avérer dangereux pour les populations les plus vulnérables. Mais Facebook et Twitter peuvent aussi devenir des espaces d’expression et de confessions précieux pour les victimes d’abus sexuels, d’inceste ou de viol.

Une force collective

Témoigner sur les réseaux sociaux peut avoir un double effet positif selon Muriel Salmona, psychiatre et auteure de Violences sexuelles : 40 questions questions-réponses incontournables (Ed. Dunod) : « Raconter son traumatisme peut permettre à d’autres victimes de réaliser qu’elles ne sont pas seules mais cela peut aussi donner une dimension collective à leur combat. » C’est, entre autres, ce qu’ont pu constater les victimes présumées du père Preynat, à Sainte-Foy-les-Lyon, qui ont lancé un site dédié pour recueillir les témoignages d’autres victimes :

Pour Isabelle Aubry, présidente de l’Association internationale des victimes de l’inceste, Internet a révolutionné la lutte contre les violences sexuelles : « Il y a 16 ans, avant que je ne crée l’association, quand on tapait « inceste » dans un moteur de recherche, on tombait sur des sites pornographiques ! ». Aujourd’hui les réseaux sociaux sont devenus des espaces de partage pour les victimes, précise-t-elle : « Ce sont des outils extraordinaires pour rencontrer, échanger et fédérer, donner la sensation d’appartenir à un groupe. »

Des précautions nécessaires

Pour autant, Muriel Salmona met en garde : « Les personnes qui décident de témoigner sur Facebook ou Twitter n’ont pas forcément de filtre et peuvent le faire sous le coup du traumatisme ou dans une émotion immédiate. Or le risque, c’est que ce témoignage fasse exploser un trauma sous-jacent et génère des regrets violents ».

Comment mesurer l’impact de son témoignage auprès de ses proches, de ses amis, de ses collègues ? Pour la praticienne, l’accompagnement dans la démarche est indispensable. D’autant que les conséquences peuvent aussi être judiciaires souligne la psychiatre : « Si les faits ne sont pas proscrits et qu’une action en justice est engagée, la défense de l’agresseur peut se servir de tous les propos de la victime, y compris ce genre de témoignage ».

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