L’inceste concerne 4 millions de Français, soit 2 enfants par classe

par Helena Ergisi
le 6 février 2019
L’inceste concerne 2 enfants par classe
Inceste, que justice soit faite : c’est le titre du documentaire diffusé hier à 20h50 sur France 5. Il retrace l’histoire d’Emelyne, de Christelle ou encore de Céline. Ces femmes racontent leur traumatisme et leur combat pour que le crime qu’elles ont subi soit reconnu par la justice.

Définition

L’inceste est défini comme étant le fait d’avoir des relations sexuelles entre un père et sa fille, une mère et son fils, un frère et sa sœur. Il n’épargne aucune classe sociale. Il concerne aujourd’hui 4 millions de Français, soit 2 enfants par classe en moyenne qui endurent ce crime familial à huit clos. Mais seuls 10% d’entre osent porter plainte et 2% finissent par obtenir la condamnation du parent abuseur.

C’est ce sujet tabou et encore très peu reconnu que l’émission Le monde en face sur France 5 a décidé de mettre en lumière. Le documentaire est intitulé : Inceste, que justice soit faite.

Audrey Gloaguen, la réalisatrice, est partie à la rencontre de quatre victimes d’inceste, aux âges très différents. Elles sont : la petite Lily, dont le prénom a été modifié pour garantir son anonymat, Emelyne, jeune pré-ado, et deux adultes, Christelle et Céline.

En plus d’insister sur le profond traumatisme de ces femmes, le documentaire évoque également la grande difficulté pour les victimes d’obtenir justice. C’est le cas de Céline, qui a été agressée par son père de 4 à 7 ans et qui a vu sa plainte classée sans suite. C’est comme dans 80% des affaires de ce type, où l’on peine à apporter preuves et témoignages. A 39 ans, elle aimerait au moins obtenir une confrontation avec celui qui n’a jamais reconnu les faits, l’accusant de mentir.

Pire, on apprend également à travers son témoignage que sa mère a encore des doutes sur ces accusations visant l’homme dont elle est séparée, mais qui reste son « grand amour, en dépit de tout ». « On a l’impression d’être jugé. C’est sa parole contre la mienne. S’il y a un classement sans suite, c’est qu’on l’a cru, lui, et pas moi », regrette Céline

« L’inceste est un cataclysme »

« Pour un enfant, l’inceste est un cataclysme. (…) Les victimes parlent de mort psychique. Un enfant qui parle se sauve la vie »,

rappelle dans le film Marie-Christine Grison, experte auprès des tribunaux.

Porter plainte ou non ?

Par peur de briser leur famille ou de ne pas être prises au sérieux, la quasi-totalité des personnes victimes d’inceste ont pris le choix de ne jamais dévoiler leur terrible secret. D’autres y parviennent lorsque celui-ci devient trop lourd à porter.
Abusée par son grand-père à partir de l’âge de 4 ans, Emelyne a attendu six ans pour en parler. Deux ans plus tard, l’homme est condamné aux assises à huit ans de prison. Mais pour obtenir entière justice, le combat fut rude et long. Notamment quand l’avocat de la petite fille a proposé à sa mère la correctionnalisation du procès. L’accusé est revenu sur ses aveux. Il ne reconnaissait plus que des attouchements.

Convaincre la justice

Car une fois le crime dénoncé, il faut alors convaincre la justice et bien souvent sans preuves.

Christelle, abusée par son père de ses 6 à 15 ans, a dû faire face à sept années de procédure.

« Je ne sais pas si on peut être un jour reconstruite, mais j’ai l’intime conviction que la reconnaissance de la justice est un pilier important de cette construction ».

C’est une ancienne directrice financière du Conseil régional du Centre.

Et puis, il y a l’histoire de Maé et de sa fille Lili âgée de 8 ans. Cette maman raconte la douleur de ne pas avoir vu ce qui se jouait sous ses yeux. C’est à 4 ans et demi que sa fille lui raconte le « jeu de la piqûre de moustique » que pratiquait sur elle un membre de la famille. Cela fait maintenant trois ans qu’elle se bat pour que l’affaire soit jugée. Après plusieurs reports du procès, l’enfant doit témoigner devant un parterre de juges et d’avocats. Il n’y a aucune certitude de voir le crime reconnu.

Cependant, aujourd’hui, 80% des poursuites pour inceste sont classées sans suite, faute de preuves… et l’inceste concerne soit 2 enfants par classe.

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Enquête de l’ONRDP : Non, le violeur type n’est pas un étranger de 34 ans sans emploi

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L’enquête de l’ONRDP (l’Observatoire national de la délinquance) voudrait nous faire croire que sur les 322 violeurs parisiens (chiffres correspondant aux 10% des femmes qui portent plaintes), 52% sont étrangers et 44 % sont sans emploi.

Des chiffres allant d’autant plus à l’encontre de l’enquête de l’ENVEFF (Enquête Nationale sur les Violences Envers les Femmes en France)menée sur un échantillon de 6000 femmes.

L’agresseur est dans 86% des cas un conjoint ou ex-conjoint, un patron, un voisin, un collègue,… Donc un homme que l’on connaît et contre lequel on hésite à porter plainte.

Or, les viols commis par de parfaits inconnus seraient 5 fois plus fréquents à Paris qu’ailleurs d’après l’enquête.

Alors que la majorité des victimes de viols (ou tentatives de viols) connaissent l’agresseur et n’osent pas porter plainte, l’enquête voudrait faire croire que la majorité des viols sont commis par de parfaits inconnus et d’autant plus, par des inconnus qui ne sont pas français, jeunes et précaires.

Par conséquent, l’enquête de l’ONRDP ignore la majorité des femmes violées. Un peu léger pour en tirer de conclusions :

Pour OLF, « l‘étude ne portant que sur les plaintes reçues, elle sous-estime (…) très fortement la réalité des viols, et en particulier les liens familiaux qui existent entre victime et violeur : s’il est déjà très difficile de porter plainte, ça l’est encore davantage quand il s’agit d’un proche ».

Rappelons encore une fois que les violeurs n’ont pas d’origines ni de classes sociales spécifiques. Par contre, ce sont majoritairement des hommes que l’on connaît. Des hommes qui ont bien intégré la violence patriarcale et s’en servent contre nous, comme d’un droit de leur avoir fait un jour confiance.

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