Stress et immunité : introduction par Jean-Michel Thurin

Histoire naturelle. Stress et facteurs déclenchants intervenant dans le processus morbide
Observations cliniques
mercredi 27 octobre 1999
Les deux premières observations sont issues d’un article de Paul Sivadon paru en 1955 dans L’Evolution psychiatrique (1).

La première concerne les conséquences psychosomatiques de la déportation, la seconde concerne les conséquences psychiques de maladies somatiques.

La troisième est issue d’un petit livre de J. Delay (2),
les deux dernières sont extraites du livre « Une vie sans soi » (3)

1) « Lorsqu’en 1945, nous revinrent les rescapés des camps d’extermination, j’eus l’occasion de suivre, à titre prophylactique et pour tenter de faciliter leur réinsertion sociale, un certain nombre d’anciens déportés. Au cours des mois qui suivirent et sur une période d’environ trois années, les faits suivants s’imposèrent à mon observation.
Après quelques semaines d’euphorie, la plupart d’entre eux présentèrent une lassitude intense s’accompagnant chez beaucoup de troubles du sommeil. Pour certains, c’était une appétence de sommeil toujours inassouvie ; ils dormaient douze heures et restaient las tout le jour, s’endormant à nouveau au cours de la journée. Pour d’autres, c’était une insomnie nocturne avec souvent, au cours de la journée, des crises de sommeil rappelant la narcolepsie.
Presque tous, après quelques mois, commencèrent à manifester des phénomènes d’intolérance alimentaire : ils accusèrent leur foie surmené par les écarts de régime qui avaient suivi leur retour.
Puis apparurent des phénomènes d’intolérance sociale : ils ne pouvaient plus supporter l’entourage familial et professionnel qui étaient le leur avant leur arrestation. A peu près tous changèrent de profession. Plus de la moitié rompirent, au moins transitoirement avec leur famille et leurs amis les plus chers. Beaucoup divorcèrent. Cette intolérance sociale de plus en plus diffuse se traduisit chez le plus grand nombre par une instabilité foncière et par des manifestations caractérielles gênantes pour leur entourage.

Beaucoup, particulièrement dans la deuxième année qui suivit le retour, se mirent à absorber des boissons alcoolisées à des doses qu’en d’autres temps ils n’auraient pu supporter.

Puis, vers 1947 et 1948, certains se stabilisèrent, ils se mirent à rêver des scènes dramatiques qui, peu à peu, ressemblaient davantage à leurs propres aventures et tout rentra dans l’ordre. cCrtains restèrent simplement sensibilisés à certaines situations et à certains personnages (contraintes, attentes, policiers, etc…) sensibilisation qui persiste encore, après 10 ans, se manifestant par une véritable intolérance anaphylactique. Chez d’autres, vers la deuxième ou troisième année de leur retour apparurent des manifestations névropathiques variées (céphalées, subanxiété, algies diverses) suivies, à l’occasion d’un choc émotionnel minime ou parfois d’une grippe banale, d’une névrose caractérisée. » Ce cas présente le processus d’apparition d’un syndrome post traumatique et ses caractéristiques cliniques.

(1) SIVADON P., Phénomènes d’intolérance et mécanismes allergiques en pathologie mentale, L’Évolution psychiatrique, 11, avril-juin 1955, pp 299-326.
(2) DELAY J., « La psychophysiologie humaine » , Collection « Que sais-je ? »
(3) THURIN JM., Une vie sans soi, Ed Frison-Roche, 1996, 240p
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