Il craignait que le juge ne revienne sur l’accord passé avec lui qui voulait qu’au final la peine couvre cette détention provisoire, ni plus, ni moins, quand la loi à l’époque prévoyait 50 ans d’emprisonnement pour les chefs initiaux de prévention (viol, sodomie, perversion, usage de drogues, etc.).
Le prévenu avait de quoi être inquiet tant il est vrai que le juge de l’époque – Laurence Rittenband –, ne cachait pas son intention de ”se faire” une célébrité. Sans compter la cabale anti-Polanski qui sévissait à l’époque aux USA !
Les magistrats californiens ont toujours refusé de juger Roman Polanski hors sa présence, et encore récemment. Ils en ont fait une question de principe. Ils ne veulent pas que la justice puisse être bafouée et que profitant de son aisance tel accusé puisse s’enfuir et être jugé sans se rendre devant les juges pour ensuite apprécier l’attitude à tenir.
A juste titre, les magistrats d’Outre Atlantique lui répondent qu’ici comme ailleurs la poursuite publique ne lui appartient pas. La victime peut veiller à l’enclencher si le parquet ne la juge pas opportune ; à l’inverse, si le parquet l’engage, la seule issue est le jugement : il s’agit de protéger la société (et donc de futures victimes) contre de tels actes, pas la victime passée qui elle dispose de la voie civile.
Il n’est pas inutile de rappeler cette donnée quand tant de grandes consciences prenant le parti du « génie » du cinéma trouvaient argument dans le fait que la victime réitère son souci de ne pas voir les poursuites prospérer.
Interpellé lors d’un en ième déplacement en Suisse, incarcéré près de 68 jours dans un lieu tenu secret, puis assigné à résidence à Gstaad à son domicile avec port d’un bracelet électronique pendant un peu plus de 7 mois, Roman Polanski semblait donc voué à l’extradition eu égard à l’accord existant entre la Suisse et les USA. Même Georges Kiejman, l’un de ses avocats, n’en revient pas d’avoir obtenu un refus d’extradition : « (Je suis) « heureusement surpris car la décision pouvait aller dans un sens ou dans un autre » (Le Monde 14 juillet 2010). Comment expliquer cette décision ”surprenante”?
Non pas par des arguments de fond du style Roman Polanski est innocent ou les faits sont trop anciens comme l’avancent un peu vite certains de ses défenseurs médiatiques zélés. L’argument est apparemment de procédure, mais comme souvent la procédure camoufle d’autres choses. Les autorités américaines n’auraient pas transmis aux Suisses le procès-verbal d’une audition en 1977 par le procureur Roger Guson qui s’engageait à ce que les 42 jours de détention provisoire seraient une peine butoir conformément à l’accord passé avec le juge Laurence Rittenband le 19 septembre 1977.
En d’autres termes, ne pouvant vérifier la réalité de l’accord passé, les autorités suisses estime que la procédure « souffre d’un vice grave » et doit donc « être rejetée ». Implicitement elle en déduit quand même que Roman Polanski dit la vérité sur cet accord et a bien eu raison de fuir.
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