Introduction au blog Viols par inceste 1993

En tant qu’Auteure obligatoirement anonyme qui a dénoncé, dès 1989, les viol spar inceste que j’ai subi, je veux ici réfléchir sur les conséquences du viol sur la personnalité et la manière de gérer ma vie.
Il ne s’agit pas seulement des conséquences décrites dans les livres de professionnels qui prétendent nous avoir étudiés sur toutes les coutures, il s’agit aussi de celles dont nous ne parlons pas et qui sont toujours-là et font partie de nous vingt trente ou cinquante ans plus tard.

J’avancerai avec la prétention qu’une démarche intellectuelle me semble fondamentale pour sortir de viols par inceste, pour construire sa vie propre, sa personnalité et non plus garder celle que nous ont attribuée nos pères. Le choc fut long, pétrifiant, trop grand pour moi. L’élan sera celui d’une folie de vouloir tout dire. Il sera l’expression d’un rire envers la liberté à conquérir. J’ai trop pleuré de désespoir pour n’avoir pas appris, maintenant, que le rire est une façon plus courtoise de faire passer une angoisse qui ne doit pas importuner mon entourage au risque de le perdre.
Extrait de Viols par inceste.
Je désire rendre hommage ici à toutes les personnes que j’ai croisé dans mes lectures. A celles dites « bourgeoises » et victime d’un tabou presque aussi grave que l’inceste : Ça n’arrive que dans les milieux défavorisés.
Barbaraviols par le père
Sappho Durrell suicidéeviols par le père
Niki de Saint-Phalleviols par le père
Delphine Seyrig morte d’un cancerviols par le père
Virginia Woolf suicidéeviols par le demi-frère
Unica Zürn suicidéeviols par le père et le frère

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Ouvrages cités dans Viols par inceste
The question of incest in the Laurence Durrell Affair with the Suicide Daughter Sappho
Ouvrage mentionnant Virginia Woolf
Ta vie sauvée enfin par Alice Miller

Inceste : Lentement, cinéma et télévision osent aborder le sujet par Catherine Monroy

27/04/95

C’est seulement au milieu des années 70 que le cinéma a commencé à s’intéresser à l’inceste. Si le thème apparaît en filigrane dans « Chinatown » (1974) de Roman Polanski ou dans « Obsession » (1976) de Brian De Palma, il devient central dans « la Fille » (1978) d’Alberto Lattuada, dans « Angel Heart » (1987) d’Alan Parker, dans « Trois Places pour le 26 » de Jacques Demy (1988), et dans « Georgia » (1981) d’Arthur Penn.
L’inceste est presque toujours représenté de la même façon : un homme tombe éperdument amoureux d’une créature irrésistible qu’il découvre être sa fille ; l’histoire de « Peau-d’Ane » revisitée. Il concerne exclusivement des adultes, libres de choisir leur sexualité.

Exception faite du « Souffle au cœur » (1971) de Louis Malle qui évoque, très discrètement, un amour incestueux entre un adolescent et sa mère, il faudra attendre les années 90 pour que le septième art ose mettre en scène des enfants mineurs et… un père : « l’Ombre du doute » (1993) d’Aline Issermann, « Rosine » (1994) de Christine Carrière.
Pour la télévision, restée frileuse, l’inceste n’existe que dans les milieux défavorisés. En 1991, TF1 l’évoquait la première dans un épisode du « Commissaire Moulin ». France 3 l’abordera dans « les Enfants du juge » (1994) et dans la série « C’est mon histoire » (1995). M6 ne sera pas en reste avec sa série « Ange Espérandieu » (1994).

France 2, qui ne s’était pas encore intéressée à la question, prépare actuellement un téléfilm dont l’inceste est, pour la première fois, l’intrigue principale : « Nous tenons à le réaliser sans voyeurisme dans un milieu relativement aisé, explique Didier Decoin, responsable de la fiction sur France 2. Il ne s’agit pas de véhiculer l’idée reçue que ce genre de choses ne se passe que chez des paysans ivres. »

Catherine Monroy