3/ Définition de l’inceste par Aldo Naouri dans De l’inceste

Un inceste sans passage à l’acte : la relation mère-enfant
par Aldo Naouri
Page 109

J’ai relevé que dans son sens courant actuel, le mot « inceste » dérive du latin incestum qui veut dire strictement « sacrilège ». Incestum dérive lui même de incestus qui signifie « impur, souillé ». Lequel incestus est forgé sur le in privatif et cestus déformation de castus qui signifie « chaste, pur ». Si bien que incestus aurait aussi le sens de « non chaste ». On imagine volontiers ce que cela a eu à voir avec le cortège d’interdits faits aux prêtres et aux vestales.
Il s’avère cependant que le même castus
s’est rapidement et curieusement confondu dans l’évolution de la langue avec cas sus qui signifie « vide, exempt de », jusqu’à le supplanter comme supin du verbe careo, « je manque ».
Il n’y aurait donc aucun abus à traduire incestus par « à qui rien ne manque » et rapprocher ce sens du désir de toute mère que son enfant ne « manque de rien ».

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Autres billets sur le livre De l’inceste par Françoise Héritier, Boris Cyrulnik et Aldo Naouri, Domnique Vrignaud & Margarita Xanthalou

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4/ Françoise Héritier et le principe de non-cumul de l’identique
5/ Docteur Aldo Naouri, vous êtes dangereusement irresponsable
6/ Inceste pas nommer par le législateur par Dominique Vrignaud dans De L’inceste
Autres billets par Françoise Héritier
De l’inceste par Françoise Héritier, Boris Cyrulnik et Aldo Naouri


Film TV – La fille préférée de Caroline Bottaro – 2000

Director : Lou Jeunet
Writers : Caroline Bottaro
Release Date : 26 April 2000
Also Known As : Combats de femme
Runtime : 90 min
Country : France
Company : M6 Métropole Télévision

Médias 26/04/2000 à 23h40
Un zeste d’inceste. La réalisatrice évite le mélo grâce à la force de ses images.
« La fille préférée », téléfilm, M6, 20 h 50.
POTEL Isabelle
La difficulté d’une jeune femme à révéler que son père abusait d’elle quand elle était enfant. Loin d’illustrer un dossier de presse comme c’est souvent le cas avec ce type de sujet lourdement sociétal, Lou Jeunet filme des états. La surdité des proches qui peu à peu se fissure, l’incrédulité paternelle (intéressant Maurice Benichou) se transformant en rage froide, la culpabilité au travail dans le corps d’Agnès qui hésite encore entre parler ou dépérir. Face à ce type de commande, nombre de téléfilms se mettent à la remorque de dialogues préfabriqués et la plupart du temps atrocement naturalistes. Lou Jeunet, forte d’un authentique désir de cinéma, fait confiance à ses images. Pour évoquer l’ambiguïté vertigineuse d’un amour paternel virant à la prise de possession sexuelle, la réalisatrice incorpore à son film un autre film, images vidéo tournées (volées ?) par le père, des années auparavant, où l’on voit Agnès au cours de danse : remontée du temps qui permet de traquer les gestes d’une enfance à son point de bascule, quand la confiance commence à s’effriter sous l’acide d’une peur montante. Pour exprimer la tension d’un esprit emprisonné, la visite d’Agnès aux girafes du zoo de Vincennes, autres élancées captives. Et comme bouée de sauvetage, le thème de Peau d’âne » Le film trouve une passeuse idéale en Laurence Côte, qui met en mouvement une réserve presque effrayante, une détresse sans cris, ni mots, ni haine, une absence de pathos décuplant sa présence. Une silhouette aux contours du fatum qui va pulvériser sa propre famille, une identité charnelle muette et mutante: en train de se débarrasser de sa vieille peau de victime pour devenir sujet. Le mélo est mis hors d’état de nuire, ne reste que le spectacle discret d’une chrysalide en train de devenir papillon.