Parution : mars 2010
Prix public conseillé : 16 €
Format broché 15x 21
ISBN : 9 78 2 91146454 6
Opumbi désigne le rite de séparation des incestueux dans les vastes régions voisines de l’embouchure du Congo. Dans ce roman, le père manipule sa fille et la séduit pour substituer à son amour filial un lien charnel. La mère, qui aime tendrement sa fille, ne laissera pas son mari en faire impunément sa rivale. Là où la justice moderne agit sans discernement, la tradition africaine va apporter une
solution sous la forme d’une cérémonie destinée à en finir avec l’infamie, sans briser la famille.
Dans ses romans précédents, Jean Divassa Nyama restait discret au plan sexuel. Dans Opumbi, aucun sujet, aussi intime soit-il, n’est tabou pour celui qui a l’art d’habiller les mots. Enfin, les trois personnages essentiels, le père incestueux, sa conscience et le démon pervers qui l’habite, font de cette fiction un roman qui fera date.
Un style littéraire unique
Le style original de Jean Divassa s’affirme un peu plus à chaque nouveau roman. La lecture d’Opumbi donne l’impression qu’il a atteint une maturité d’écriture telle qu’on peut le reconnaître sur une simple phrase. Et en premier lieu, dans cette manière inimitable qu’il a d’habiller les mots. Avec le thème scabreux de l’inceste, son art tient de la haute couture ! Comment décrire des sujets aussi tabous qu’un acte sexuel ignoble sans choquer ? Qu’on en juge dans ce passage où Mitsundu, la fille, fait part à sa grand-mère de l’apparition de ses premières règles :
« Alors, comme ça, tu as vu les plumes rouges du perroquet au pied de ton arbre ? C’est une bonne chose ! Très très bonne ! Tu sais, les perroquets fréquentent un palmier seulement quand les régimes sont mûrs.
— J’ai peur, Grand-mère.
— Mais de quoi ?
— Est-ce que les noix de palme ne vont pas tomber de mon arbre ?
— Mais non ! Tu es à terre. C’est une grâce divine d’être à terre.
Ou encore ce passage où le père, fou de désir, passe à l’acte :
Mitsundu est envoûtée par la voix de son père. Elle est secouée par un sentiment qu’elle n’arrive plus à contrôler. Soudain, son père pose une main au pied de son arbre. Mitsundu respire très fort. Sa poitrine se soulève, mais elle n’ose pas crier de peur d’attirer l’attention de ses frères et sœurs. Elle baisse son regard et rencontre celui de son père qui l’hypnotise comme un serpent.
« Est-ce que tu as déjà vu le petit homme ?
— Non ! Je ne connais même pas comment il est.
— Attends ! Tu vas voir comme il est beau. C’est lui que tu admireras. »
Dundabe sort la lance qu’il pose dans la main de sa fille. Il ne parle plus, tout à savourer les sensations qu’il éprouve. Mitsundu ressent une chaleur qui l’envahit, une chaleur si forte qu’elle sent une douleur qui remonte jusqu’à sa poitrine.
« Tu vois, il est gentil le petit homme, lui dit Dundabe. Tu ne dois pas avoir peur de lui. Tu pourras le revoir aussi souvent que tu voudras. »
La crainte et la honte qui avaient submergé Mitsundu s’évanouissent.
Un lyrisme où la poésie est omniprésente :
Dans ce passage, la fille qui a réussi, grâce au rite Opumbi, à se reconstruire psychiquement, vient d’épouser un jeune homme. Lors de la nuit de noces, il lui fait découvrir ce qu’apporte un amour sincère non pervers.
Sulyvan prend le temps de la dévorer des yeux avant de monter dans sa pirogue pour descendre le Nil et découvrir à deux les merveilles des palais pharaoniques. Quand la rame de son époux s’enfonce dans les profondeurs du fleuve, les yeux clos, Mitsundu rêve. Le rythme de la pagaie, lent au départ, s’accélère au fil des minutes et Mitsundu sent couler en elle les larmes de la sensualité. Elle découvre avec Sulyvan des sensations voluptueuses qu’elle n’a jamais éprouvées.
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