La blessure dans les Violettes sont les fleurs du désir de Ana Clavel

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Je ne sais plus comment nous étions entrés dans une pièce qui servait d’entrepôt, où, dans une grande caisse, s’entassaient des poupées encore nues, si bien que, grimpé sur un tabouret, il ne me fut pas difficile de les lui offrir les unes après les autres.
Je ne me rappelle pas lequel des deux eut l’idée de les poser assises par terre, mais c’est Naty qui, avec logique et naturel, ôta sa robe pour s’asseoir elle aussi telle une autre poupée. Dès qu’elle retira sa culotte à volants, avec mon aide car ses mouvements étaient plus maladroits que les miens, je découvris entre ses jambes quelque chose que je ne me rappelais pas avoir vu avant et qui me stupéfia. Incapable de détourner mon regard de ce mystère soudain, je murmurai :
– Tu es cassée… Puis, répétant comme en écho, moins pour accuser que pour dépasser et comprendre cette découverte, j’insistai à mi-voix :
Cassée-cassée-cassée …
Il est des choses que même les petites enfants comprennent, et Naty comprit : elle prit une poupée et lui redressa les jambes. Courbe, lisse, la surface en plastique ne laissait aucun doute : la poupée n’était pas cassée. 
Naty se leva et s’enfuit en sanglotant à grands cris. Mais dans mon souvenir je n’entends pas ses cris, je ne revois que sa mine inconsolable, sa bouche ouverte qui n’émet que des cris silencieux. Sa réaction m’effraya autant que de connaître le secret de sa blessure.
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