Inceste : Lentement, cinéma et télévision osent aborder le sujet par Catherine Monroy

27/04/95

C’est seulement au milieu des années 70 que le cinéma a commencé à s’intéresser à l’inceste. Si le thème apparaît en filigrane dans « Chinatown » (1974) de Roman Polanski ou dans « Obsession » (1976) de Brian De Palma, il devient central dans « la Fille » (1978) d’Alberto Lattuada, dans « Angel Heart » (1987) d’Alan Parker, dans « Trois Places pour le 26 » de Jacques Demy (1988), et dans « Georgia » (1981) d’Arthur Penn.
L’inceste est presque toujours représenté de la même façon : un homme tombe éperdument amoureux d’une créature irrésistible qu’il découvre être sa fille ; l’histoire de « Peau-d’Ane » revisitée. Il concerne exclusivement des adultes, libres de choisir leur sexualité.

Exception faite du « Souffle au cœur » (1971) de Louis Malle qui évoque, très discrètement, un amour incestueux entre un adolescent et sa mère, il faudra attendre les années 90 pour que le septième art ose mettre en scène des enfants mineurs et… un père : « l’Ombre du doute » (1993) d’Aline Issermann, « Rosine » (1994) de Christine Carrière.
Pour la télévision, restée frileuse, l’inceste n’existe que dans les milieux défavorisés. En 1991, TF1 l’évoquait la première dans un épisode du « Commissaire Moulin ». France 3 l’abordera dans « les Enfants du juge » (1994) et dans la série « C’est mon histoire » (1995). M6 ne sera pas en reste avec sa série « Ange Espérandieu » (1994).

France 2, qui ne s’était pas encore intéressée à la question, prépare actuellement un téléfilm dont l’inceste est, pour la première fois, l’intrigue principale : « Nous tenons à le réaliser sans voyeurisme dans un milieu relativement aisé, explique Didier Decoin, responsable de la fiction sur France 2. Il ne s’agit pas de véhiculer l’idée reçue que ce genre de choses ne se passe que chez des paysans ivres. »

Catherine Monroy

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