Les victimes de nos quatre personnages sont extrêmement belles :
Textor Textel décrit sa victime comme « la plus belle jeune fille de l’univers » (p. 42) ;
Marcolina que Casanova souhaite ravir est divinement belle ;
les jeunes filles que le Dr Morgan entraîne dans ses fantasmes sadiques sont d’une beauté angélique ;
le Dahlia noir, âgée de 22 ans était terriblement belle aussi.
La seule réplique possible face à cette beauté s’avère la mort, comme l’exprime très exactement Baudrillard : « Qui a dit que la plus belle preuve d’amour fut dans le respect de l’autre et de son désir ? Le prix payé par la beauté et la séduction est peut-être d’être séquestrées et mises à mort, parce qu’elles sont trop dangereuses, et qu’on ne pourra jamais leur rendre ce qu’elles vous donnent. On ne peut alors leur donner que la mort97. »
Les fantasmes de viol produisent une esthétisation du corps désexualisé, ils érigent en règle l’agir contre nature et font de la perversité un principe moral. Le grotesque est magnifié, l’humiliation érigée en honneur particulier :
« C’est flatteur, un viol. Ça prouve qu’on est capable de se mettre hors la loi pour vous » (p. 51), s’exclame Textor Texel. Dans cet univers perverti, le monstrueux se complaît à renverser l’ordre des valeurs et à vanter la splendeur du viol.
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