Les notions fondamentales en matière de sexualité sont celles de désir, de plaisir et de partage, conséquent de la bilatéralité de la relation. Dans la situation prostitutionnelle, ces notions se trouvent complètement perverties, et la notion de bilatéralité de l’échange disparaît totalement. La situation prostitutionnelle n’est donc pas un échange ou une relation à caractère humain, pas plus qu’une forme de sexualité.
Le fait de subir ces rapports sexuels de manière répétitive et non désirée entraîne une dissociation psychique afin de pouvoir départager les deux univers de la personne, et surtout protéger le domaine privé des atteintes vécues dans le domaine prostitutionnel en se coupant de ce qui est éprouvé dans ce dernier. Celui-ci est totalement factice : c’est une situation simulant une relation humaine mais où tout est artificiel ; les sentiments et les émotions n’existent pas, ils sont refoulés car considérés comme des obstacles par l’acheteur de services sexuels.
L’absence de tout affect humain (autre que négatif, tel que mépris de la personnalité, déni de ses désirs, ignorance de son identité humaine, assimilation à un objet sexuel totalement soumis, en résumé tout ce qui fait le caractère humain unique d’une personne est nié et doit disparaître au bénéfice du rapport strictement commercial) est extrêmement destructeur pour toute personne vivant cette situation.
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2 réflexions au sujet de « Conséquences psychique de la prostitution par Judith Trinquart »
La notion de dissociation me semble très importante car elle un bon mécanisme de défense (même si c’est un mécanisme très archaïque -premiers mois de le vie-).
Il y a dans l’évangile de Luc une petite phrase qui m’interpelle: « ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps ».je crois que quand il y a abus (et là je ne suis plus dans le domaine de la prostitution) la dissociation permet en quelque sorte de sauver l’âme.
Parfois cela fonctionne, parfois cela ne fonctionne pas, et je crains que lorsqu’il y a mutilation tentatives de suicide, reproduction de l’abus sur d’autres, alors l’âme a été atteinte et c’est bien cela le pire.
Giboulee,
Il se passe, me semble-t-il la même dissociation salvatrice dans le viol par inceste.
Nous devons garder à l’esprit que les viols se perpétuent parce que l’agresseur met en place le chantage.
L’agressée devient pour elle-même responsable des viols dans le sens où elle accepte – parce qu’elle ne peut faire autrement – le chantage et il est impossible de penser qu’un enfant ne se sent pas sali et prostitué. L’enfant sait.
C’est l’enfant qui sait que l’inceste est interdit et qui porte le poids de l’interdit. L’agresseur se fou de l’interdit, c’est un jeu de le transgresser.
L’enfant pense aussi sauver son âme en acceptant le chantage, puisqu’il va sauver la cohésion familiale et la vie de sa mère – qui va se suicider si elle l’apprend –.
Auteure anonyme