5/ Les troubles graves de la personnalité : Desnos (F60.31) par Gérard Lopez & Arianne Casanova

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Des auteurs anglo-saxons décrivent un disorder of extreme stress ou un complex posttraumatic stress disorder (Herman, 1992) (Pelcovitz, 1997) ou un Disorder of Extreme Stress Not Otherwise Specified (DESNOS), affectant des adultes qui ont vécu des maltraitances sévères pendant l’enfance, lesquels présentent :

des difficultés relationnelles : incapacité à faire confiance aux autres, agressivité, répétition des éléments traumatiques dans des relations actuelles ;
des passages à l’acte hétéroagressifs et sexuels, des comportements automutilatoires, des idéations suicidaires, des prises de risque excessives ;

des troubles dissociatifs ;
une absence d’estime de soi, une forte culpabilité, de la honte ;
une tendance à idéaliser l’agresseur ;
des conduites de revictimation ;
des troubles somatoformes ;
des troubles addictifs.
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Autres billets sur Psychothérapie des victimes
1/ Psychothérapie des victimes : Traitements, évaluations, accompagnement. Gérard Lopez, Aurore Sabouraud-Séguin, Louis Jehel
2/ Le concept de résilience peut être confondu avec la « résistance » par Gérard Lopez & Arianne Casanova
3/ L’état de stress post-traumatique – ESPT (F43.1)
4/ La dissociation péritraumatique et les troubles dissociatifs (F44) par Gérard Lopez & Arianne Casanova
6/ Evaluation auprès d’une personne souffrant d’un trouble psychotraumatique par Louis Jehel, Marc Sylvestre, Patrice Louville
7/ La combinaison entre psycho et chimiothérapie par François Ducrocq, Guillaume Valva & Olivier Cottencin
8/ La prochaine version de DSM devait introduire la catégorie de l’état de stress post-traumatique par jean-Michel Thurin
9/ huit thèmes qui accompagnent un traumatisme sévère par M. J. Horowitz
10/ Les évitements après un ESPT par Aurore Séguin-Sabouraud
11/ Les indications de la thérapie EMDR – Eye Movement Desensitization Reprocessing par Patrick Zilhardt
12/ Le traitement cognitivo-comportemental de l’ESPT par Aurore Séguin-Sabouraud
13/ L’hypnose dans le traitement du psychotraumatisme par Victor Simon
14/ le sujet a été victime d’une prise de pouvoir par son agresseur par Victor Simon
15/ Le phénomène de vigilance parallèle par M. Yapko
16/ Une technique hypnotique spécifique pour traiter les viols par inceste par Victor Simon
17/ Les 8 C dans le traitement de l’agression sexuelle par Victor Simon
18/ De nombreuses victimes échappent à tout traitement par Gilbert Vila
19/ Les conséquences de la maltraitance ne s’arrêtent pas avec la fin des actes pervers par Gilbert Vila

• Les groupes de paroles par Catherine Morbois et Marie-France Casalis dans Psychothérapie des victimes

16/ L’autonomisation par Questions d’inceste

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L’objectif d’autonomiser l’enfant pour l’amener à faire des choix responsables et éclairés est encore plus difficile à définir et à mettre en place. Il répond à une représentation humaniste de la responsabilité qui est outil et gage de la liberté. L’existentialisme est un humanisme, disait Sartre, et l’homme est condamné à la liberté. La transcription psychopathologique de ce concept philosophique, c’est l’accès à la différenciation et à la reconnaissance des limites qui tracent les contours de l’identité. Il n’y a pas de liberté sans intériorisation du principe de réalité de la séparation et de la différence. Entre le dedans et le dehors, ce n’est pas pareil, le soi et le non-soi, ce n’est pas la même chose. L’autonomisation, c’est se défaire de l’emprise non seulement de l’autre en tant que personne physique, mais aussi de tout ce qui est de l’ordre de l’idéalisation qui s’oppose au réel, qui le dissimule, le transforme, le travestit, par peur de l’abandon. c’est cette peur-là qui pousse l’homme au crime pour s’approprier ce qui fait son manque, qui le pousse au vol, au viol, à l’homicide. C’est la peur du manque, la peur d’être dépossédé, anéanti, de se retrouver tout nu comme un nourrisson privé de sa mère. Les crimes pathologiques, dictés par des hallucinations impérieuses, délirantes, sont les paradigmes de cette peur qui pousse à se défendre jusqu’à en perdre la raison dans le meurtre. Les malades assassins disent clairement qu’ils n’ont fait que se protéger pour survivre. L’autonomisation, c’est prendre la distance nécessaire pour ne plus avoir peur de son manque, c’est l’avoir reconnu, circonscrit, analysé et compris. La peur perd alors de sa force et de sa dangerosité. Pour les jeunes filles victimes d’inceste, l’autonomisation, c’est ne plus être l’otage du traumatisme.

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Autres billets sur le livre
Questions d’inceste
1/ Questions d’inceste de G. Raimbault, P. Ayoun, L. Messardier
2/ L’inceste séducteur, le père avec la fille
3/ La pianiste de Michael Haneke
4/ L’inceste avec violence, le viol incestueux
5/ Une conception réductrice de l’inceste
6/ La rupture du lien de filiation
7/ Les réactions au traumatisme
8/ La sidération et l’impossibilité de dire
9/ Ces mères qui n’ont pas réussi, ou pas voulu, ou pas su éviter l’inceste
10/ L’identité désorganisée des pères séducteurs
11/ Pourquoi les incestueurs en appellent-ils à l’insatisfaction conjugale ?
12/ L’interprétation du consentement par l’incestueur

13/ L’atteinte narcissique et la culpabilité pour la mère
14/ La valeur de la sanction pour l’agresseur et la victime
15/ La tragédie grecque et la littérature
17/ Le devenir des pères agresseurs en prison
18/ Le pardon
19/ Anaïs Nin, un inceste choisi
21/ La recherche de sens – La valeur de l’écrit