11/ Les tendances autodestructrices inconscientes qui trop souvent guidaient la conduite de Rita Hayworth

Page 87

Contrairement à ce qui s’était passé huit mois auparavant, cette fois-ci Rita fit appel à un avocat de Los Angeles, Don Marlin, qui lui procura tout le soutien légal dont elle avait besoin.
Après avoir vidé leur compte d’épargne, laissant Rita sans la moindre liquidité, Judson prit une chambre au Beverly Hills Hotel – qui était déjà alors l’hôtel le plus prestigieux de Hollywood. Par ce choix, il semblait indiquer qu’il comptait bien continuer à vivre aux dépens de sa femme et qu’il n’avait pas l’intention d’accepter un partage équitable de leurs biens ; il voulait tout. Non content de la menacer physiquement, il l’avait 
avertie qu’il avait les moyens de ruiner sa carrière cinématographique.
Dans la presse, les commentateurs supposèrent qu’Eddie détenait certaines informations embarrassantes pour Rita, ce qu’elle sembla confirmer par ses réactions affolées. Mais personne ne sut jamais de quoi il s’agissait. La réponse figure dans le dossier constitué par le FBI sur Rita, qui contient notamment une déclaration de Judson affirmant qu’il possédait « une lettre obscène écrite par Hayworth et dont il se servait pour lui extorquer des fonds ». Dans cette « lettre obscène », 
Rita disait avoir « entretenu des relations intimes avec d’autres hommes ». Ainsi Rita aurait fourni à Judson les munitions qu’il utilisait contre elle. Mais pourquoi ?
Si Rita écrivit cette lettre à Judson pour le punir de l’avoir poussée à coucher avec d’autres hommes, elle obtint le résultat inverse de celui qu’elle recherchait : c’est elle qui en souffrit, pas Eddie. Cette lettre, en tout cas, est très révélatrice des tendances autodestructrices inconscientes qui trop souvent guidaient sa conduite. À l’époque où elle l’écrivit, elle savait à l’évidence quelle sorte d’homme était son mari et jusqu’où il n’hésitait pas à aller pour parvenir à ses fins.
Est-il possible qu’elle ait remis involontairement un document aussi dangereux entre ses mains ?
Sa colère se manifestait par un acte qui, de fait, ne punirait qu’elle-même et qui, de plus, la punirait pour des actions commises contre elle – comme si c’était elle la coupable et qu’elle dût payer pour ce qu’un autre l’avait forcée à faire.

_________________________
Autres billets sur Rita Hayworth
1/ Livre – Rita Hayworth par Barbara Leaming
2/ Rita Hayworth par Barbara Leaming
3/ Rita Hayworth élevée sous l’emprise et les viols de son père
4/ Rita Hayworth demeurait une élève docile, anxieuse de plaire
5/ Rita Hayworth et sa mère face aux viols par inceste
6/ Rita Hayworth – Parfois elle ne pouvait s’empêcher de pleurer ouvertement devant les metteurs en scène et ses camarades de travail
7/ L’emprise : déjà à seize ans Rita Hayworth pensait sérieusement à se mettre entre les mains d’un protecteur d’un certain âge
8/ C’est ainsi que Rita Cansino devint Rita Hayworth, du nom de jeune fille de sa 
mère
9/ Tout en obéissant docilement aux ordres qu’on lui donnait, faisant exactement ce qu’on lui disait de faire, Rita Hayworth semblait s’éteindre
10/ Rita Hayworth fait preuve d’une assiduité et d’un amour du travail inhabituels
12/ Orson Welles & Rita Hayworth et l’alcoolisme

11/ Les tendances autodestructrices inconscientes qui trop souvent guidaient la conduite de Rita Hayworth
13/ L’image dévaluée qu’avait Rita Hayworth d’elle-même et son sentiment d’infériorité
14/ Ali Khan & Rita Hayworth et l’argent
15/ La dame de Shanghaï selon Barbara Leaming
16/ Rita Hayworth : être une personne mauvaise et méprisable

La Dame de Shanghai The Lady from Shanghai de Orson Welles avec Rita Hayworth
Rita Hayworth et la maladie d’Alzheimer

10/ Rita Hayworth fait preuve d’une assiduité et d’un amour du travail inhabituels

Page 77
Malgré les problèmes qu’elle devait affronter chez elle, où Eddie ne supportait pas qu’elle défiât son autorité, et au studio avec Cohn, pendant le tournage de L’amour vient en dansant, rien dans son comportement ne laissait deviner de telles difficultés.
Les femmes qui ont été exploitées pendant toute leur jeunesse font souvent preuve d’une assiduité et d’un amour du travail inhabituels, quels que soient les ennuis qu’elles doivent affronter dans leur vie privée. Les responsabilités qui ont pesé sur elles les ont préparées à une vie de labeur et de sacrifice, même si, ce qui est fréquemment le cas, le travail ne leur offre pas beaucoup de satisfactions. Ce schéma colle tout à fait à Rita, dont la discipline au travail a souvent contrasté avec le chaos de sa vie privée.
Fred Astaire, quant à lui, fut ravi de cette partenaire si dure à la tâche, qu’il qualifia de « danseuse-née » : « Je n’ai jamais vu quelqu’un apprendre les pas aussi vite qu’elle. Je lui montrais l’enchaînement avant le déjeuner, et lorsqu’elle revenait aussitôt après le repas, elle l’exécutait à la perfection. Elle l’avait apparemment répété dans sa tête pendant qu’elle mangeait »
Pour leur premier numéro, une rumba, «So Near and Yet So Far» (« Si proche et pourtant si lointaine »), Fred Astaire avait prévu les dix jours habituels de préparation avant tournage ; avec Rita il n’en fallut que quatre. « Je voyais Fred presque chaque jour, se rappelle Hermes Pan, et il me disait : « Je travaille avec Rita. Elle est vraiment remarquable. Elle peut faire n’importe quoi ». »
Alors qu’Astaire se donnait totalement pendant les répétitions, Rita semblait se retenir pour le moment où ils se retrouveraient devant la caméra.
« Elle avait un côté transparent pendant les répétitions, explique Hermes Pan. Et on se demandait : est-ce qu’elle sera capable d’en faire davantage ? Et puis, lorsque la caméra tournait, elle avait une présence fantastique, bien plus que dans la réalité. »
Elle éprouvait chaque jour la même angoisse à l’idée de travailler avec un grand danseur comme Fred Astaire. Ginger Rogers et lui formaient un couple tellement bien assorti qu’ils semblaient avoir été fabriqués pour danser ensemble. 
(Incidemment, il se trouve que Ginger et Rita avaient un lointain lien de parenté : Vinton, le frère de Volga, avait épousé la sœur de la mère de Ginger.) Toujours aussi peu sûre d’elle-même, 
Rita craignait qu’Astaire ne l’apprécie pas comme partenaire. Elle redoutait par-dessus tout de le décevoir.

_________________________
Autres billets sur Rita Hayworth
1/ Livre – Rita Hayworth par Barbara Leaming
2/ Rita Hayworth par Barbara Leaming
3/ Rita Hayworth élevée sous l’emprise et les viols de son père
4/ Rita Hayworth demeurait une élève docile, anxieuse de plaire
5/ Rita Hayworth et sa mère face aux viols par inceste
6/ Rita Hayworth – Parfois elle ne pouvait s’empêcher de pleurer ouvertement devant les metteurs en scène et ses camarades de travail
7/ L’emprise : déjà à seize ans Rita Hayworth pensait sérieusement à se mettre entre les mains d’un protecteur d’un certain âge
8/ C’est ainsi que Rita Cansino devint Rita Hayworth, du nom de jeune fille de sa 
mère
9/ Tout en obéissant docilement aux ordres qu’on lui donnait, faisant exactement ce qu’on lui disait de faire, Rita Hayworth semblait s’éteindre
11/ Les tendances autodestructrices inconscientes qui trop souvent guidaient la conduite de Rita Hayworth
12/ Orson Welles & Rita Hayworth et l’alcoolisme
13/ L’image dévaluée qu’avait Rita Hayworth d’elle-même et son sentiment d’infériorité
14/ Ali Khan & Rita Hayworth et l’argent
15/ La dame de Shanghaï selon Barbara Leaming
16/ Rita Hayworth : être une personne mauvaise et méprisable

La Dame de Shanghai The Lady from Shanghai de Orson Welles avec Rita Hayworth
Rita Hayworth et la maladie d’Alzheimer