Le Monde.fr avec AFP | 13.01.2013 à 12h53 • Mis à jour le 16.01.2013 à 12h58
L’actrice Nastassja Kinski accuse son père, l’acteur allemand Klaus Kinski, d’avoir été « un tyran » qui a tenté d’abuser d’elle et qu’elle enverrait en prison s’il était encore en vie alors que sa demi-soeur a révélé mercredi qu’il l’avait violée durant des années.
« C’était un tyran. Je peux à peine me souvenir que nous nous soyons assis ensemble à la même table », assure Nastassja Kinski, 51 ans, dans un entretien au journal dominical allemand Bild am Sonntag. Si elle en avait aujourd’hui la possibilité, elle ferait « tout pour qu’il aille en prison ». « Quand il est mort, certaines personnes m’ont dit qu’elles étaient désolées. Moi, je ne l’étais pas », ajoute-t-elle.
Vingt-deux ans après la mort de l’acteur allemand, légende torturée d’Hollywood, sa fille aînée, Pola, a révélé publiquement cette semaine que son père l’avait violée pendant des années.
Dans un livre paru en Allemagne, cette actrice de 60 ans raconte le calvaire qu’elle a subi de l’âge de 5 ans à 19 ans, une tragédie qu’elle n’avait pas racontée jusqu’ici à sa demi-sœur, Nastassja. Pola Kinski affirme avoir aussi écrit son livre en réponse au culte actuel dont son père est l’objet, présenté comme un acteur de génie. « Je ne pouvais plus entendre : « Ton père! Génial ! Un génie ! Je l’ai toujours aimé ! » Quand elle pense à lui, elle dit n’éprouver que « du dégoût et un sentiment de vide ».
« IL M’A TOUJOURS TROP TOUCHÉE »
Nastassja Kinski explique dans Bild am Sonntag que si Klaus Kinski n’a pas abusé sexuellement d’elle, « il a toujours essayé ». « Il m’a toujours trop touchée, il m’attirait tellement contre lui que je pensais que je n’allais pas pouvoir me dégager. A l’époque, j’avais 4 ou 5 ans et nous vivions à Munich », raconte-t-elle.
« J’ai senti instinctivement qu’il ne s’agissait pas de l’étreinte d’un père aimant mais que c’était plus que ça. Mais j’ai réussi à me dégager de ses étreintes. Ensuite, j’ai tremblé dès qu’il était là », détaille l’actrice, connue pour ses rôles notamment dans Tess, de Roman Polanski, et dans Paris Texas, de Wim Wenders.
Personnage charismatique connu pour son regard intense et ses yeux exorbités, Klaus Kinski, mort en 1991 à 65 ans, est présenté comme un acteur de génie dont on célèbre les films comme Aguirre, la colère de Dieu et Fitzcarraldo signés de Werner Herzog.
Dans un livre autobiographique paru en 1975 et intitulé Ich bin so wild nach deinem Erdbeermund (Je suis tellement fou de ta bouche à la fraise), l’acteur marié trois fois et qui se vantait d’avoir « fait l’amour à mille femmes », racontait ses préférences sexuelles pour les mineures, selon le quotidien Bild. Il y décrivait notamment le viol d’une adolescente de 15 ans, dont il a couvert les cris en mettant le son du téléviseur à fond, continue le journal.
Épuisé, l’ouvrage est ressorti en 1991, épuré et avec le titre Ich brauche Liebe (J’ai besoin d’amour), ajoute Bild. Dans ses mémoires, ils racontait également une enfance misérable et une adolescence torturée, avec une initiation sexuelle incestueuse.
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