" Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus" – Luc 12,4

Dimanche 15 août 2010

Il m’est d’ailleurs venu une phrase de l’évangile de Luc :  » Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus » Luc 12,4 et je pensais à ces personnes que je connais dont le corps a été mis à mal, qui auraient voulu mourir, qui disent que d’une certaine manière elles sont mortes le jour où elles ont été violées, mais qui pourtant ont en elles une partie vivante, une partie que le violeur n’a pu tuer.
Et je me disais que peut être le travail d’accompagnement est de permettre à cette partie là de reprendre sa place, de ne pas se laisser détruire.
Je pense que les tentatives de suicide, les mutilations, les troubles alimentaires sont comme des atteintes de l’âme, mais l’âme est là, elle est vivante même si les blessures sont là, même si l’agresseur reste présent dans la mémoire. Si ténu soit le feu de la vie il est là.
Et je crois profondément que la dissociation que vivent au quotidien ces personnes est la preuve que non ,l’âme n’a pas été mise à mal. Mais je crois que seule la présence de l’Esprit Saint peut remplir ce corps troué et que le rôle de l’accompagnant est de permettre que le souffle de Vie soit simplement un jour demandé.

…/…
Je pense avoir simplifié un peu trop, j’espère au fond de moi que de la vie demeure, mais je pense que parfois c’est tellement ténu qu’elle semble inexistante et qu’habiter son corps est imposisble ou impensable.
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Van Der Weele Téo : De la honte à la paix

www.relation-aide.com

DE LA HONTE À LA PAIX

ACCOMPAGNEMENT ET THÉRAPIE POUR LES PERSONNES

VICTIMES D’ABUS SEXUELS

TÉO VAN DER WEELE

Jeunesse en Mission, 2004

Livre résumé par Anne-Marie WORRET

dans le cadre de la formation à la relation d’aide avec Jacques Poujol et Cosette Fébrissy

L’AUTEUR

Téo van der Weele est thérapeute missionnaire en Asie et en Europe, ceci depuis une trentaine d’années. Actuellement il est aumônier du personnel d’un hôpital psychiatrique chrétien en Hollande. Il a enseigné dans de multiples écoles de Jeunesse en Mission et est impliqué dans la formation de conseillers laïcs.

Il s’est consacré durant de nombreuses années à l’accompagnement des victimes d’abus sexuels. Il milite pour la création d’un environnement chrétien au sein duquel les victimes d’abus puissent trouver l’espoir et la guérison. « Je suis intimement persuadé que Dieu a toujours eu l’intention que les églises soient des îlots de guérison dans un monde brisé », écrit-il.

RÉSUMÉ DU THÈME DE L’OUVRAGE

L’auteur entre en matière en citant plusieurs témoignages d’abus pour bien montrer la complexité du sujet. Ce livre a donc pour thème central l’abus sexuel. Autour de ce thème gravite tout ce qui y est lié comme les effets de l’abus, ses conséquences, ses souffrances…

Le lecteur y trouvera des définitions et concepts, comme par exemple les termes d’abusé et de survivant d’abus qui seront explicités ainsi que des clefs pour mieux comprendre et mieux entrer en communication avec les survivants d’abus. Le concept de la Paix Puissante est présenté comme un moyen personnel, efficace et concret pour répondre aux souffrances des gens afin de les amener à la guérison. Il parle du défi que devraient relever nos églises afin de reconnaître le drame des abus sexuels pour venir en aide aux personnes en souffrance afin que de victimes elles puissent devenir des survivants expérimentés. Téo propose l’Esthérothérapie pour aider les survivants d’abus à se ré-apprivoiser.

L’auteur commence par présenter son livre par chapitres, ce que j’ai trouvé utile de retranscrire ici. Il en compte 14.

Dans le chapitre 1, il parle de l’un des pires problèmes des survivants d’abus : comment arriver à surmonter les cauchemars récurrents et les flash-back et la façon dont la mémoire peut devenir une ennemie. A ce stade Téo propose le concept de la Paix Puissante et explique comment le simple fait d’être là pour écouter l’autre peut représenter en soi un grand soutien.

Cela amène au chapitre 2 : Comment écouter ? Téo raconte un peu de son expérience auprès des personnes en souffrance qu’il a aidées et partage certains épisodes de son passé traumatisant. Il insiste sur « l’espoir et la façon dont les églises peuvent commencer à devenir des centres de guérison ». (p. 11)

Que sont l’abus sexuel et l’inceste ? Nous en trouvons les définitions et concepts au chapitre 3.

Quant au chapitre 4, il souligne les principales tendances que l’on peut observer dans la culture de l’abus sexuel comme par exemple la différence des réactions entre les victimes masculines et féminines ou encore entre introvertis et extravertis.

Le chapitre 5 donne de plus amples explications sur la culture des personnes abusées sexuellement, ce qui est indispensable pour franchir les barrières culturelles afin de comprendre et conseiller les survivants d’abus.

Où est Dieu lorsque les gens souffrent ? Cette question, souvent posée, est traitée dans le chapitre 6. Bien sûr, Téo partage une réflexion qui est à prendre en tant que telle. En fait, il s’agit plutôt de son témoignage qui nous éclaire sur la façon dont le bon sens et la foi en un Dieu, qui a lui-même souffert, l’ont aidé à ne pas faire la sourde oreille à ceux qui ont le sentiment que Dieu les a abandonnés.

Le chapitre 7 touche un domaine très important. L’auteur montre comment la culture peut devenir un agent d’oppression alors qu’elle était destinée à aider les gens à survivre et à s’épanouir. Téo relève qu’une personne enfermée dans une prison culturelle peut néanmoins trouver la liberté intérieure, quelles que soient ses conditions sociales. Il dénonce les systèmes abusifs et insiste sur le fait que l’abus de pouvoir est une condition de base de l’abus sexuel et de l’inceste. Ce chapitre aide à mieux saisir comment de tels dérapages (« meurtres psychologiques ») peuvent se produire dans le cadre même des églises.

Dans le chapitre 8 il est montré que tous les croyants sont des sacrificateurs dont la responsabilité est de se tenir aux côtés de ceux qui souffrent.

Au chapitre 9 le symbolisme et son pouvoir sont développés ainsi que l’image de soi. Les abusés deviendront-ils des survivants apprenant à s’épanouir ou resteront-ils des victimes ?

Au travers du chapitre 10 le lecteur apprend à progresser lorsque les gens ne peuvent pas parler de leur vécu tant ils sont tenus par la honte. « S’attendre à la présence de Dieu et la possibilité de dialoguer intérieurement avec Lui dans les domaines que nous ne pouvions pas toucher, est devenu une pierre angulaire de notre ministère. »

Le lecteur trouvera dans le chapitre 11 une raison de soupirer de soulagement : malgré l’horreur de l’abus sexuel il y a de l’espoir : l’auteur parle de sa propre expérience de la puissance des prières de bénédiction et de l’effet de la Paix de Dieu sur et dans les survivants d’abus. Nous découvrons ici de quelle façon l’impact de la paix de Dieu sur l’esprit, l’âme et le corps triomphe de la honte la plus tenace.

Dans le chapitre 12, Téo voit l’église comme un pivot du ministère. Il explique comment les sentiments de honte empêchent les abusés de se confier à des conseillers chrétiens qu’ils connaissent et surtout continueront à fréquenter par la suite.

Le chapitre 13 insiste sur la prévention et la guérison des abus sexuels au sein de l’église. Dans ce monde où le bien est appelé mal et le mal bien, Téo amène le lecteur à réfléchir à la prévention des abus au sein de l’Eglise ainsi qu’à la guérison de ces derniers.

Il termine son livre par le chapitre 14 qui a pour titre : « S’il te plaît, Seigneur, pas mon enfant… » On y apprend comment réagir lorsqu’un abus est suspecté ou découvert.

Pour terminer, l’auteur explique comment – dans les années 50 – la lecture d’un livre de Paul Tournier l’a touché par sa façon dont il parle de la grâce : cela l’a aidé à se débarrasser peu à peu de la « mentalité légaliste de sa stricte éducation calviniste ». Téo relève une constatation trouvée dans un des derniers livres de P. Tournier : Violence et puissance où l’auteur souligne à juste titre la montée de violence toujours plus manifestée. P. Tournier observe que, « lorsque les gens gagnent en puissance, leur voix morale intérieure est étouffée » (p. 13). Le danger de tomber dans l’abus de pouvoir est réel et cet abus peut même s’amplifier, atteignant parfois un niveau d’atrocités inimaginables (cf. Hitler). P. Tournier non seulement dénonce cet abus de pouvoir mais il propose aussi un remède : un esprit de serviteur, antidote que Jésus lui-même a préconisé.

ANALYSE DES CONCEPTS-CLEFS ET POINTS FORTS

Voici les principaux concepts-clefs et points forts que j’ai relevés :

– Cauchemars récurrents et flash-back

– Définitions et concepts de l’abus sexuel des enfants et de l’inceste

– Barrières culturelles entre abusés et conseillers : comment les franchir pour comprendre et conseiller les survivants d’abus

– Comment la culture peut-elle devenir un agent d’oppression ?

– Les croyants sont des sacrificateurs

– Pouvoir du symbolisme

– Pouvoir de la honte

– Puissance des “prières de bénédictions” et effet de la Paix de Dieu

– Prévention et guérison des abus au sein de l’Eglise

– Suspicion d’abus sur un enfant : que faire ?

– La thérapie d’Esther



1. LE PROBLÈME DES SOUVENIRS

La mémoire a un rôle très important : la capacité de se rappeler les événements passés est l’un des dons les plus précieux de la Création. Sans elle, aucune page de l’histoire n’aurait jamais été écrite, nous reproduirions toujours les mêmes erreurs car incapables d’appliquer ce que les autres ont appris. « Nous vivons parce que nous nous souvenons. » (p. 20)

Selon l’auteur on pourrait dire aussi : « Je me souviens donc je suis » (p. 20). Cependant pour ne pas être submergés d’informations, nous avons d’autres dons naturels : la capacité d’oublier : « La palette de nos émotions est un outil utile pour sélectionner ce qui est à garder de ce qui est à oublier. » (p. 19)

Nous pouvons aussi décider de nous souvenir du passé ou de l’enterrer. Le déni est un moyen très efficace de se protéger et peut vraiment modifier la perception de la réalité. Mais nous bénéficions aussi d’une autre mémoire ; celle de la « peau ». La peau constitue une frontière naturelle. Elle « est notre organe le plus étendu, et c’est lui qui est le plus exposé au cours de l’abus sexuel. » (p. 204)

Dans le cas de l’abus, cette frontière est « violée » et la peau en garde un souvenir indélébile, alors même que la mémoire par le biais du déni peut l’avoir oubliée. Il se peut qu’une femme abusée dans son enfance s’en souvienne lors de fréquentations suite à des attouchements. Il se peut aussi que la mémoire se manifeste au travers des flash-back au grand désespoir de la personne concernée.

Avant d’aller plus loin il me semble nécessaire de s’arrêter sur cette notion de « flash-back ». Téo l’image ainsi : « C’est comme si une main invisible projetait une ancienne vidéo et faisait resurgir un vieux cauchemar, même en plein jour. » (p. 17) Peut-être avez-vous eu l’occasion de voir le film La rivière pourpre : on voit un homme revivre sous forme de plusieurs flash-back les abus sexuels dont il a été victime alors qu’il était enfant.

Ces films sont en plus pourvus du goût, du son, de l’odeur, du toucher et de la vision. Une simple odeur (ou son…) peut mettre en route la projection du flash-back. Les survivants de traumas graves sont hantés par cette question : « Tout cela finira-t-il un jour ? »

Ce précieux don de la création qu’est la mémoire peut se muer en ennemi acharné s’acharnant à détruire. La réaction naturelle est la résistance à ces flashs. Pour beaucoup, c’est possible du moins pendant un certain temps. Mais d’autres se laissent vaincre par ces fantômes du passé, à nouveau victimes. Le vent de panique et la paralysie qui s’emparent d’eux peuvent être perçus par l’entourage mais ce n’est même pas certain.

La vision du flash-back les laisse épouvantés et impuissants longtemps après que les horribles images aient disparu. Il leur faut alors une éternité pour s’en remettre. Si les victimes ne reçoivent pas d’aide, elles vont mettre en place des mécanismes de fuite et des stratégies de survie afin de gérer ces flash-back. Certains se réfugient dans le rêve, d’autres dans la prière, d’autres encore ont recours à une impassibilité glaciale ou alors ils ont recours à une constante vigilance qui leur permet de refouler systématiquement tout souvenir du passé.

Mais il faut savoir que ce contrôle influencera leur manière de réagir dans d’autres domaines également (cela peut aller des habitudes personnelles rigides aux pitreries incessantes… ce qui leur donne l’impression sécurisante de dominer toute situation environnante). Selon les témoignages qu’il a recueillis, Téo ne peut pas du tout garantir que ces flash-back cesseront un jour. Mais il nous rassure un peu : il est possible d’apprendre à leur faire face, à les neutraliser et même de leur donner une nouvelle signification.

Ainsi Téo lui-même a appris à changer la signification du son de la sirène entendue pendant la guerre lors des raids aériens… en un appel à la prière pour la paix ! (p. 17) Un autre exemple vécu : des personnes ont vu leur « vieille histoire » projetée non plus sur un écran intérieur mais extérieur ce qui les a aidées à s’en éloigner, à tenir à distance les images choquantes et même les regarder disparaître.

Enfin, certains ont appris à superposer une autre image à celles du flash-back en cours : celle du Christ qui sait ce qu’est la souffrance. Cette vision-là peut dissiper les plus horribles souvenirs. Téo pose une question intéressante : « Faut-il réveiller le souvenir des horreurs passées des personnes qui ne gardent aucun souvenir d’épisodes traumatisants ? N’est-il pas préférable de laisser dormir le passé ? » Selon Téo il est faux de croire que le rôle de l’accompagnant est d’aider à découvrir ce qu’il s’est réellement passé, ce serait le meilleur moyen de submerger les gens de souffrances inutiles. Pour Téo, « la tâche d’un conseiller d’abus consiste à développer des compétences qui lui permettent d’être sensible aux besoins spirituels, émotionnels, comportementaux et physiques spécifiques des survivants. » (p. 30)

Par contre, si les souvenirs reviennent alors que la personne est dans la présence du Saint-Esprit, (principe de la Paix Puissante) ce dernier va agir et soulager l’abusé pour en faire un survivant d’abus. C’est d’ailleurs souvent de cette manière que la mémoire se réveille et que l’abusé peut enfin trouver la force de s’épancher.

Ce point amène la question suivante : « La foi personnelle peut-elle être dangereuse pour la santé mentale ? » Cette question a été posée par des psychiatres chrétiens confrontés aux subites dépressions suicidaires de certains patients qui venaient de découvrir un environnement sécurisant et aimant dans un milieu chrétien, ce qui les avait poussés à s’ouvrir sur leur passé. Téo y répond par l’explication suivante : lire p. 37 : « construire sur un sol gelé ».

En général les gens ne souffrent pas que d’un seul « trauma » : comme les tuiles d’un toit un trauma en recouvre d’autres, Ce chevauchement des tuiles explique que le trauma le plus profond, l’inceste, reste souvent bien caché à ceux qui veulent apporter de l’aide. En ce qui concerne Téo, il cherche à « créer une atmosphère de guérison et à apprendre à la personne concernée à traiter tout ce qui lui revient en mémoire de son plein gré. » (p. 26). Suite à son expérience, Téo a pris conscience que la personnalité humaine est semblable à un oignon avec de nombreuses pelures. Il s’est « obstiné à chercher, au-delà des pelures des traumas, le cœur intact de chaque survivant. »

2. DÉFINITIONS ET CONCEPTS DE L’ABUS SEXUEL DES ENFANTS ET DE L’INCESTE

Téo décrit un trauma “comme un événement dont le résultat est une violation dévastatrice de l’être et de la personnalité de celui qui le subit.” (p. 53) Ces événements peuvent être de nature physique, émotionnelle et/ou spirituelle. Ils créent un “sentiment de profonde impuissance” (p. 53) et ont pour effet de déséquilibrer gravement quiconque en est victime.

Un trauma physique : telle la maltraitance physique, une fusillade, un bombardement, un accident de la route peut laisser des marques même physiquement.

Un trauma émotionnel : survient par exemple lorsque suite à un adultère un mari (une épouse) rejette son conjoint pour un(e) autre ou lorsqu’un ami trahit votre confiance en divulguant le secret confié. Il peut encore s’agir d’une peur latente suite à un cambriolage.

Un trauma spirituel : peut faire suite à une profonde déception religieuse (par exemple une conviction de guérison qui ne se réalise pas ou des personnes sont déçues car leurs espoirs et attentes n’ont pas été réalisés).

Abus :

1) Usage injustifié ou excessif de quelque chose, de quelqu’un. Mauvais usage.

2) Usage excessif d’un droit, d’un pouvoir, d’une fonction par son titulaire.

Abus sexuel : Violence qui s’exprime de façon sexuelle.

Un abus sexuel d’enfant : « est l’exploitation d’un enfant pour la satisfaction sexuelle d’un adulte ou d’une personne beaucoup plus âgée que lui. Toutefois, lorsqu’il y a violence sexuelle, on parle d’abus même s’il n’y a pas de différence d’âge. » (p. 54)

Viol : Acte de pénétration sexuelle commis sur autrui par violence, contrainte, menace ou surprise, pénalement répréhensible. (Petit Larousse)

Selon Téo : Meurtre émotionnel : les lois de l’Ancien Testament placent le viol au même rang que le meurtre ; tous deux méritent la peine capitale.

L’inceste : « est la violation des frontières de l’intimité sexuelle par un membre de la famille proche.” Sa caractéristique fondamentale est l’abus de pouvoir qui peut être de nature spirituelle, émotionnelle, sociale et physique ou tous à la fois.

Actuellement ce concept s’est élargi aux parents plus éloignés, baby-sitters, voisins, enseignants, responsables spirituels… Il revêt diverses formes que je ne ferai que citer : la force brutale ; la force subtile ; l’inceste accidentel ; l’inceste « sans attouchement » (lié à une atmosphère incestueuse : conversations équivoques, absence de pudeur, pornographie… p. 61) ; l’inceste d’un beau parent.

Malheureusement il existe aussi l’inceste dans les milieux chrétiens. Dans ce cas, le pasteur ou le responsable « séduit » une femme et en profite jusqu’au jour où cette dernière se rend compte qu’il a fait de même avec beaucoup d’autres si ce n’est avec toutes.

L’expérimentation sexuelle de l’enfant : doit être mentionnée car les chrétiens concernés peuvent se demander s’ils ont été abuseurs ou abusés lorsqu’ils se sont livrés à des jeux sexuels. Une certaine forme de jeux sexuels, d’expérience enfantines, d’exploration – même au sein d’une famille diffèrent de l’inceste – quoiqu’elle ne soit pas sans poser des problèmes – si l’élément principal de ce dernier – le mauvais usage du pouvoir – est absent.

Victime :

– Personne tuée ou blessée, personne qui a péri dans une guerre, une catastrophe, un accident… – Personne ou groupe qui souffre de l’hostilité de quelqu’un, de ses propres agissements, des événements.

– Créature vivante offerte en sacrifice à une divinité.

Survivant : Etre devenu un survivant, c’est être parvenu à gérer un passé d’abusé en ayant eu recours à la créativité. Cette créativité, seule façon de survivre, est une clef de la libération des anciens traumas. « Etre un survivant, c’est avoir des raisons de louer le Seigneur, c’est être toujours vivant, en dépit de tout ce qu’on a subi. » (p. 55)

Stigmatisation : Action de stigmatiser. Stigmate : marque durable que laisse une plaie, une maladie. (Petit Larousse). Les personnes qui en souffrent se sentent différentes des autres et sont convaincues que cela se voit car elles sont comme marquées au fer rouge : « savoir qu’on a été utilisé sexuellement porte un coup mortel à l’estime de soi. » (p. 86)

L’enfant adulte : Adulte avec un corps d’adulte mais une croissance émotionnelle retardée ou autrement dit « des corps d’adulte avec un comportement infantile (incapacité à prendre ses responsabilités et à gérer ses émotions avec maturité) » (p. 75)

Honte : Sentiment pénible provoqué par une faute commise, par une humiliation, par la crainte du déshonneur (Petit Larousse). Profonde douleur de l’âme (Fossum et Mason)

Culpabilité :

1. Fait d’être coupable ; état d’une personne coupable.

2. Sentiment de culpabilité : sentiment d’une personne se jugeant coupable.

Les conséquences du trauma sexuel

Il est important de savoir que personne ne réagit avec la même intensité à une expérience traumatisante. Plusieurs recherches indiquent que ce n’est pas le fait objectif qui détermine l’ampleur du choc mais la réaction subjective de la personne. C’est pour cette raison que la réalisation de l’abus à une date ultérieure peut également être traumatisante : ainsi cette jeune fille abusée à 8 ans qui eut besoin d’aide au début de sa puberté car c’est à cette période seulement qu’elle saisit ce qui s’était réellement passé.

Le trauma de l’inceste aura des conséquences terribles chez un enfant : son développement étant encore incomplet, sa faculté de résistance est limitée. La relation sexuelle fait office de colle : elle lie les gens. Alors que la première relation sexuelle aurait dû être un acte résultant d’un choix d’adulte, elle a eu lieu d’une manière anormale et prématurée. Téo a remarqué que presque tous les homosexuels et lesbiennes qu’il a rencontrés ont été abusés sexuellement dans leur enfance. Il insiste sur ce fait : « Ces enfants n’ont jamais eu l’occasion de choisir librement leur préférence sexuelle. » (p. 57)

Il est courant d’observer chez les enfants abusés des problèmes de comportements qui, selon le chercheur Brière, « devraient plutôt être considérés comme un style de vie créatif provoqué par le besoin de survivre ». (p. 58-59) Une fois bien comprise, « cette créativité peut devenir un outil précieux dans le programme de traitement ». (p. 59)

3. LA CULTURE DE L’ABUS

Téo définit la culture de la manière suivante : « C’est un système cohérent de structures acquises de comportements, d’idées et de résultats caractéristiques d’une société » (p. 66).

La culture est basée sur deux forces : « un ciment social qui unit un groupe de personnes, et une force opposée qui encourage chacun à la diversité » (p. 67).

Un enfant exposé à un environnement abusif va croire que ce qui lui arrive est normal car il n’a pas forcément l’occasion de comparer. Il est confronté au chaos émotionnel, à la carence affective et sociale, au danger de reproduire l’abus et ou de devenir soi-même abuseur. Le chaos émotionnel est dû au puissant lien de type fusionnel créé par les relations sexuelles, lien qui va rendre difficile la séparation d’avec les parents et autres responsables. Le besoin d’indépendance sera ainsi entravé. Des sentiments ambivalents de dégoût et d’attirance rivent l’abusé à son abuseur.

La carence affective est selon Anna Terruwe (psychiatre hollandaise) « le résultat de l’absence de nourriture émotionnelle et d’encouragements, qui mène à l’absence de sentiment de valeur personnelle et à un mauvais développement émotionnel » (p. 68). Ceux qui en souffrent auraient de nombreux problèmes résistant à la psychothérapie classique. La carence sociale est due au fait que la famille se renferme sur elle-même afin d’empêcher les autres de découvrir sa réalité, ce qui la fait vivre en autarcie avec des consignes strictes de discrétion et de silence.

Le secret inavouable soudant cette famille empêche l’enfant de découvrir les valeurs des autres, ce qui a pour effet de renforcer les valeurs parentales. Quant au danger de reproduire l’abus, il est très probable que les abuseurs se méprennent, selon Téo sur le langage corporel et la sexualité naissante des enfants. A mon avis l’abuseur utilisera ce prétexte d’une sexualité naissante comme excuse voire une justification qui le déresponsabilise à ses yeux et aux yeux de son entourage. Le danger de devenir soi-même abuseur pour une victime d’abus sexuels parentaux est réel.

C’est pourquoi il est important de venir en aide aux enfants abusés. Mais comment les reconnaître ? Une fois le voile levé sur l’inceste par les féministes, les personnes abusées se sont mises à parler. Leurs révélations ont mis en évidence des attitudes communes qui ont été répertoriées. Mais ces listes de symptômes présentent des risques : ils ne sont pas spécifiques aux abusés ce qui en nécessite une utilisation prudente.

Voici les 8 points aidant à reconnaître le “pays de l’inceste (p. 70) :

1. Un style de vie de survivant

Les réactions face à l’abus sexuels précoce varient selon le sexe et le caractère introverti ou extraverti de l’enfant. Cependant le sexe ne semble pas être un facteur déterminant pour extérioriser ou refouler sa frustration, Téo se demande jusqu’à quel point cela peut être dû à un conditionnement culturel.

Par contre il fait une distinction entre introvertis et extravertis.

Pour lui l’introverti a une façon « intériorisée », tranquille de traiter les informations. Ils réfléchissent et pensent avant de réagir. Ils se laisseront facilement manipuler. Ils font preuve de répulsion pour tout ce qui est sexuel (ce qui peut se répercuter sur l’intégration scolaire par exemple.) Ils perçoivent leur corps comme un ennemi. En cas de stimulations sexuelles, les réactions normales du corps sont perçues comme des trahisons. (« Mon corps a agi contre ma volonté »)

Les extravertis eux ont besoin de s’épancher et de parler pour réfléchir. Leur tendance est de manipuler. A l’inverse des intro, étant donné que les limites naturelles de la honte ont été transgressées plus tôt, ils ne réalisent plus quand elles sont dépassées à nouveau. Cela peut se traduire par une attitude provocante (émission de signes confus au monde qui l’entoure : vêtements indécents par ex.) Pour Téo, on n’est pas ou l’un ou l’autre, cela peut changer selon le moment ou les circonstances.

Introvertis ou extravertis, les survivants sont confrontés au même problème : ils éprouvent souvent des difficultés à nouer des relations profondes. Les enfants réagissent à leur situation en fonction de deux éléments : l’entourage et leur personnalité. Plus ils sont âgés lorsqu’ils sont confrontés à la souffrance, plus ils s’ingénieront à trouver des moyens pour s’en sortir.

Deux chercheurs (Lazaros et Folklore) ont établi deux façons de gérer la situation en se centrant soit sur le problème, soit sur l’émotion ressentie. Quand l’enfant se concentre sur son problème, il tentera de modifier sa situation (par exemple il se débattra si on veut lui faire une piqûre). Celui qui se concentre sur son émotion essayera d’anticiper l’aboutissement de la situation en exprimant son émotion (pleure, donne des coups de pieds, réclame un bonbon).

Si ces deux méthodes échouent (car la situation est trop intense), un autre mécanisme de survie s’enclenche : le déni avec la création de deux univers distincts : le réel dans lequel survient l’abus qui sera « nié » tel celui de cette orpheline pétillante de vie à l’école mais devenant la deuxième femme de son père adoptif.

L’absence mentale peut aider à assumer la réalité présente et s’épargner de douloureux souvenirs. Il peut s’avérer trop difficile ou fatigant d’entrer dans un monde imaginaire ou encore cette démarche est insuffisante pour venir à bout de sa douleur ; à ce moment le « néant mental » qui se traduit par les yeux fixés dans le vide peut constituer une échappatoire. En tant que conseiller on peut apprendre à discerner assez vite de quelles manières les personnes traumatisées se déconnectent de la réalité.

2. Un style de relation dysfonctionnel

Certaines familles vivent des relations enchevêtrées, le système familial est bloqué et personne ne peut en sortir. Dans une famille dont le fonctionnement est sain, le pouvoir est employé pour le bien de tout le groupe. Dans un équilibre entre l’individualité et la communauté, chacun contribue à l’épanouissement de tous les autres. Pour reprendre la formule de Jésus : diriger veut dire être serviteur. (Marc 10. 44) Un climat de grâce règne dans les familles saines car, lorsqu’un membre chute, est blessé dans une relation ou pèche, chacun est prêt à pardonner aux autres. Selon Téo, « la franchise est un puissant antidote contre les comportements dysfonctionnels où l’apparence compte plus que la réalité. » p.75

3. Une perspective traumatisante de la sexualité

La croissance de l’identité sexuelle d’un enfant prend du temps ; ce processus naturel est cruellement interrompu lors d’inceste. « Il y a une zone floue entre un câlin normal avec des sentiments justes et un attouchement qui suscite la honte », explique Téo (p. 82). A un moment, l’enfant sait que c’est mal mais il est souvent trop tard : intérieurement il est « tué » si l’on peut dire car il est dès lors confronté prématurément à la sexualité des adultes ce qui va déterminer la suite de son développement. Le thermostat, comme une jauge, est bloqué en position négative. L’agression négative et les sentiments sexuels sont liés. Plus tard la personne abusée peut être prise de nausées lorsque son petit ami (pourtant choisi librement) la serrera dans ses bras.



4. Un sentiment exacerbé de méfiance (trahison)

Après le choc de l’abus (non respect des frontières intimes) la personne abusée perd toute confiance dans les adultes. Les introvertis deviennent toujours plus distants, méfiants, timides mais leur crainte de la solitude peut les empêcher de se tenir sur leur garde et les pousser dans des relations malsaines. Les extravertis sont souvent pris pour des rebelles car ils ont tendance à défier ouvertement les représentants de l’autorité. Peut-être est-ce leur façon de pouvoir enfin dire NON, ce qu’ils n’ont pas pu faire dans leur enfance.

5. Un sentiment paralysant d’impuissance

En observant des enfants et des adultes abusés, on peut avoir l’impression qu’ils auraient pu réagir face à leur situation et éviter le pire. MAIS il faut savoir qu’ils sont sous l’emprise de ce sentiment d’impuissance. Les émotions engendrées par la trahison, la menace de la violence, la crainte que quelqu’un découvre qui on est devenu (!), le sentiment intense de honte, la hantise d’être enceinte pour les adolescentes, tout cela augmente ce sentiment d’être impuissant à faire cesser ce qui se passe. De plus,” une impuissance apprise” grandit, nous dit Téo. (p. 84) Quoi que vous fassiez, vous êtes convaincus que rien ne peut modifier la situation. Alors, dans le seul but de survivre, la victime abandonne toute résistance et se plie à tout. Pour éviter le conflit, un enfant peut aussi en venir à imiter l’abuseur en adoptant des traits de son caractère. C’est ainsi que des survivants n’ayant pas pu gérer leur passé reproduisent un comportement criminel.



6. L’impression d’être très différent des autres
(stigmatisation : marqué au fer rouge donc différent des autres)

Selon Finkelhor, « La perspective faussée de la sexualité constitue la différence essentielle entre les conséquences de l’inceste et celles d’autres traumas graves. » (p70) Ce facteur combiné avec la méfiance, la stigmatisation et l’impuissance accentuent les effets nocifs de chaque caractéristique, ce qui engendre deux tendances majeures communes dans la culture des abusés.



7. Un sentiment exacerbé de honte

Téo cite Fossum et Mason qui affirment qu’ »un sentiment de honte exacerbé part du principe qu’on est foncièrement mauvais, inadapté, défectueux, indigne ou incapable d’être un être humain digne de ce nom” (p. 86). Ils font une distinction entre la culpabilité et la honte. Selon eux, « la culpabilité est la réaction de regret la plus mûre, due à un manque de valeurs personnelles. » (p. 86) Selon Téo, « la culpabilité est liée au jugement des autres et de soi-même » (p. 87). Il semble selon l’expérience de Téo que la façon dont les gens réagissent semble être liée à la taille de leur « réservoir de honte ». (p. 86) Téo établit trois types de honte : la honte culturelle, familiale et personnelle. Pour en revenir à la culpabilité, elle est légitime quand elle est basée sur des valeurs bibliques mais elle est fausse lorsque d’autres valeurs jouent un rôle (cf quand Pierre qui mangeait avec des païens quitte la table en hâte lorsque des Juifs légalistes entrent)

8. Un comportement dépendant

Cette honte exacerbée est si difficile à vivre que les abusés vont essayer de l’éviter en trouvant un moyen de s’en soulager ; lorsque quelque chose les apaise, même un court instant, ils en ressentent un énorme soulagement. Pour Fossum et Masson, c’est ce soulagement qui est à la base des comportements dépendants (dépendance du travail, de l’alcool, des médicaments, de la sexualité, pornographie, vol…)

Probablement qu’il y a beaucoup d’autres points permettant d’identifier le « pays de l’inceste » mais Téo nous expose ceux qui lui ont été utiles dans sa pratique pastorale.

BARRIÈRES CULTURELLES ENTRE ABUSÉS ET CONSEILLERS

Pour Téo il est important de traduire les concepts bibliques dans la culture et le langage du cœur des gens. Pour annoncer l’Evangile aux survivants d’abus, il faut comprendre les sentiments profonds que certains concepts, mots et comportements peuvent susciter. Par exemple, une étreinte amicale, très commune entre amis, peut paralyser une victime d’inceste.

Si c’est le père qui est l’auteur de l’abus, l’idée du Dieu Père va susciter un sentiment de répulsion. Pour amener la notion du Père et de Jésus homme, Téo suggère de penser à l’image de la colombe (c’est de cette manière que Dieu s’est manifesté au baptême de Jésus) Téo nous rend attentifs aux formules qui pour nous sont anodines mais peuvent fortement heurter une victime d’inceste, telles « honore tes parents » ou les mots « pardon » et « père » qui, pour eux, sont chargés d’une bien lourde signification.

Ces termes ont besoin d’être reformulés ; il faut trouver un langage imagé qui les touche positivement. Téo nous donne quelques « ancres bibliques » qu’il a relevées dans les écrits de Paul : la grâce, la paix, le « repos en Dieu », l’obéissance (peut être mal interprétée car associée à la soumission), Maranatha, « en Christ », le pardon et « l’unité dans la diversité ».

Paul parle beaucoup de la grâce et de la paix. La grâce est l’expression de la bonté de Dieu, elle ne se gagne pas mais se reçoit. Selon Téo, la relation linguistique entre les mots « grâce » et « rire » peut permettre de traduire « grâce » par « Dieu qui sourit ».

Pour Téo, « la grâce est également liée à la compréhension que nous sommes responsables de notre conduite et que ce que nous faisons a des conséquences. Elle signifie que Jésus a pris sur Lui les conséquences de nos échecs et de nos péchés. Cela rattache la grâce au message de la Croix. » (p. 94) Ce point nous aide à poser un autre regard sur la souffrance. « Dans la grâce il y a place pour le cri du cœur » : « Où était Dieu quand tout cela est arrivé ? »

Pour Téo la grâce est également liée à la résurrection de Jésus en ce que le pouvoir qui a ressuscité Jésus d’entre les morts est à l’œuvre dans nos corps mortels. Le fait que la marque des blessures de Jésus n’a pas disparu après sa résurrection a beaucoup touché Téo en ce qu’il s’est senti rejoint par le christ dans sa souffrance : « Jésus est vivant et Il prie pour nous avec ses mains tendues qui portent encore la marque de ses blessures. Grâce à cela Jésus nous montre sa solidarité à notre égard. » (p. 95)

Cette réalité de la Grâce et de l’amour inconditionnel de Dieu est un secours pour les survivants qui ont perdu confiance en eux, qui savent intellectuellement qu’ils ne sont pas coupables mais qui se sentent nuls. Téo cherche à amener cette notion de « Dieu me sourit » aux abusés plutôt que de leur laver le cerveau pour les débarrasser des mensonges des abuseurs.

Pour en venir à l’obéissance, il faut souligner que la grâce y est étroitement liée. L’obéissance est notre réponse loyale à bonté de Dieu. Ce lien est important à relever car les survivants sont allergiques à ce mot, étant donné qu’en abusant d’eux leur volonté a été brisée. Vu de cette manière, la grâce devient un agent de guérison : Dieu laisse libre de choisir puis nous donne gracieusement la capacité de faire ce que nous avons décidé (p. 95).

L’unité dans la diversité contribue dans une large mesure à guérir les survivants d’abus. Ils savent qu’ils sont différents mais cette différence peut d’un fardeau devenir un avantage : les stratégies de survie qu’ils ont mises en place (la peur de l’abus de pouvoir, le besoin de respecter l’intimité personnelle et l’individualité) sont souvent très précieuses par la suite, une fois qu’ils sont libérés du poids de leur passé incestueux.

Téo développe la notion du pardon de cette manière :

Le conseiller doit être parfaitement au clair avec cette notion du pardon. Il ne s’agit pas de faire pression sur l’abusé pour qu’il laisse son passé derrière lui. L’abuseur peut lui-même avoir utilisé ce terme pour prouver à sa victime à quel point cette dernière est « mauvaise » car elle ne pardonne pas…

Non. Pardonner, dans le Nouveau Testament, a la même racine que « délier, libérer ». Si l’on est sans cesse obnubilé par son abuseur, c’est qu’on est encore lié à lui (on se souvient des relations sexuelles qui font effet de colle). Pour Téo, « se libérer, c’est se concentrer sur l’avenir, sur nos propres choix, même si notre abuseur refuse d’admettre ce qu’il a fait ou minimise l’ampleur de ce qui est arrivé. Les concepts fondamentaux liés au pardon sont la repentance et la confession. » (p. 100)

Toujours pour Téo, « le sujet du pardon ne peut être dissocié de l’enseignement biblique sur la justice. » Un des piliers de cette justice est que toute personne responsable de ses actes doit subir les conséquences de son comportement. Si ce n’est pas le cas, il y a injustice, ce que les abusés supportent très mal lorsqu’ils en sont victimes. Leur ardent désir de justice s’associe avec celui de vengeance, ce qui est un besoin normal. Pour Téo, « la rage est une réaction justifiable face à l’injustice. »

Les survivants d’abus doivent apprendre à « se mettre en colère mais sans pécher » (Ephésiens 4.6) (p. 104)

Selon Téo il y a deux étapes pour vivre le pardon :

1. Vouloir se venger après un abus grave est naturel et biblique et le nier c’est nier la souffrance et la gravité de l’acte abusif. Alors que faire ? Nous avons un autre moyen d’exprimer ce désir de vengeance – que la vengeance elle-même : C’est l’apporter – sans la nier – à Dieu qui fera justice mieux que nous. Il réglera lui-même ses comptes avec celui qui nous a offensés. (Romains 12.19) (p. 105) Cet acte de s’en remettre à Dieu va libérer le survivant non seulement de son désir de vengeance mais aussi de son offenseur car le désir de vengeance lie l’offensé à l’offenseur.

2. Le pardon inclut « le concept de se détourner de ses offenseurs. C’est un aspect important pour entrer dans la guérison du passé. » (p. 105) Il semble que « le problème ne soit pas ce qu’on nous a fait, ni même qui nous l’a fait, mais ce que nous avons ressenti ». (Selon des notes de séminaires) (p. 105)

« Pardonner, dit Téo, c’est choisir avec bon sens de se concentrer sur sa guérison, et non sur la personne qui nous a blessés » (p. 105). Téo précise qu’il est normal d’éprouver de la difficulté à pardonner car seul Dieu peut pardonner. Pour l’homme, « pardonner est surhumain, mais Dieu veut nous transmettre le pouvoir d’apprendre à le faire. La grâce précède l’obéissance ». (p. 105) En d’autres termes, « quand Christ vit en nous, Il peut faire couler son esprit de pardon. » Pour Téo, « apprendre à pardonner est un processus qui commence lorsque nous prions : Dieu, apprends-moi à pardonner. » Selon l’expérience de Téo, les survivants d’abus pour qui ces notions de vengeance, justice et de pardon sont acquises détourneront plus facilement leur attention de l’abuseur et ainsi seront libérés du lien qui les rattachaient à lui. _____________

Le terme d’abus me gène toujours. Un peu chrétien de permettre un peu quelque part.

Un abus d’alcool est une permission dont on a abusé et peut entrainer des condamnations en délit.

Un abus d’enfant n’existe pas. Il s’agit d’agression et cela devient criminel.