9/ Recueillir le témoignage d’un enfant, lors du dépôt de plainte pour agressions sexuelles par Victor Simon

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Se rendre, accompagné de la victime, dans un commissariat de police ou une gendarmerie, afin de signaler l’agression (nous employons ici les termes juridiques, puisqu’il s’agit d’une agression sexuelle). Les policiers et gendarmes sont désormais formés à la gestion de ce cas de figure et savent enregistrer ce type de témoignage avec le respect et la pudeur indispensables.
Ils avisent immédiatement la brigade des Mineurs, où l’on possède une formation spécifique pour ces questions, et au sein de laquelle policiers, psychologues, magistrats et intervenants sociaux se côtoient régulièrement. Le plus souvent, on utilise la vidéo pour enregistrer le témoignage qui sera ensuite transmis à la justice, évitant ainsi de « revictimer » l’enfant par la répétition d’interrogatoires douloureux qui réactivent à chaque fois sa souffrance.
L’intérêt de la vidéo est majeur pour une autre raison : elle évite les distorsions que les interrogatoires multiples pourraient engendrer. En effet, pour un jeune enfant, le fait qu’un adulte l’écoute, croie a priori ce qu’il dit, lui pose des questions à la suite de ce qu’il raconte, peut lui permettre d’imaginer que ce qu’il affirme est vrai. Il auto-valide ses propos et, en conséquence, peut créer des faux souvenirs au fur et à mesure des interrogatoires successifs, ces faux souvenirs étant générés involontairement par le questionnement de l’adulte.
L’enregistrement vidéo permet d’éviter la création de faux souvenirs et rend inattaquable la révélation faite dans un cadre sécurisé, avec la participation de professionnels formés à cette approche.

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Autres billets sur le livre Abus sexuel sur mineur par Victor Simon
1/ Abus sexuel sur mineur
2/ Abus sexuel sur mineur : Ce livre est un cri !
3/ « se faire violer » au profit « d’être violée »
4/ Après un viols par inceste un trouble de la construction de la réalité et du monde environnant : Qui croire ?
5/ Les signes fréquents du refoulement après des viols par inceste
6/ De la spécificité du Syndrome Post-Abus Sexuel (SPAS)
7/ L’agresseur et ses stratégies
8/ Le ressenti de l’agresseur au moment des faits
10/ Les lettres réparatrices

Aucune thérapie ne serait possible… par Kieser-I

Si vous n’êtes pas inscrit sur facebook, cette parole d’un rescapé suffira. Elle n’est en rien exceptionnelle, on l’entend souvent, trop souvent. Elle est même véhiculée par des cliniciens. Je l’ai toujours dénoncée comme un grave préjugé.

Voilà un préjugé spécifique directement issu de l’archaïsme freudien. S’il s’agit de permettre un rétablissement de l’identité, de permettre une vie où les tourments de la peur, de la culpabilité, de la honte de soi, etc. deviendraient de lointains bruits de fond, alors oui, une thérapie est possible.
Il y a une progression à respecter, des étapes mais la guérison au sens médical : cautériser la blessure, consolider la guérison, est possible. « Accepter » est une mystification directement liée à la pensée chrétienne de la souffrance comme moyen de maturation que la vieille psychanalyse a reprise à son compte et le public français est encore largement abreuvé de ces mystifications. « Accepter », c’est cela la condamnation à perpétuité, dans cette acceptation d’une blessure qui ne se refermerait jamais, il y a, explicitement, la victoire du prédateur qui est d’abord un manipulateur.
Le plus souvent, c’est sa manière à lui, entretenue par une société largement aveugle donc complice, de perpétuer le lien morbide qui hante la victime des années durant.
Une thérapie, c’est d’abord casser ce lien pour, ensuite, permettre la construction d’une identité propre, à l’abri de cette influence morbide. Et si l’on croit que celle-ci disparaît avec la distance et le temps, on se trompe et si l’on veut en inculquer la certitude, on commet une imposture terrible. La contamination psychique demeure tant qu’il ne se trouve personne pour en défaire la trame et les pièges.
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