5/ Hommage à la documentariste Carole Roussopoulos aux 12e Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM)

Hommage à la documentariste Carole Roussopoulos aux 12e Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM)
Correspondante : Rencontres internationales du documentaire de Montréal
Publié le : 11/11/2009 à 21h21
Catégorie : Actualités – International
À l’annonce du décès de la cinéaste militante Carole Roussopoulos, cofondatrice, avec Delphine Seyrig et Ioana Wieder, du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir à Paris, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) organisent un hommage spécial à celle qui disait : « Ma caméra est là pour ceux qui ont juste le droit de se la boucler ».
Cette cinéaste, née à Lauzanne (Suisse) en 1945, mettait depuis 1969 sa caméra au service de la condition des femmes. Dans le Paris en ébullition de 1968, elle s’engage d’abord résolument dans les luttes sociales de l’époque, et en plus du débat féministe, elle donne la parole aux homosexuels ou aux ouvrières d’usine. Dans les années 1970, elle crée le collectif Vidéo Out. Elle filme alors des personnes touchées par les violences les plus taboues, de l’inceste au viol conjugal, et jusqu’aux victimes de l’excision en Suisse. Avant son retour en Suisse en 1995, elle passera les dernières années de son séjour parisien à diriger le cinéma d’art et d’essai L’entrepôt, créé sous l’impulsion de Frédéric Mitterrand.
Elle est décédée des suites d’un cancer, jeudi le 22 octobre, à Molignon dans son Valais natal qu’elle avait rejoint avec son mari depuis une douzaine d’années. Le 9 octobre dernier, le Valais lui remettait un Prix culturel pour l’ensemble de son oeuvre, riche de quelque 120 films. L’an dernier, le festival Visions du réel à Nyon, lui rendait un hommage avec une rétrospective de ses principales oeuvres.
La séance hommage aura lieu le mercredi 18 novembre, 14h30, à la salle Fernand-Seguin de la Cinémathèque québécoise, au 335 boulevard de Maisonneuve Est, dans le cadre des 12es RIDM. En présence de Catherine Goupil, cinéaste et critique, et avec la collaboration de Réalisatrices équitables et de FCTNM. Billets en vente à la Billetterie Articulée, 514-712-2335 ou 1 866 844-2172.
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4/ Documentariste – le Monde – 28 octobre 2009
6/ Soirée d’hommage à Carole Roussopoulos – 22 janvier 2010
7/ Le beau vice : Carole Roussopoulos, la vidéo « out » par Elisabeth Lebovici

3 juin 2010 – Gaillac : film et débat sur l’inceste après le film : La conspiration des oreilles bouchées

4/ Carole Roussopoulos, documentariste – Le Monde – 28 ocobre 2009

> LE MONDE | 28.10.09 | 16h17 • Mis à jour le 28.10.09 | 16h18

Auteure de plus de 120 films documentaires, Carole Roussopoulos est morte, le 22 octobre dans le Valais (Suisse), d’un cancer, à l’âge de 64 ans. Née Carole de Kalbermatten le 25 mai 1945 à Lausanne, elle s’est installée à Paris en 1967. Elle travaille d’abord pour le magazine Vogue. Licenciée, elle achète avec ses indemnités l’une des premières caméras vidéo portables vendues en France. Avec son compagnon Paul Roussopoulos, physicien et peintre réfugié de la Grèce des colonels, elle fonde, en 1971, le collectif de vidéo militante, Vidéo Out.

Ses premières images sont consacrées aux Palestiniens bombardés sur ordre du roi Hussein de Jordanie lors de Septembre noir, qu’elle est allée filmer avec l’écrivain Jean Genet et le représentant de l’OLP à Paris, Mahmoud El-Hamchari. Puis, dans le courant de la contestation culturelle issu de Mai 68, elle accompagne les luttes des opprimé(e)s et des exclu(e)s : luttes ouvrières (Flins, Lip), anti-impérialistes (Black Panthers, mouvements de libération), homosexuelles et féministes.

Elle est aux côtés des pionnières du MLF, combat caméra au poing en faveur de l’avortement et de la contraception libre et gratuite (Y’a qu’à pas baiser), recueille le témoignage de femmes violées, soutient la mobilisation des prostituées de Lyon en 1975, les insurgées de Chypre et de l’Espagne franquiste ou du Mali. Les titres de ses films sont éloquents : L’Inceste, la conspiration des oreilles bouchées (1988), Viol conjugal, viol à domicile (2003), Femmes mutilées, plus jamais (2008)…

« Casser les clichés »

SCUM Manifesto (1976) donne écho au livre de Valérie Solanas, intellectuelle féministe américaine qui avait été violée par son père. La militante communiste des droits de l’homme Angela Davies lui inspire l’un de ses premiers films. Auteure de portraits de l’historienne du cinéma allemande Lotte Eisner, de Ruth Fayon Simone de Beauvoir, de l’actrice Delphine Seyrig (avec laquelle elle avait fondé, en 1982, le Centre audiovisuel Simone-de-Beauvoir), Carole Roussopoulos conjuguait énergie et dialogue, détermination et goût de la fête. (survivante d’Auschwitz), de l’écrivaine

En complicité avec ses amies Delphine Seyrig, Iona Wieder et Nadja Ringart (coauteur avec elle de Maso et Miso vont en bateau, 1976), elle avait inventé le terme d' »insoumuses ». Avant la création du collectif de distribution Mon Œil, en 1975, elle diffusait ses bandes-vidéo sur les marchés avec la chanteuse Brigitte Fontaine et l’accordéoniste Julie Dassin. Grande, souriante, dotée d’une crinière à mèches blanches, elle avait la volonté de « faire comprendre que c’est un grand bonheur et une grande rigolade de se battre ! Nous avons toutes à gagner de lever la tête, tout le monde, tous les opprimés de la terre ».

Ce qui l’intéressait, c’était le quotidien, la parole qui se libère, sans contrôle des médias, sans experts. Elle était persuadée que « l’image appartient aux personnes filmées, et non à ceux qui filment ». Entre 1986 et 1994, elle avait dirigé et animé le cinéma d’art et d’essai L’Entrepôt, dans le 14e arrondissement de Paris, créé par Frédéric Mitterrand. Revenue en Suisse en 1995, elle n’avait jamais cessé ses interventions féministes ou sociales. Elle avait le souci que le féminisme ne devienne pas un enjeu d’anciennes combattantes « en chaise roulante », tenait à militer avec des jeunes et des hommes…

« Le rôle des images dans la transmission est décisif, elles permettent de casser les clichés », expliquait-elle à propos de son long métrage Debout ! Une histoire du Mouvement de libération des femmes (1970-1980). Inlassable, elle s’était engagée dans l’association Archives du féminisme. Honorée ces dernières années dans les festivals de La Rochelle, Nyon, Trieste, à la Tate Modern de Londres, en Turquie et au Québec, elle avait reçu en 2004 l’hommage de la Cinémathèque française.

Jean-Luc Douin

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