Il décrit trois stéréotypes victimaires d’une pertinence clinique rare. Le premier est un état de crise qui déstabilise les rapports sociaux : la stérilité qui s’est abattue sur Thèbes par exemple. Le deuxième est la désignation d’un bouc émissaire accusé d’un crime considérée comme étant responsable de la crise par un lien de causalité magique : Œdipe a commis l’inceste et le parricide ; lors des épidémies de peste, on désignait les juifs accusés d’empoisonner les puits ou les vampires dont on déterrait les corps. La vérité est bafouée au profit de l’énormité de l’accusation : le capitaine Dreyfus est un traître ! Le troisième stéréotype concerne certains signes victimaires faciles à identifier, lesquels sont une monstruosité physique ou morale, réelle ou supposée: Œdipe est un immigré boiteux ; les juifs ont le nez crochu ; les sorcières entretiennent des relations diaboliques, etc.
René Girard décrit le processus de désignation qu’utilise le système agresseur
René Noël Théophile Girard, né à Avignon le 25 décembre 1923, est un philosophe français, membre de l’Académie française depuis 2005. Ancien élève de l’École des chartes et professeur émérite de littérature comparée à l’université Stanford et à l’Université Duke aux États-Unis, il est l’inventeur de la théorie mimétique qui, à partir de la découverte du caractère mimétique du désir, a jeté les bases d’une nouvelle anthropologie. Il se définit lui-même comme un anthropologue de la violence et du religieux.