1/ J’ai vécu l’inceste par Christiane Berville

Les petites fleurs ne meurent jamais – J’ai vécu l’inceste
Christiane Berville

Broché
Paru le : 01/01/2008

Editeur : Ourania

Collection : Rencontre

ISBN : 978-2-940335-26-8

EAN : 9782940335268

Poids : 185 g

Extrait
Et là, je n’étais plus dans mon corps. Ma tête s’est détachée, et je suis partie sur le nuage en cœur d’amour. Je ne savais pas où j’étais. On aurait dit que j’allais étouffer. Et, pendant ces horribles moments, j’aurais voulu me tuer. J’avais – presque – cinq ans.

La princesse venait de mourir, sa vie d’enfant venait de voler en éclats, elle a basculé dans l’horreur.
– Ma princesse, c’est un grand secret. Personne ne doit savoir. Tu es une grande fille maintenant… Et tu sais que papa t’aime…
Je ne saurais dire la fréquence de ces abus. Le temps pour moi s’est arrêté. Le temps n’existait plus. La princesse a perdu son innocence, brisée au seuil de sa vie par la perversité de celui auquel elle vouait une totale confiance, une affection sans borne. Ses éclats de rire se sont tus. Ses yeux espiègles et rieurs se sont remplis de larmes et d’effroi.
– Personne ne doit savoir, princesse, personne, c’est un vrai secret de grand.
Elle était liée à ce père assassin. Souillée dans son corps, abîmée par les sévices. Femme à cinq ans, la princesse ne rêvait plus. Elle était devenue fragile, résignée, pleurnicheuse.
Et puis, un jour, son père, son héros, la police l’a emmené.
Papa… mon papa… Son regard… Non, c’est pas moi. J’ai rien dit… Papa…
Et puis, la princesse a quitté son palais.
C’était un autre printemps, j’avais presque six ans.
Contenu
Elle l’aimait tant, son papa ! C’était son héros, celui qui savait tout, qui la protégeait, qui savait la faire rire. Il l’appelait « ma princesse ». Ses frères et sœurs disaient qu’elle était « la chouchou du paternel ». Peu lui importait, elle était bien dans les bras de son papa. Que pouvait-i
l lui arriver ? Et puis, un jour, la princesse est morte de l’intérieur : son papa l’a « trop aimée ».
Victime d’inceste à l’âge de 5 ans, l’auteur raconte avec pudeur, dans un style à la fois direct et sobre, le traumatisme de son enfance ainsi que le long processus de guérison qui lui permet aujourd’hui de témoigner de son vécu à l’intention de tous ceux qui, comme elle, sont touchés par l’abus sexuel.

L’auteur
Christiane Berville est mariée ; elle est mère de deux garçons et a un petit-fils. Ell
e poursuit une formation dans le domaine de l’aide aux personnes abusées sexuellement. Elle donne des conférences sur la maltraitance sexuelle et la prévention. Son passé et sa guérison lui servent aujourd’hui à aider les personnes qui ont subi les mêmes souffrances.
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Autres billets sur Les petites fleurs ne meurent jamais
2/ Re Vivre après l’Inceste Du 25 au 26 avril 2009

IV/ Fantasmes dans Le Voyeur d’Alain Robbe-Grillet

Page 136

Le sujet intéresse apparemment beaucoup l’auteur qui, dès Le Voyeur, le met au centre du récit tout en gardant l’ambiguïté sur sa véritable réalisation, propre d’ailleurs au fantasme. On ne sait pas si le viol a vraiment eu lieu, mais Mathias tient entre ses mains la coupure du journal qui raconte le fait divers de Violette, la fillette qui a probablement été violée et dont le nom est la mise en abyme de son destin.

Il n’est pas exclu que Robbe-Grillet se soit inspiré pour cette scène de Sartre. Malgré son attitude ambivalente à l’égard de l’existentialisme, il a toujours affirmé son admiration pour La Nausée. Roquentin achète un journal où il lit le fait divers concernant le viol d’une petite fille dont le corps a été retrouvé. Elle a été violée et étranglée. « Un doux désir sanglant de viol me prend par-derrière [ … ] » (p. 144), avoue le personnage dans un état de dédoublement où il parvient à se confondre avec le violeur. Emporté par des sensations exacerbées il recompose l’acte sexuel comme un moyen pour toucher à l’existence de l’autre.

…/…

Évidemment, les générateurs du récit peuvent être des fantasmes. La modernité suppose que le « bon » personnage de roman soit double, ce caractère révélant la contradiction insoluble inhérente au monde moderne. Le personnage moderne se dédouble pour entrer en lutte avec lui-même. Il se propose de subvertir le réel par des perversions érotiques qui s’inscrivent dans l’esprit moderne. D’où cet éclatement du narrateur en plusieurs instances narratives traduites sous différents noms et pronoms personnels. Cette « désidentification » du récit le renvoie dans le domaine du rêve, mais le déresponsabilise en même temps.


Dossier de presse Les Gommes et Le Voyeur d’Alain Robbe-Grillet (1953-1956)

Poche – Broché

Paru le : 03/11/2005

Editeur : 10/18

Collection : domaine français

ISBN : 2-264-04174-9

EAN : 9782264041746

Nb. de pages : 305 pages

Poids : 210 g

Dimensions : 11cm x 18cm x 2cm

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Autres billets sur le livre de Rennie Yotova

I/ Ecrire le viol
II/ Le viol
III/ Fantasmes de viol dans la littérature
V/ Que devient un corps violé ?

*/ Le pardon

**/ L’indicible du viol

***/ Viol et violence à travers Virginie Despentes
****/ Métaphorique du viol chez Robbe-Grillet en l’associant à l’acte de l’écriture
*****/ Le viol de Magritte par Rennie Yotova
***** L’écriture peut donner un sens au viol par Rennie Yotova