Livre – Fatiha Boudjahlat : Féminisme le grand détournement

Fatiha Boudjahlat : « Les néo-féministes sont les idiotes utiles des indigénistes »
Par 
Publié le 27/10/2017
Féminisme le grand détournement
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Dans un premier livre salutaire, Le Grand détournement, Fatiha Boudjahlat montre comment les communautaristes de toutes obédiences ont dévoyé les idéaux du féminisme, de la tolérance ou de la République. En exclusivité, la jeune essayiste répond aux questions du FigaroVox.


Fatiha Boudjahlat est cofondatrice avec Céline Pina du mouvement Viv(r)e la République. Elle est aussi l’auteur de l’essai à paraître le 3 novembre aux éditions du Cerf: Féminisme, tolérance, culture: Le grand détournement.


Le 8e numéro de “La Revue du crieur” dresse un portrait sans concession d’Elisabeth Badinter, l’accusant de faire la promotion d’« un universalisme blanc pour le riches » ? Que cela vous inspire-t-il ?

Fatiha Boudjahlat : Je serai curieuse de voir la photo de la rédaction de ce média d’opinion. Je ne serais guère surprise d’y voir à l’œuvre des blancs refusant l’universalisme aux non blancs au nom d’une prétendue générosité pleine de misérabilisme et condescendance. Il me semble qu’Elisabeth Badinter défend des valeurs universelles avec la même exigence pour toutes et tous, quelque soit le revenu, et quelque soit l’épiderme. Je me sens plus respectée par elle en tant que son égale, que par des militants comme ceux de la Revue du Crieur qui dans les faits entérinent le fait que ce qui est bon pour eux, pour leurs sœurs, leurs femmes, leurs filles ne l’est pas pour moi.

Le féminisme est-il en train d’être dévoyé ?

Sans aucun doute. Et c’est autant le résultat d’activistes politiques que d’universitaires dogmatiques. Quand Judith Butler explique que les femmes afghanes ne doivent pas se délester de leurs burqas grillagées, pour ne pas prêter leur concours à l’impérialisme américain, je vois une grande bourgeoise blanche américaine dans le confort de son bureau, qui livre pieds et poings liés ces femmes à leur sort. Ce nouveau féminisme racialiste combat le patriarcat blanc, mais valide son pendant oriental. Il se réduit alors à un combat pour que les femmes non-blanches, puisque l’ethnie est déterminante, puissent obtenir le maximum de ce qu’elles peuvent espérer dans les limites du cadre mental, culturel, juridique que les hommes de leur communauté religieuse auront fixées. Ce féminisme est parfaitement décrit par Houria Bouteldja quand elle écrit: « J’appartiens, à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam. J’appartiens à mon histoire et si Dieu veut, j’appartiendrai à ma descendance. » Elle écrivait avant : « Nous [les femmes] appartenons à notre communauté et nous l’assurons de notre loyauté. » En tant que femme et en tant que féministe, je n’appartiens à personne. C’est le B-A BA du féminisme. Celui-ci est détourné de façon à ce que les femmes non-blanches occupent la place que les hommes de la communauté leur assignent. Interrogeons nous sur cette indignation à géométrie variable. De tels propos tenus par des blancs feraient hurler ces féministes relativistes qui pourtant restent bien silencieuses quand ils sont tenus par des femmes non-blanches. Par respect de la diversité ? Par grandeur d’âme ? Par esprit de tolérance ? Ou parce que trotte dans leurs esprits une conception misérabiliste du bon sauvage : « C’est comme cela que ces gens-là fonctionnent. C’est un passage obligé pour ces gens-là qui ne sont pas encore entrés dans la modernité. » Ce sont pourtant des femmes nées et scolarisées en France.

Pour lire l’article, cliquez sur la couv du livre

Livre – L’inceste – Peut-on s’en remettre ?

L’inceste – Peut-on s’en remettre ?
Jean-Claude Maes
Academia
Pixels
SOCIOLOGIE SEXUALITÉ TÉMOIGNAGE, AUTOBIOGRAPHIE, RÉCIT
Broché
ISBN : 978-2-8061-0357-4 • septembre 2017 • 147 pages
EAN13 : 9782806103574
EAN PDF : 9782806109118
L’inceste et un double crime, crime sexuel contre l’enfance et crime affectif contre la famille. Jean-Claude Maes s’appuie sur un grand nombre de thérapies de personnes victimes d’inceste pour proposer de cette problématique une approche originale, qu’il développe en trois grandes parties : la victime, les motivations du coupable et la question de la réparation.

Pour acquérir le livre, cliquez sur la couv

S’appuyant sur une importante clinique de l’inceste, l’auteur de cet ouvrage affirme que le crime sexuel, si gravissime soit-il, est pourtant l’arbre qui cache la forêt du crime contre la famille. Il l’observe très concrètement à travers le vécu de ses patients qui, des années après que le crime sexuel ait cessé, continuent à souffrir au présent des dysfonctionnements de leur famille d’origine. Car l’inceste, bien avant d’avoir commencé à détruire l’enfance de la victime et bien après avoir perdu toute emprise sur son corps, est une attaque continue des liens familiaux. Très concrètement, on observe que le dépôt d’une plainte déclenche une levée de boucliers de l’entourage, voire des attaques en règle, dont l’anticipation intuitive pourrait expliquer pourquoi les victimes, bien souvent, ne se décident à dénoncer les faits que bien des années au-delà du délai de prescription.


Jean-Claude Maes

Jean-Claude Maes est psychologue, psychothérapeute adultes-couples-familles au Centre de Consultations et de Planning Familial Marconi (Bruxelles), président fondateur de SOS-Sectes et directeur scientifique des Colloques belges d’aide aux victimes de sectes. Il exerce en outre des activités de formation et de supervision en aide aux seniors et en thérapie familiale systémique.
Il appartient au Conseil Scientifique de l’IFAC (Institut Fédératif des Addictions Comportementales).
Enfin, il vient de commencer une thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication, sur le thème « Sémiotique du lien amoureux à travers l’œuvre de Shakespeare ».