L’inceste: entre aversion et rationalité sur Le post

Publié par hommelibre
23/01/2011
Dans le débat sur la dépénalisation éventuel de l’inceste entre adultes consentants en Suisse, une réflexion très intéressante est engagée. Ce thème touche quelque chose d’essentiel dans l’organisation des sociétés et de leurs règles fondamentales.
On peut mettre face à face deux positions totalement antinomiques, à laquelle s’ajoutent deux points de vue.
L’anthropologie
La première position est anthropologique, telle que théorisée par Claude Levi-Strauss en 1947. Selon lui les premiers représentants de ce qui allait devenir l’humanité étaient peu nombreux. La lutte pour la survie dominait toute autre considération. Les clans, petits et fragiles à cause du faible nombre, et pouvant subir une fragilisation encore plus grande du fait des conséquences négatives de la consanguinité sur les enfants, étaient appelés à s’agrandir.

Une manière de s’agrandir était de former des alliances. La mixité inter-clans a été selon l’anthropologue la base des alliances qui ont rapproché les clans et ont assuré la survie de l’espèce. Il ajoute que par ces alliances l’humanité passait du stade de la nature – soit de la seule pulsion sexuelle, jusque là nécessaire à la reproduction et donc à la survie – à la culture: la réflexion sur le meilleur moyen de survivre et se développer, dût-on pour cela freiner ou encadrer les pulsions et les instincts.
Cette vision anthropologique est également soutenue en France par le pédiatre Aldo Naouri. Selon lui la sanction pénale agit comme un garde-fou et une dissuasion. La notion d’adultes consentant est ici subordonnée à la construction même des sociétés humaines. Toucher au tabou de l’inceste entre adultes consentants serait de nature à saborder le mur de soutènement de notre culture.
La liberté et la loi
Soutenue entre autres par Ruwen Ogien, la position juridique libérale issue des Lumières part d’un point de vue très différent. Pour lui la loi pénale doit sanctionner des crimes où il y a une victime clairement identifiable. Or dans un inceste entre adultes consentants il n’y a pas de victime, puisqu’il y a consentement.
Pour lire la suite du billet, cliquez sur le logo du Post

« L’inceste repose souvent sur une prise de pouvoir » swissinfo.ch

21. janvier 2011
Par Jean-Michel Berthoud

Dans le cadre de la révision du droit pénal et de la procédure d’harmonisation des peines, le gouvernement souhaite lever l’interdiction de l’inceste. Un projet qui suscite une vague d’indignation et d’incompréhension, notamment parmi les partis politiques bourgeois. Un expert en génétique des populations relativise le problème.
La dépénalisation de l’inceste (qui vise uniquement l’acte sexuel entre parents proches, adultes et consentants) échauffe les esprits. La question dépasse le cadre juridique du droit pénal et touche à un interdit de nature sexuelle, profondément ancré dans notre culture. Les opposants à la levée de l’interdiction font valoir que, sans les barrières érigées contre l’inceste, l’évolution humaine n’aurait pas suivi le même développement.

De son côté, le gouvernement défend son projet en relevant que l’inceste a perdu de sa signification. Des statistiques montrent que seuls trois à quatre jugements pour inceste ont été prononcés par année, entre 1984 et 2007.

Décryptage avec Homayoun Bagheri, professeur de génétique des populations auprès de l’Institut de biologie de l’évolution et des sciences de l’environnement de l’université de Zurich.
Pour lire l’article, cliquez sur le logo de swissinfo.ch