Inceste dans le code pénal : comment les parlementaires en viennent à l’inflation législative

Par Maitre Michele Fourtanier le 17/02/09


A l’occasion du rapport de la députée UMP Marise-Louis Fort, on voit resurgir la proposition d’« inscrire l’inceste dans le Code pénal ». La proposition n’est pas nouvelle, tout comme l’argument : l’inceste ne serait pas réprimé en tant que tel, mais compris dans un tout avec les viols et agressions sexuelles.

La non pénalisation spécifique de l’inceste est pourtant loin de garantir son impunité :
• Si l’acte sexuel est consenti, sur un enfant de moins de 15 ans, l’incrimination d’atteinte sexuelle sur mineur de 15 ans prévu par l’article 227-25 du Code pénal est applicable, et sur un mineur de 15 ans ou plus, l’article 227-27 du même code réprime les atteintes sexuelles commises par les ascendants. Dans l’hypothèse où l’auteur des atteintes est titulaire de l’autorité parentale, l’article 227-28-2 impose au juge de se prononcer sur le retrait total ou partiel de cette autorité ;
• Si l’acte sexuel n’est pas consenti, celles d’agression sexuelle (article 222-27) et de viol (article 222-23) trouvent à s’appliquer, d’autant que le fait que ces infractions soient commises par un ascendant est un circonstance aggravante (respectivement 222-28 et 222-24). Si l’auteur du viol ou de l’agression sexuelle détenait l’autorité parentale sur la victime, l’article 222-31-1 du même code impose au juge de statuer sur le retrait total ou partiel de cette autorité.

Qu’apporterait dès lors l’inscription de l’inceste dans le Code pénal ? Une reconnaissance symbolique de ce qu’ont subi les victimes d’inceste non consenti ? On peut penser que cette reconnaissance de la qualité de victime est déjà assurée par une condamnation au titre d’une des infractions précitées. Une pénalisation systématique de l’inceste, y compris entre majeurs consentants ? On peut s’interroger sur la légitimité d’une telle disposition, alors qu’existent déjà des sanctions civiles (empêchement à mariage, interdiction d’établir le lien de filiation) et sur sa conventionalité au regard de l’article 8 de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales qui garantit le droit à la vie privée familiale.
Au final, regrettons :
• que nos députés continuent à penser que la création d’une infraction spécifique de plus permettrait de régler un comportement quand ce comportement est déjà réprimé par le droit existant,
• que nos parlementaires continuent à produire des lois de communication ,
quand des questions bien réelles, comme la situation dans les prisons et lieux de détention, pourraient utilement bénéficier de leur attention.

"La reconstruction des victimes ne peut être faite sans une reconnaissance de l’inceste" par Emilie Cailleau

Emilie Cailleau,
publié le 28/01/2009

La députée Marie-Louise Fort, chargée par Jean-François Copé d’une mission sur l’inceste, présentait ce mercredi matin les conclusions de son rapport.
Entretien.

Un sondage Ipsos* réalisé les 16 et 17 janvier dernier (lire notre article) révèle que 3% des Français – et 5% des femmes – déclarent avoir été victimes d’inceste. Est-il facile d’évaluer ce phénomène ?

Malheureusement non. J’ai accepté la mission confiée par Jean-François Copé car j’avais eu connaissance d’un cas d’inceste dans ma circonscription quelques années auparavant. Une de mes premières tâches a consisté à chercher des statistiques en France. Mais il n’en existe pas. On constate que contrairement à d’autres pays d’Europe, la France ne dispose d’aucune étude sérieuse en France sur l’inceste. Le sondage Ipsos que vous mentionnez n’est donc qu’une indication de l’importance du phénomène et non des statistiques.

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bernard – 30/01/2009

Merci iconoclaste d’expliquer l’inceste ! Et bien oui l’inceste va bien au delà de la notion du viol… d’ailleurs qui à une définition claire et juridique de ce mot ? car il semble que cela varie d’une juridiction à l’autre ! Dans l’inceste il y a l’emprise de l’adulte sur l’enfant qui est enfermé dans un filet affectif car il cherche malgré tout à être aimé de son abuseur !

Dans l’inceste il y a la torture répété : quand l’enfant sait qu’il va passer à la casserole dans quelques minutes, la terreur qu’il peut ressentir n’a pas de nom ! connaissez vous les conséquence de cette terreur ? c’est un appel à mourir comme seule délivrance.

Dans l’inceste il y a culpabilité car la victime va se sentir coupable de la faute pour protéger son agresseur car il cherche son amour… Imaginer la culpabilité si en plus la victime à ressenti son corps réagir, s’il y a eu un orgasme ! L’inceste c’est découvrir parfois des années après, quand l’enfant devient adulte, l’interdit des gestes subits, la culpabilité de ses gestes ! l’inceste c’est en vouloir à son corps d’avoir été une proie trop facile, c’est l’automutilation, c’est parfois la prostitution, souvent les conduites addictives.. la défonce pour faire payer à ce corps !

Viol ou pas viol, pénétration sexuelle ou non, là ne doit pas être le débat de l’inceste, l’inceste c’est bien plus vaste, bien plus grave, c’est souvent obliger sa victime à se tuer elle même !

bernard (webmaster http://www.sos-inceste-pour-revivre.org)

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sophie avocat – 28/01/2009

Affirmer, comme vous le faites dans l’encart ci-dessus, que l’inceste n’est pas considéré comme un crime et réducteur ne rend pas compte de la réalité juridique. Selon la nature des faits, l’inceste constitue un délit ou un crime (le viol est toujours un crime) et le Code Pénal qualifie de circonstance aggravante le fait ces crimes ou délits soient commis par des ascendants ou des personnes ayant autorité. la conséquence est que le viol incestueux doit être puni plus sévèrement qu’un viol non incestueux. Le Code pénal punit donc déjà l’inceste.