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L’idée de te tendre à elle me gênait. De ce geste par avance je me sentais coupable, puisque j’aurais en l’accomplissant l’impression de subir encore son emprise. C’est compliqué, mon fils. Te tendre à elle, c’était lui tendre la partie la plus précieuse de moi-même. Du fond de ma mémoire remontaient des épouvantes, des gargouillis, des souvenirs racontés par elle dans lesquels j’aurais bien été incapable de voir clair, puisqu’ils avaient creusé en moi des fondrières. Tu sortais d’une terre ravagée, que tel un phénix tu illuminais, alors te tendre à celle qui, les yeux ouverts et bien maquillés, m’avait sans ciller regardée m’embourber, participant ainsi à mon enlisement, cet acte, dis-moi, n’était-il pas encore une fois preuve de soumission? Les amis disent, je les entends qui disent qu’ils soient psys ou pas: il faudrait te défaire de son emprise. Ils ont beau jeu. Mais comment se défaire d’une abstraction ? J’aurais bien voulu les y voir mes conseilleurs ! Car, pour si incroyable que cela paraisse, c’est ainsi que je percevais ma mère, elle, pourtant si concrète, réelle, jusqu’à l’outrance.
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