Film – The Ballad of Jack & Rose de Rebecca Miller

Titre : The Ballad of Jack and Rose Réalisation :
Rebecca Miller
Scénario :
Rebecca Miller
Production : Lemore Syvan, Melissa Marr, Caroline Kaplan, Graham King et Jonathan Sehring Sociétés de production : Elevation Filmworks, IFC Productions et Initial Entertainment Group Distribution : France France : TFM Distribution Musique : Michael Rohatyn
Photographie :
Ellen Kuras Montage : Sabine Hoffmann
Décors :
Mark Ricker Costumes : Jennifer von Mayrhauser
Pays d’origine :
États-Unis États-Unis
Format : Couleurs –
1,85:1Dolby Digital16 mm
Budget : 1,5 million de dollars

Genre : Drame
Durée : 112 minutes
Dates de sortie :
23 janvier 2005 (festival de Sundance),
25 mars 2005 (États-Unis),
15 février 2006 (France)
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Prix du meilleur second rôle féminin pour Catherine Keener, lors des
Boston Society of Film Critics Awards en 2005.
Nomination au Grand Prix Spécial, lors du Festival du cinéma américain de Deauville en 2005. Nomination au prix de la meilleure performance pour Camilla Belle, lors des Gotham Awards en 2005. Prix du meilleur second rôle féminin pour Catherine Keener, lors des Los Angeles Film Critics Association Awards en 2005.
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Par Jean-Luc Douin
Le tabou de l’inceste
The Ballad of Jack and Rose dépeint aussi l’apprentissage d’un deuil inexorable. « Pourquoi les gens veulent-ils tout enlaidir ? », lâche Rose, « la zarbi« . Elle ne parle pas seulement des dégradations sociales et géographiques. C’est bien au tabou de l’inceste que s’attaque Rebecca Miller, avec beaucoup de délicatesse. En pleine émancipation, Rose entame une série de provocations sexuelles pour rendre son père fou de jalousie.

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5/ Relation incestuelle avec sa mère par Georges Bataille

Page 77

Jamais un instant je n’imaginai dans la violente passion que ma mère m’inspirait qu’elle pût même dans le temps de l’égarement devenir ma maîtresse. Quel sens aurait eu cet amour si j’avais perdu un iota du respect sans mesure que j’éprouvais – et dont, il est vrai, j’étais désespéré ? Il m’arriva de désirer qu’elle me battît. J’avais horreur de ce désir, encore qu’il devînt, quelquefois, lancinant ; j’ y voyais ma tricherie, ma lâcheté ! Il n’y eut jamais entre elle et moi rien de possible. Si ma mère l’avait désiré, j’aurais aimé la douleur qu’elle m’aurait donnée, mais je n’aurais pu m’humilier devant elle : m’avilir à ses yeux, aurait-ce été la respecter ? Afin de jouir de cette adorable douleur, j’aurais dû la battre en retour.

…/…

Ce qui dans mes amours avec ma mère est le plus obscur est l’équivoque qu’y introduisirent un petit nombre d’épisodes risqués, d’accord avec le libertinage, qui fut toute la vie de ma mère, et qui s’empara peu à peu de toute la mienne. Il est vrai qu’à deux reprises au moins nous avons laissé le délire nous lier plus profondément, et d’une manière plus indéfendable que l’union charnelle n’aurait pu le faire. Nous en eûmes conscience ma mère et moi, et même dans l’effort inhumain que d’accord nous avons dû faire afin d’éviter le pire, nous avons reconnu en riant le détour qui nous permit d’aller plus loin et d’atteindre l’inaccessible. Mais nous n’aurions pas supporté de faire ce que font les amants. Jamais l’assouvissement ne nous retira l’un de l’autre comme le fait la béatitude du sommeil. Comme Iseult et Tristan avaient entre eux l’épée par laquelle ils mirent fin à la volupté de leurs amours, le corps nu et les mains agiles de Réa jusqu’au bout demeurèrent le signe d’un respect effrayé qui, nous séparant dans l’ivresse, maintint sur la passion qui nous brûlait le signe de l’impossible. Pourrais-je attendre plus longtemps pour en donner le dénouement ? Le jour même où ma mère comprit qu’elle devrait à la fin céder, jeter à la sueur des draps ce qui m’avait dressé vers elle, ce qui l’avait dressée vers moi, elle cessa d’hésiter : elle se tua. Pourrais-je même dire de cet amour qu’il fut incestueux ? La folle sensualité où nous glissions n’était-elle pas impersonnelle et semblable à celle si violente de ma mère au moment où elle vivait nue dans les bois, où mon père la viola ? Le désir qui souvent me congestionna devant ma mère, indifféremment je pouvais le satisfaire dans les bras d’une autre. Ma mère et moi nous mettions facilement dans l’état de la femme ou de l’homme qui désirent et nous ragions dans cet état, mais je ne désirais pas ma mère, elle ne me désirait pas. Elle était comme je sais qu’elle était dans les bois, je lui tenais les mains et je savais qu’elle était devant moi comme une ménade, qu’elle était folle, au sens propre du mot, et je partageais son délire.
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