Ken Park n’est pas le nom d’un quartier, mais celui d’un adolescent qui se tire un jour une balle dans la tête, a priori sans raison valable de se suicider.
Le film ne va pas enquêter sur les motifs de ce suicide, mais dresser une sorte d’état des lieux au quotidien du quartier où vivait Ken Park, le genre d’enfer soft suintant l’ennui au point de pousser les moins solides à se flinguer.
Larry Clark s’attache plus particulièrement à suivre les journées de trois garçons et d’une jeune fille du coin. Ce qui est nouveau par rapport à Kids ou à Bully, c’est que l’on passe également du temps avec les parents de ces ados.
L’un des gars a des relations sexuelles avec la mère de sa petite copine.
Le deuxième gars est l’objet d’une pulsion de haine et de désir de la part de son père : quand celui-ci n’humilie pas son rejeton, il essaie de le peloter.
Le troisième est un solitaire, misanthrope et violent, qui ne supporte plus d’habiter avec ses grands-parents. Quand à la fille, elle est une fille modèle pour son religieux de père, une baiseuse inventive et passionnée pour son boyfriend. Quand le père les surprend au lit, il explose. Il est jaloux car sa fille ressemble tant à son épouse défunte qu’il en est amoureux.
Inceste à tous les étages, qu’il soit réel, symbolique ou fantasmatique. Ce que montrent Larry Clark et Ed Lachman, c’est que si la jeunesse est comme elle est (inculte, glandeuse, dépressive, suicidaire, en déshérence), c’est avant tout la faute aux parents, particulièrement aux pères.
Les jeunes sont le produit du monde que leur ont façonné leurs aînés. Et il y a en Amérique un mal, une faillite spirituelle, qui se transmet de génération en génération.
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