3/ Le film Festen pour en parler par Questions d’inceste

Mais qui ou qu’est-ce qui empêche d’en parler ?
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Impossible de le savoir. Pour répondre sont convoquées l’hostilité des autres institutions, la violence des enfants, les transgressions de tout le monde. Mais chacun sent bien qu’il s’agit aussi d’autre chose.
C’est dans ces occasions que le film Festen a été évoqué pour décrire l’état émotionnel du groupe. Nous serions donc, comme cette famille, réunis dans une sorte de salle à manger remplie d’invités au moment précis où Christian, le fils aîné se lève et s’adresse dans un discours solennel à son père. Tous attendent un compliment pour les 60 ans d’un père unanimement aimé et respecté, Christian affirme tranquillement, le verre à la main que ce père l’a violé quand il était enfant, et que cette mère, témoin de l’acte, a fait comme si rien ne s’était passé.
La réaction première de la majorité des présents est de maintenir la cohésion du groupe et d’expulser, punir et battre celui qui a parlé. Puis tous se dispersent après l’aveu du père. Le groupe de supervision pourrait être uni par une sorte de pacte collectif implicite de déni. Les paroles échangées auraient alors pour fonction de préserver à tout prix le groupe.
Le dévoilement d’inceste, au lieu d’être salvateur, peut être traumatique par ses effets de scandale public : désorganisant, insécurisant et culpabilisant. Ce fait a longtemps été une idée reçue servant à renforcer la loi du silence. Puis on a, avec raison, imputé la plupart des effets négatifs de cette traumatisation secondaire à l’inadaptation de nos dispositifs. Les appareils policier, judiciaire, social et thérapeutique n’étaient pas formés pour parer à la crise profonde affectant l’enfant et l’ensemble de sa famille. Pour qu’on cesse d’accuser l’enfant d’avoir, par la puissance de sa parole, détruit une famille, gommant ainsi l’agression dont il se plaint légitimement, il a fallu des années d’évolution des pratiques et de la législation.

C’est ce qu’on fait de la parole de l’enfant qui peut lui donner la puissance sacrée maléfique qu’on lui prête après coup. À travers l’évocation de Festen, les attaques du cadre de la supervision et des collègues présents ou non, c’est l’éthique de la prise de parole qui est interrogée. Celle-ci fut doublement abîmée chez les enfants, une première fois en famille, une seconde fois dans les maladresses institutionnelles, et c’est lors de ces séances de supervision si particulières que ce deuxième traumatisme trouve sa représentation.
Là aussi, c’est l’accueil fait par l’analyste de la dénonciation d’un ou plusieurs adultes dans le groupe qui va être décisif pour le travail avec l’enfant. S’il s’agit de sa hiérarchie, a-t-on le droit de parler ? Quelles sont la limite et l’éthique de l’analyste ? Que fait-il des paroles entendues ? Les répète-t-il ? Les utilise-t-il ? À son tour, l’analyste doit faire ses preuves, tenir une place loyale du côté de la parole, écouter l’inconscient et parier que les traumatismes ne résument pas le destin d’une personne.
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Autres billets sur le film Festen
1/ Festen de Thomas Vintergerg – 1998
2/ Notes sur Festen de Thomas Vinterberg – 1997
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Autres billets sur le livre Questions d’inceste
1/ Questions d’inceste de G. Raimbault, P. Ayoun, L. Messardier
2/ L’inceste séducteur, le père avec la fille
3/ La pianiste de Michael Haneke
4/ L’inceste avec violence, le viol incestueux
5/ Une conception réductrice de l’inceste
6/ La rupture du lien de filiation
7/ Les réactions au traumatisme
8/ La sidération et l’impossibilité de dire
9/ Ces mères qui n’ont pas réussi, ou pas voulu, ou pas su éviter l’inceste
10/ L’identité désorganisée des pères séducteurs
11/ Pourquoi les incestueurs en appellent-ils à l’insatisfaction conjugale ?

12/ L’interprétation du consentement par l’incestueur

13/ L’atteinte narcissique et la culpabilité pour la mère

14/ La valeur de la sanction pour l’agresseur et la victime
15/ La tragédie grecque et la littérature
16/ L’autonomisation
17/ Le devenir des pères agresseurs en prison

18/ Le pardon
19/ Anaïs Nin, un inceste choisi
20/ Deux sœurs dans les viols par inceste
21/ La recherche de sens – La valeur de l’écrit

3/ La pianiste de Michael Haneke d’après Questions d’inceste

Date de sortie cinéma : 5 septembre 2001 Film déjà disponible en DVD depuis le : 10 avril 2008 Réalisé par Michael Haneke
Avec Isabelle Huppert,
Benoît Magimel,
Annie Girardot,
Interdit aux moins de 16 ans Long-métrage français, autrichien. Genre : Drame Durée : 2h10 min
Année de production : 2000

Synopsis : Erika Kohut, la quarantaine, est un honorable professeur de piano au Conservatoire de Vienne. Menant une vie de célibataire endurcie chez sa vieille mère possessive, cette musicienne laisse libre cours à sa sexualité débridée en épiant les autres. Fréquentant secrètement les peep-shows et les cinémas pornos, Erika Kohut plonge dans un voyeurisme morbide et s’inflige des mutilations par pur plaisir masochiste. Jusqu’au jour où Walter, un élève d’une vingtaine d’années, tombe amoureux d’elle. De cette affection naît une relation troublante, mouvementée et perverse entre le maître et son disciple.
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Dans le film La Pianiste, la mère et sa fille adulte ont éliminé les hommes. Elles vieillissent et couchent ensemble sans père et sans mari dans un climat délétère et mortifère incestuel. Nous ne savons pas ce qui a conduit à cette situation et nous assistons à la lente décomposition de la fille dont la perversion sexuelle consiste à se donner à des étrangers dans des sex-shops malgré sa maîtrise de la musique de Schubert qu’elle professe au conservatoire de Vienne. Cause ou conséquence de cette impossible séparation avec sa mère, la fille professeur de piano ne pourra fonctionner que dans la maîtrise, celle de sa mère, de la musique et des hommes qu’elle gère toute seule à l’abri de tout investissement affectif et émotionnel. Son identification à l’emprise l’entraînera au suicide.

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Autres billets sur le livre Questions d’inceste
1/ Questions d’inceste de G. Raimbault, P. Ayoun, L. Messardier
2/ L’inceste séducteur, le père avec la fille
4/ L’inceste avec violence, le viol incestueux
5/ Une conception réductrice de l’inceste
6/ La rupture du lien de filiation
7/ Les réactions au traumatisme
8/ La sidération et l’impossibilité de dire
9/ Ces mères qui n’ont pas réussi, ou pas voulu, ou pas su éviter l’inceste

10/ L’identité désorganisée des pères séducteurs
11/ Pourquoi les incestueurs en appellent-ils à l’insatisfaction conjugale ?

12/ L’interprétation du consentement par l’incestueur

13/ L’atteinte narcissique et la culpabilité pour la mère
14/ La valeur de la sanction pour l’agresseur et la victime

15/ La tragédie grecque et la littérature
16/ L’autonomisation
17/ Le devenir des pères agresseurs en prison

18/ Le pardon
19/ Anaïs Nin, un inceste choisi
20/ Deux sœurs dans les viols par inceste
21/ La recherche de sens – La valeur de l’écrit