Film – Madeinusa de Claudia Llosa – 2006 – Pérou

Réalisateur : Claudia Llosa
Scénariste : Claudia Llosa
Date de so
rtie : 29 novembre 2006 (France)
Durée : 100 min | Argentine:100 min (Mar del Plata Film Festival)

Pays : Pérou | Espagne

Langue : Espagnol

Couleur

Argentine:13 | Allemagne:16
Lieu de tournage : Pérou
Manaycaycuna, Pérou. 300 habitants. Un montage alterné glisse des célébrations collectives de la semaine sainte au drame privé qui se scelle dans la maison du maire. Madeinusa, sa fille, consacrée vierge du village… mais au fond plus Madeleine que Marie, rêve d’une autre vie, se jette sur un jeune baroudeur bloqué dans le village. Bientôt, son désir fou de liberté outrepasse les limites de l’humain, corrompt tout. À la fois tendre et brutal, extatique et inattendu, étale et elliptique, néo-réaliste et bunuélien, tel est le premier film de Claudia Llosa.

Elles ont l’air si vraies, si crédibles, ces coutumes folklorico-religieuses. Du vendredi saint au dimanche de Pâques, dans le petit village péruvien, la statue du Christ a les yeux bandés. C’est « période sainte » : tous les péchés sont permis puisque Dieu ne voit rien. Pendant trois jours, la vie des habitants est donc scandée par l’élection de la jeune Vierge − Madeinusa of course, la cérémonie des cravates − les cravates des hommes sont coupées au ciseau, puis les femmes peuvent choisir avec qui elles veulent coucher, le comptage du temps grâce à une horloge en papier actionnée par un vieillard, la constitution d’une gigantesque fresque colorée à partir de pétales de fleurs. Oui, elles ont l’air si vraies, si crédibles, ces coutumes − même au moment où la procession du Christ a lieu, on croirait presque voir un soupçon d’Ingrid Bergman se glisser dans la foule, échappée de Voyage en Italie − et pourtant elles sont un pur produit de l’imagination de la réalisatrice. Rien de véridique, rien d’exotique : aussi bien, il faut sans doute parler de néo-réalisme poétique.

Madeinusa signale une formidable dilatation du temps : les larmes de la vierge s’arrêtent sur les joues de Madeinusa, la fresque florale progresse imperceptiblement. L’horloge en papier semble la figuration délicate d’un temps devenu arbitraire. Selma Mutal, la compositrice du film, confie avoir travaillé sa musique à partir du silence. Perché à 3600 mètres d’altitude, le village paraît avoir absorbé à sa manière son et temporalité : sur le mode de l’asphyxie.

Dans l’histoire et la mise en scène de Madeinusa, il y a quelque chose de très semblable à Terre jaune de Chen Kaige, le film phare de la cinquième génération des cinéastes chinois. Les deux se déroulent dans un village isolé, les deux sont rythmés par les fêtes du village, mais également par des chansons traditionnelles, les deux installent leurs personnages dans de vastes panoramas où l’homme, seul, se perd dans un cadre où le désert a pris toute la place. Cependant, voilà l’essentiel : un étranger vient bouleverser l’ordre des choses. Communiste dans Terre jaune, c’est un gringo de la ville dans Madeinusa. Son irruption, celle aussi d’une lointaine modernité, déclenche le drame. Le gringo est photographe, elle baisse sa culotte pour la première fois pour lui, parce que c’est « période sainte » et que Dieu ne peut les voir. « Mon nom est sur ton T-shirt » lui dit-elle, c’est que Madeinusa (à ne pas prononcer comme le film de Godard) porte en son prénom même le désir de cette modernité. Parmi ses jouets, que son père va détruire, beaucoup viennent de là-bas, Lima, les States, où elle voudrait s’enfuir. Il lui propose l’échappée, avec lui. De cet intrus déclencheur, les deux héroïnes chinoise et péruvienne s’entichent, mais celle de Terre jaune est déjà promise, celle de Madeinusa aussi − à son propre père…

Car c’est une autre caractéristique du film de Claudia Llosa que de ciseler dans les pénombres des intérieurs un huis-clos familial des plus violents. La mère est morte, n’en subsiste qu’une paire de boucles d’oreille fétichisée par les deux filles. Le père, incestueux, bestial et cruel, fait du chantage au viol sur ses propres filles, ils dorment dans le même lit. Et ces deux sœurs, rivales et alliées à la fois − l’une coupe de force les cheveux de l’autre avant de s’écrouler en pleurs, rêvent d’un départ ou d’un ailleurs : « je vais aller à Lima, pas toi ». C’est un rat, comme motif expirant au tout premier plan de la maison en plan large, qui symbolise ce nœud de vipères ; et la mort-aux-rats sert par conséquent à faire place nette dans le foyer… Claudia Llosa revendique sans surprise un héritage bunuélien. Notons enfin que de bout en bout Madeinusa est éclairé par l’ovale irradiant du visage de Magaly Solier, son actrice principale, évidemment non professionnelle.

Romain Lecler

Film : Une voix dans la nuit/The Night Listener – 2006 – USA

The Night Listener
Date de sortie en salle 04 août 2006
Date de sortie en DVD/Vidéo 09 janvier 2007
Distributeur Miramax Films
Genre Suspense, Mystère, Drame, Thriller
Réalisateur: Patrick Stettner
Producteur: Jeff Sharp, Jill Footlick, John N. Hart, Robert Kessel
Scénario: Armistead Maupin, Terry Anderson, Patrick Stettner
Résumé :

Animateur à la radio d’une émission littéraire réputée, l’écrivain Gabriel Noone reçoit un soir l’appel de Pete, un garçon de 14 ans dont il est en train de lire le manuscrit, à la demande de son éditeur. Les conversations téléphoniques nocturnes se multiplient entre le quinquagénaire new-yorkais, déprimé depuis sa récente rupture avec son conjoint, et l’adolescent du Wisconsin, qui fut abusé sexuellement par ses parents et qui, sidéen au seuil de la mort, a choisi de coucher sur papier son histoire. Donna, sa mère adoptive, s’interpose souvent entre ce dernier et Gabriel, et fait avorter tout projet de rencontre entre les deux. Plus étrange encore : sur le répondeur, la voix de Pete et celle de Donna se ressemblent de façon troublante.
Source : mediafilm.ca
Acteurs : Robin Williams, Toni Collette, Sandra O
h, Rory Culkin, Bobby Cannavale

_________

Résumé:
Writer Gabriel Noone (Robin Williams), who tells his stories on the radio, experiences a personal slump when his boyfriend Jess (Bobby Cannavale) decides to leave him. But when his editor sends him a manuscript to get his opinion, Gabriel becomes hooked by the story. It’s written by Pete (Rory Culkin), a teenager who was taken away from his parents. They, along with their friends, sexually abused him from a young age. Now living with Donna, a social worker, Pete’s been diagnosed with AIDS. Pete and Gabriel connect via phone, but Gabriel begins to believe the boy may not really exist.
Based on the best-selling novel by Armistead Maupin.
__________
Autres billets sur Une voix dans la nuit/The Night Listener
Une voix dans la nuit/The Night Listener de Armistead Maupin
Armistead Maupin – Une voix dans la nuit billet publié par Kassineo