Action for Women, the YouTube channel

Welcome to Action for Women, the YouTube channel for the film competition for aspiring directors on Violence against Women.
Every day, many women around the world are victims of various types of violence, ranging from sexual abuse to mobbing, from domestic violence to stalking to socio-cultural discrimination. Most of this violence is never reported due to shame or fear but it is a social evil.
The Coucil of Europe and the Italian Chamber of Deputies are involved in an awareness campaign about this problem, a problem that knows no geographic border and leaves no socio-cultural group untouched. The Action for Women competition is part of this campaign.
If you are an aspiring director, participate in this competition by uploading your short on violence and discrimination against women: then show off your artistic abilities to the international film leaders and get started on your new career! A jury of international directors (Jaco Van Dormael, Giuseppe Tornatore, Francesca Comencini, Roberta Torre, Renata Litvinova) will judge the entries and select the finalists. The public will vote for a winner on YouTube!.
The winning short film will be awarded with a special screening at the 67th Venice International Film Festival 2010.
The contest starts at September 15th 2009 and it is open to residents of ITALY, GREAT BRITAIN, FRANCE, SPAIN, GERMANY, RUSSIA, POLAND, THE NETHERLANDS, SWEDEN, IRELAND AND THE CZECH REPUBLIC.
Under the auspices of the Secretary General of the Council of Europe. Ms Maud de Boer-Buquicchio

La liberté sexuelle n’est pas le viol par Caroline Fourest

Article paru dans l’édition du 10.10.09
La saillie de Marine Le Pen contre Frédéric Mitterrand a de quoi mettre mal à l’aise. Même ceux que les propos du ministre de la culture et l’élan artistique autour de Roman Polanski ont choqués. Comme pour Clearstream, il ne sortira rien de bon de cette affaire. Une grande confusion, beaucoup de boue, un goût amer impossible à vidanger… C’est le lot des polémiques où le jugement de l’opinion précède un procès.

Le cinéaste va affronter ses juges. Il était temps. Seul un prétoire permet d’examiner en profondeur le déroulé des faits et la version de chacun. La victime a-t-elle été droguée en vue d’être violée ? L’agresseur était-il lui aussi sous l’emprise de stupéfiants ? Est-ce un comportement isolé ? La sanction est censée tenir compte de tous ces éléments. Il sera temps de dire, au vu du procès et du verdict, si la peine prononcée est justifiée.

Mais le prétoire médiatique n’a pas le temps d’attendre. Il tourne à plein régime. Ses règles sont moins formelles. Des apprentis procureurs en profitent pour faire de la surenchère. La dynastie Le Pen s’y connaît. En citant un extrait de La Mauvaise Vie, de Frédéric Mitterrand, pour exiger sa tête, Marine Le Pen a commis un réquisitoire empoisonné, qui feint de tout mélanger : le viol et la prostitution, la pédophilie et l’homosexualité.

Dans le livre incriminé, celui qui n’est pas encore ministre ne parle d’aucun acte sexuel sur mineur. Il explique, au contraire, avoir refusé un jeune garçon que lui proposait un proxénète. Sa confession est ailleurs. Dans le fait d’avoir une image si dégradée de lui-même qu’il pense devoir payer. Sans se faire la moindre illusion sur ce rapport inégalitaire qu’est la prostitution, même entre hommes majeurs. Il ne glorifie rien, parle de « mauvaise vie », et se livre au jugement. Faut-il interdire ces confessions ? Purger la littérature de chaque ligne où l’on parle d’actes sexuels tarifés ? Cela ne ferait pas disparaître la prostitution… L’exploitation se nourrit bien mieux de l’ombre que de la lumière.

Soyons clair : la prostitution, surtout en Thaïlande, représente une forme sauvage de marchandisation. Mais ce n’est pas toujours du viol. Si sordide soit-elle, la prostitution entre majeurs ne peut être mise sur le même plan qu’un viol sur mineur. Ni devant un tribunal ni dans l’arène médiatique. L’amalgame aurait-il eu la même saveur si l’auteur de La Mauvaise Vie était hétérosexuel ? Sans doute pas. Marine Le Pen n’a eu qu’à murmurer pour allumer un incendie imaginaire. En l’occurrence, une tradition judéo-chrétienne ayant choisi d’amalgamer homosexualité et pédophilie… Qu’importe la malhonnêteté du procédé. L’essentiel n’est-il pas d’incarner la colère populaire contre l’élite décadente, perverse et violeuse ?

Dans une autre émission, plus ancienne, la vice-présidente du Front national a cru bon d’exhumer les lignes d’un certain Daniel Cohn-Bendit sur la sexualité des enfants. Son auteur les a maintes fois regrettées. Il a critiqué la position de Frédéric Mitterrand et souhaite voir Polanski jugé. Mais la tentation est grande de profiter de toute cette boue pour faire le procès de Mai 68 et de la libération sexuelle. Comme si Marc Dutroux et tous les violeurs d’enfants étaient des soixante-huitards accomplis… Comme si la pédophilie n’était pas constituée à 90 % de cas d’inceste commis par de bons pères de famille, que le patriarcat et la domination masculine ont rendus tout-puissants.

Loin d’avoir libéré les pulsions de viol, Mai 68 a libéré la parole contre le viol. Les féministes s’en sont saisies pour dénoncer l’exploitation sexuelle et la sexualité non consentie. Aucun violeur, fût-il cinéaste, ne peut s’en revendiquer. Roman Polanski ne le fait pas. Pas plus que la prostitution, le libertinage n’a donc à être mêlé à cette affaire. Ce n’est pas l’émancipation, mais la domination qui conduit au viol. C’est donc la domination, et non l’émancipation sexuelle, qu’il faut juger.

Caroline Fourest