II/ Le viol selon Rennie Yotova

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Le viol est un meurtre, souvent sans cadavre. Ce meurtre ne conduit pas à l’extinction du corps, mais à son anéantissement. Les lésions peuvent être invisibles mais elles sont dans la plupart des cas irréparables. Quelqu’un a franchi la frontière du corps de l’autre, l’a violé et il est entré de cette façon dans son existence définitivement. Le corps violé a incorporé de façon indélébile la souillure et ne peut plus s’en défaire. On reste vivant, mais on porte à jamais une blessure en soi. La torture inflige une terrible souffrance au corps, mais elle peut mobiliser des forces morales de résistance pour prouver sa dignité humaine devant les bourreaux. Le viol enlève toute volonté de survie, l’être violé porte en soi un poignard ensanglanté qu’aucune opération chirurgicale ou traitement psychologique ne pourra enlever. Car le meurtre du viol n’est pas physique.

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Autres billets sur le livre de Rennie Yotova

I/ Ecrire le viol

III/ Fantasmes de viol dans la littérature

IV/ Fantasmes dans Le Voyeur d’Alain Robbe-Grillet

V/ Que devient un corps violé ?

*/ Le pardon

**/ L’indicible du viol

***/ Viol et violence à travers Virginie Despentes

****/ Métaphorique du viol chez Robbe-Grillet en l’associant à l’acte de l’écriture

*****/ Le viol de Magritte par Rennie Yotova

***** L’écriture peut donner un sens au viol par Rennie Yotova

I/ Ecrire le viol de Rennie Yotova

Editions Non Lieu
164 pages, août 2007
ISBN 978-2-35270-030-2

Le viol peut-il légitimement être abordé en tant que sujet artistique ? En quoi et comment l’art est-il susceptible de penser ou d’exprimer le viol ? L’imaginaire littéraire du viol démontre au paroxysme que cet acte ne peut être une rencontre avec l’autre. Le viol ne fait jamais sens. C’est une brutalité absolue et gratuite qui entraîne la victime dans un lien avec son (ses) agresseur(s) qu’elle ne peut rompre à cause de son incapacité à comprendre ce qu’elle a vécu. La mythologie, traversée par des scènes de viols, confirme la dimension archétypale de cette violence originelle et permet de définir cinq types de viols : viol-vengeance ; viol-mutilation ; viol-domination ; viol-inceste ; viol-blasphème. Types de viols que l’on retrouve, commis par différents personnages, dans un parcours littéraire à travers des œuvres de Cendrars, Le Clézio, Schnitzler, Guyotat, Anne Hébert, Niki de Saint-Phalle, Agota Kristof, James Ellroy… La fiction nous ouvre un autre monde et, en dépit du crépuscule, de la monstruosité de ce monde, elle nous dit qu’il existe une pensée vivante, qui parle au nom des victimes, compatit, cherche à cerner l’impardonnable, malgré le corps profané et déchu, une pensée qui affronte la violence, pour la dominer enfin par le refus de la prolonger.
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1/ Niki de Saint-Phalle : Mon secret
2/ Mon secret de Niki de Saint-Phalle réédité
3/ Niki de Saint Phalle : Ce même été, mon père – il avait 35 ans, glissa sa main dans ma culotte
4/ Autoportrait
5/ L’interdit
6/ Forme de pardon
7/ Les traces du viol dans l’œuvre de Niki de Saint-Phalle Par Rennie Yotova
8/ Niki de Saint-Phalle, témoigner pour prévenir par Questions d’inceste