3/ Pourquoi ne pas partir avant d’être quittée ? L’autre attitude consiste en effet à tout faire pour que l’autre s’en aille, par Daniel Dufour

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Il était logique qu’en se mariant Pascale s’enfonce un peu plus dans sa peur de ne pas être aimée : comment son mari faisait-il pour l’aimer, elle que personne jusqu’à présent n’avait pu aimer ? Tant que son mari ne s’occupait que de son travail et de sa propre personne sans lui accorder beaucoup d’attention et en la laissant presque tout assumer, ce qui était une façon de ne pas la considérer comme une personne à part entière, Pascale se retrouvait dans une fonction bien connue d’elle : faire tout au mieux pour les autres par peur d’être délaissée et à seule fin d’être aimée d’eux ; s’oublier totalement au profit de son entourage et essayer d’atteindre la perfection ; cela, même si Pascale, au fond d’elle-même, savait que son comportement était un leurre. Quand son mari a changé d’attitude envers elle, après qu’elle lui eut parlé, elle a continué d’être dans l’abandonnite : même si elle pouvait envisager, sur le plan des idées, que son mari l’aime, elle ne pouvait admettre qu’il l’aime à ce point puisque :
« Je ne suis pas aimable » Et même s’il le lui montrait et changeait dans la réalité, il lui fallait se protéger puisque, de toute façon, cela se terminerait par un abandon qui serait alors encore bien plus douloureux que ceux auxquels elle avait déjà survécu … Et quelle est la meilleure défense ? L’attaque. Donc pourquoi ne pas partir avant d’être quittée ? L’autre attitude consiste en effet à tout faire pour que l’autre s’en aille. C’est cette direction que Pascale avait inconsciemment choisie. Heureusement, pourtant, elle a pu exprimer la colère que son mental avait bloquée depuis des années, ce qui lui a permis d’accepter de façon réelle et profonde qu’elle avait le droit d’être aimée, qu’elle était « aimable ». Cela n’a été possible qu’à partir du moment où elle s’est permis de s’aimer elle-même en s’accordant le droit de vivre le moment présent et de laisser s’exprimer ses émotions.
Tout ce travail, car cela en est un, ne s’est pas fait en un jour: Il a pris environ un an. Le mot « abandonnite » n’a été prononcé qu’une fois lors de nos rencontres, au cours desquelles tout s’est passé simplement : j’ai accompagné Pascale dans la découverte progressive de ce qui n’allait pas en elle et de ce qu’elle avait envie de changer afin de se sentir mieux. À aucun moment il n’a été question de théorie ; l’essentiel, en effet, était que Pascale se laisse aller à ressentir la colère qui l’habitait, non de lui donner des explications qui sont peut-être justes sur le plan conceptuel, mais qui n’apportent souvent pas grand-chose.
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Autres billets sur le livre La blessure d’abandon
1/ La blessure d’abandon
2/ Le mental est-il utile dans la blessure d’abandon ?

Allice Miller et la violence éducative

Aberration

lundi 30 novembre 2009
Bonjour,
Je partage vos idées sur le fait qu’il est inhumain de maltraiter les enfants. J’ai constaté que beaucoup de personnes ne se rendent pas compte que ce qu’elles font subir à leurs enfants porte indéniablement ce qualificatif, et que l’indifférence de l’entourage est quasi générale.
Pour exemple, hier j’étais à un concert et un enfant s’est mis à pleurer. Je ne voyais pas où il était mais il était manifeste que ses pleurs étaient étouffés par une main sur sa bouche afin que les spectateurs autour ne soient pas importunés. J’ai trouvé cela scandaleux pour ce petit. Il aurait mieux valu qu’un adulte sorte de la salle avec lui, sachant qu’un enfant ne peut rester immobile et silencieux durant 2 heures.
Autre exemple. J’étais à la caisse d’un supermarché. Après moi s’est présenté un homme avec 3 enfants en bas âge. Il a demandé à l’aîné de mettre les provisions dans un sac. Viblement il n’y arrivait pas. Il devait avoir 5 ans. Le père très nerveux l’a traité d’incapable en lui donnant une claque sur la tête. Et des exemples ainsi j’en ai plein. Il m’est arrivé de réagir en faveur de l’enfant mais toujours je me suis fait insulté par le parent. Que faire… ?
Récemment en France, une député, pédiâtre de métier, a déclaré vouloir déposer une loi interdisant la fessée. Lorsque j’ai lu les réactions nombreuses des internautes à ce projet, pas une seule n’a compris et a été favorable à cela. Les avis étaient tranchés et catégoriques. En résumé, de quel droit se mêle t-on de l’éducation des enfants qui doit, selon les réponses, rester dans la sphère privée familiale et ne concerner que les parents. Ces avis ne faisaient pas suite à une rélexion car aucune personne n’a dit avoir lu ou étudié cette question. Les gens étaient contre, point. Selon eux, leurs enfants sont leur propriété, et de ce fait ils peuvent en disposer comme bon leur semble.
Même un ministre s’est rapidement empressé dans un communiqué de s’élever contre cette loi.
Moi qui croyais naïvement que les mentalités avaient évoluées, on en est loin. Personne ne s’est demandé pourquoi la France a la 1ère place au monde en matière de consommation d’antidépresseurs, anxyolitiques etc… Et que les suicides sont si élevés chez les jeunes !
Réponse de Brigitte :
Vous avez absolument raison, la violence éducative est omniprésente où que nous nous trouvions et tout le monde cautionne ces actes humiliants et inhumains y compris les hauts responsables du gouvernement qui sans vergogne ricanent et s’insurgent contre la loi. Malheureusement nous sommes confrontés à une masse de dangereux ignorants dans le seul but d’éviter l’ultime sanction, comme quand nous étions enfant, si on osait voir la réalité de ce qu’étaient nos parents.
Dans cette optique, il est très difficile d’agir sans se faire agresser quand on vient en aide à un enfant en danger d’être battu ou humilié. En espérant qu’une prise de conscience se fera un jour pour le bien de l’humanité. BO