Vie et mort par Saratoga

« Vivre est une fatalité à laquelle tous les êtres humains sont condamnés. On n’échappe pas à la vie qu’on subit sans rien pouvoir faire. Au contraire, la mort c’est l’occasion de se prendre en main. On ne peut pas choisir de naître mais on peut choisir de mourir (se suicider). Et quand bien même on ne se sera jamais suicidé, on aura réussi à supporter la vie parce qu’on se sera sans cesse raccroché à cet espoir : un jour enfin, tout sera terminé, la mort sera là, on sera enfin débarrassé. Chaque anniversaire qui passe est un bonheur. Vieillir c’est génial. Un an de moins à tirer en prison. Un détenu dirait-il : « Oh, j’en suis à douze ans, c’était mieux l’année dernière, je n’en étais qu’à onze ? » Bien sûr que non. Lui, il pense : « Super, plus que trois ans à tirer, l’année dernière, il m’en restait encore quatre. »

par saratoga – février 2005

http://www.isabelle-alonso.com

Parler l’inceste en version originale

« Le monde de l’inceste est un monde tellement hors norme qu’il inverse totalement les références de base de l’être humain. La vie c’est la mort, la mort c’est la vie. Le plaisir c’est la souffrance, la souffrance c’est le plaisir. La parole c’est le silence, le silence c’est la parole. Les enfants c’est les parents, les parents c’est les enfants. Et donc : le vouvoiement c’est le tutoiement, le tutoiement c’est le vouvoiement ! De la distance, le vouvoiement ? Non ! Dans le monde de l’inceste, tout est inversé. C’est le tutoiement qui en met. Voilà pourquoi j’avais eu le réflexe de préférer le vouvoiement dans mon texte. Je l’avais écrit en version originale. Et ma lectrice, du monde hors l’inceste, a inconsciemment cherché à tout traduire en v.f. pour retomber sur ses pieds. »
par saratoga – février 2005

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