Le petit chaperon rouge par Alice Miller

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Interview – juillet 2005
Les contes et les mythes sont très révélateurs de notre culture et notre vision du monde. Le Petit Chaperon rouge est l’un des contes les plus connus, et presque tous les petits enfants, tôt ou tard, l’entendront raconter ou le liront. Parmi des milliers de contes populaires, celui-ci, précisément, a un succès qui ne se dément pas. Que nous révèle-t-il sur l’attitude de nos sociétés envers les enfants ?
Il nous raconte qu’il est manifestement courant de sacrifier les enfants, d’en faire les victimes des idées des parents. La mère envoie la fillette seule chez sa grand-mère, et en réalité ne se soucie guère du danger qu’elle va courir dans la forêt (le loup). Car sinon elle ne se contenterait pas de recommandations, elle ne l’enverrait pas seule faire ce chemin.
Je suis toujours choqué par l’interprétation officielle, disant que la mère avait les meilleures intentions et se montrait pleine de sollicitude. Elle envoie son enfant dans une forêt dangereuse, en lui confiant une « mission », car après tout la pauvre grand-mère est malade. Je trouve cette mère cruelle, méchante, voire perverse. Vous en êtes d’accord ?
Je suis d’accord avec vous, car la mère devrait savoir qu’il y a des loups dans cette forêt. Elle exhorte sa fille à ne pas s’écarter du sentier. En tout cas, elle ne la prépare pas convenablement à faire face au danger, elle nie son existence. De sorte que l’enfant va faire confiance au loup, lui dit où habite sa grand-mère, et le croit quand, le trouvant dans le lit de celle-ci, il affirme être la vieille dame. Elle a déjà imité le déni de sa mère, partage son aveuglement et devient la naïve victime du loup. Celui-ci symbolise, en l’occurrence, le père incestueux auquel, bien souvent, des mères livrent leurs filles. Ces mères protègent leur propre père, en réprimant le souvenir de l’abus qu’il perpétra dans leur enfance, et de ce fait vont rester aveugles au danger encouru par leurs filles.

Tender Morsels ou la Frontière de la Censure

Publié le 13 juillet 2009

L’auteure australienne Margo Lanagan a publié en 2008 un roman qui fait soulever l’ire de certain et l’approbation de d’autres. Tender Morsels (Tendre Morsures) est une Parodie “hard” de Blanche-Neige et les sept nains. Dès les premières lignes le mot Salope est introduit mettant l’accent sur le déroulement de l’intrigue, une scène de sexe avec une sorcière et un nain, une description de fausse couche et pour clore le tout , un dénouement de viol collectif.

Vous allez dire, Ok c’est un genre, mais là où le bât blesse , c’est que les Éditeurs l’ont fait paraître dans deux collections différentes: Une pour Adulte et l’autre dit jeunesse (13-15 ans). Deux couvertures différentes mais le même contenu. Pendant que des parents et plusieurs groupes de pressions crient à l’outrance d’autres comme Philipp Pullman, l’auteur d‘«A la croisée des mondes», est d’un avis tout contraire. Pour lui, les tabous ne devraient pas exister et on devrait faire confiance à l’intelligence du jeune lecteur.

Je serai porté à penser comme ce dernier, en autant que l’on parle de jeunes de 13 ans et plus, plus jeune que ca, ca me chicote un brin la conscience. Lire qu’une fille tombe amoureuse d’un gars qui se transforme en Vampire et que sa famille, pour survivre, doit TUER un homme, l’éventrer à froid,lui arracher les trippes et mordre sa chair et boire son sang est moins “dérangeant” dans l’esprit d’un jeune, qu’un Grincheux et Farfadet se tapant Blanche-Pussy-Neige dans un trip à trois, j’en doute. Dans les deux cas, un Ado de 13 ans fera le poids des choses. D’autant que si il se rabat sur des scènes de vidéo de Musique Plus, ou de passer à Super Écran à 11:18 pm pour voir Gang Bang No 14 ou tapez dans You Tube : Passe-Partout- Hardcore, ils risquent de tomber sur plus suggestifs multiplié par 10.

Dire que quand j’avais 16 ans, il fallait avoir 18 ans pour aller voir PORKY au cinéma. Quand je compte ca à mes deux garçons, ils se bidonnent à se dilater la rate, je vous en passe un papier !

Autres temps, autres mœurs qu’y disent.

source initiale : The Observer, Sunday 5 July 2009

Parents alarmed over sex assault in children’s novel
Authors defend unsettling book that will have different covers for its child and adult editions