12/ L’autoculpabilité entraine des situations d‘évitement par Auteure obligatoirement anonyme dans Viols par inceste

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Et il y a l’autoculpabilité qui s’installe, elle aussi.
La culpabilité de n’avoir peut-être pas dit non aurait pu durer toujours et il faut vraiment approfondir la question pour s’en débarrasser, confronter sa parole à celle de toute personne voulant bien aborder le problème, pouvoir affirmer que l’on a dit non. Chacune dira qu’elle s’est débattue et qu’elle a dit non.
Cependant, la première question que l’on nous pose est toujours de savoir si nous avons dit non. Elle sème le trouble dans notre esprit et annule complètement la certitude du non car cette question précisément insinue que nous avons consenti et notre non n’est de nouveau pas entendu. De la part de la personne qui reçoit le témoignage, il y a trop souvent une impossibilité d’écouter ce non tout comme le violeur ne l’a pas entendu. C’est ainsi que les conséquences sont prises pour les causes.
Dire que parce qu’une victime « ne se défend pas », elle est la cause de l’agression, c’est brûler les étapes. Cela permet, en fait, d’écarter le problème. Le projet du viol se conçoit en dehors de la victime qui ne sera choisie qu’en vertu de son peu de pouvoir réel ou supposé. Il est trop simple de penser que le viol est la conséquence du fait de ne pas se défendre
[1]. Cette conception cache toutes les questions premières.
La personne violée a vu son refus gommé par l’agresseur et ainsi elle peut ne plus savoir où est la limite entre refus et consentement. L’agresseur, de toutes façons, fait abstraction du refus exprimé. Chacun tient à demander plusieurs fois à la victime si elle a vraiment dit non car on a du mal à accepter qu’elle ait refusé, donc qu’elle n’ait pas consenti.

[1] Question : Quand une fille vient vous voir et qu’elle vous raconte que dans son enfance, son père a coïté avec elle, et qu’elle a ressenti cela comme un viol, que lui répondez-vous ?
Réponse : Elle ne l’a pas ressenti comme un viol. Elle a simplement compris que son père l’aimait et qu’il se consolait avec elle, parce que sa femme ne voulait pas faire l’amour avec lui.
(…)
Question : D’après vous, il n’y a pas de père vicieux et pervers ?
Réponse : Il suffit que la fille refuse de coucher avec lui, en disant que cela ne se fait pas, pour qu’il la laisse tranquille.
Françoise dolto, psychanalyste, Journal choisir, n° 44, sep.oct.nov. 1979. Souligné dans le texte.
Nous remercions l’Association choisir de nous avoir envoyé ce texte.

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8 /La mémoire et l’intelligence après plus de 10 ans de viols par inceste
9/ La dissociation lors des viols par inceste
10/ La culpabilité qui s’amplifie de viols en viols devient partie intégrante de la personnalité d’un-e incesté-e
11/ Même si ce n’était arrivé qu’une fois, cette culpabilité existerait
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14/ Le procès
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16/ Les deux vies d’une dissociée
17/ L’importance du tuteur de résilience
18/ Viol/mort ; amour/vie – attirance/répulsion
19/ Hypervigilance

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11/ Même si ce n’était arrivé qu’une fois, cette culpabilité existerait par l’Auteure obligatoirement anonyme

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Même si ce n’était arrivé qu’une fois, cette culpabilité existerait. Il n’est pas possible de dire qu’à huit ans, peut-être moins, j’étais fautive de m’être fait piégée la première fois, mais je me sens, à tort certes, fautive et coupable de ma « naïveté ».
Ce mécanisme de culpabilité s’est développé dès la première minute. Il s’était rapproché de moi, il me disait que j’étais belle, que je devenais grande, que je devenais une femme.
Les paroles prononcées par l’agresseur avant, pendant, après me semblent avoir une importance capitale dans l’enclenchement des réactions.
Je voulais être à la hauteur de son regard. Je n’ai pas perçu le danger. C’était comme un combat. J’avais pour armes celles qu’il m’avait données : la beauté, la jeunesse, la féminité, l’intelligence. Je les ai développées. Mon entourage me renvoyait une image très positive.
J’étais une jolie petite fille, bien élevée, douce, agréable, très vivante. Il n’y avait aucun problème avec moi. Il me voulait petite femme. Je suis devenue femme très tôt. Il caressait ces seins que je n’avais pas encore. J’avais huit ans lorsqu’ils ont commencé à pousser.
A la maison, au début, j’en étais fière. A l’école, ils étaient source de moqueries. Je pense que mon patrimoine génétique n’en est pas la seule cause.

Quand le viol a eu lieu, j’ai eu l’impression de perdre la bataille. J’étais David, il était Goliath. Je me sens coupable de n’avoir pas eu l’intelligence de trouver la petite pierre qui m’aurait fait gagner. Il était fier les premiers temps, il le devint de moins en moins. Il avait certainement choisi le moment, je l’avais pressenti. J’ai été pétrifiée lorsque j’ai compris ce qu’il voulait faire.
Je n’y pouvais plus rien, il était déjà trop tard.
La révolte est venue pour les fois suivantes. Je suis coupable – le suis-je ? – de m’être immobilisée. Il existe de très beaux écrits sur la mante religieuse qui est capable de neutraliser, par une simple attitude, des proies plus grosses qu’elle. Maintenant encore j’ai cette impression de paralysie envers mon père et, hélas ! devant toute situation de violence latente.

Il lui est arrivé de venir me chercher. Il était nu, il me prenait par la main et nous allions dans leur lit. Le lit était grand, j’étais toute petite. Lui m’écrasait, je ne pouvais pas respirer. J’avais très peur que maman arrive. Il parlait, m’appelait « mon ……… »[1], me disait qu’il m’aimait, que j’étais douce et gentille. Son sperme inondait mon ventre, il prenait son mouchoir, il veillait à ne laisser aucune trace. Il me demandait de n’en parler à personne, il pleurait parfois en disant qu’il ne recommencerait plus. Il me demandait si je n’avais pas eu trop mal, le « trop » prouve bien qu’il était conscient du mal qu’il me faisait, ne serait-ce que physique. Il me demandait de me détendre. J’étais en larmes. Je courais à la salle de bains et regagnais ma chambre. J’étais soulagée, c’était fini. Je pouvais dormir. Il était gentil et doux. Ses larmes m’interdisaient toute révolte. Tout son discours était dissuasif.

[1] Prénom obligatoirement indicible.

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