" Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus" – Luc 12,4

Dimanche 15 août 2010

Il m’est d’ailleurs venu une phrase de l’évangile de Luc :  » Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus » Luc 12,4 et je pensais à ces personnes que je connais dont le corps a été mis à mal, qui auraient voulu mourir, qui disent que d’une certaine manière elles sont mortes le jour où elles ont été violées, mais qui pourtant ont en elles une partie vivante, une partie que le violeur n’a pu tuer.
Et je me disais que peut être le travail d’accompagnement est de permettre à cette partie là de reprendre sa place, de ne pas se laisser détruire.
Je pense que les tentatives de suicide, les mutilations, les troubles alimentaires sont comme des atteintes de l’âme, mais l’âme est là, elle est vivante même si les blessures sont là, même si l’agresseur reste présent dans la mémoire. Si ténu soit le feu de la vie il est là.
Et je crois profondément que la dissociation que vivent au quotidien ces personnes est la preuve que non ,l’âme n’a pas été mise à mal. Mais je crois que seule la présence de l’Esprit Saint peut remplir ce corps troué et que le rôle de l’accompagnant est de permettre que le souffle de Vie soit simplement un jour demandé.

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Je pense avoir simplifié un peu trop, j’espère au fond de moi que de la vie demeure, mais je pense que parfois c’est tellement ténu qu’elle semble inexistante et qu’habiter son corps est imposisble ou impensable.
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5/ Le compagnon de Camille Laurens dans Romance nerveuse

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Ruel me soufflait son plan pour la suite, un plan sans fioritures qui consistait en un silence définitif – je dis bien : dé-fi-ni-tif, tandis que je composais le message que j’allais t’adresser aussitôt rentrée, « Luc, ce n’est pas de sexe que je suis demandeuse, c’est de désir. Mais tu ignores ce que c’est: tu n’as pas de désir, ni de moi ni de rien. Tu as des rêves, ou des besoins, ce n’est pas pareil. Tu t’ennuies, c’est tout. Rien ne tient longtemps, et tu démolis tout ce qui pourrait tenir.
Il y a eu quelques moments, malgré tout, entre toi et moi : je cherche à les retrouver, admettons, mais je ne suis pas de taille à lutter contre l’incommensurable ennui que t’inspire le monde assez vite. C’est ce qui m’angoisse – l’impuissance où je suis envers toi. Un jour, j’ai eu un enfant mort entre les bras, alors je sais ce qu’est l’impuissance, je ne ressuscite pas les morts.
Restons-en là, donc.
J’ignore pourquoi tu agis ainsi, pourquoi tu te fais haïr, pourquoi tu repousses ce que tu attires. Mais quoi que ce soit, on devrait avoir honte de se rendre si malheureux. Camille », Ruel trouvait ça long, inadapté, grotesque, je l’écrivais en écoutant sa chanson, tu sais j’suis pas un mec sympa et j’merde tout ça tout ça, tu sais j’ai pas confiance j’ai pas confiance en moi, tu sais j’ai pas d’espérances, je surlignais « restons-en là », suppr, je le remettais, je l’enlevais, j’appuyais sur Envoyer, tu me répondais presque aussitôt : « Je t’en prie, ne me lâche pas, car c’est en tombant que je mourrai », j’avais peur que ton ivresse te pousse au drame, que tu te supprimes comme on presse une touche, « Je ne peux pas te lâcher, c’est bien le problème », tapais je, tu ne veux pas, corrigeait Ruel, tu es une sombre gourde avec un QI de shampouineuse à Villard-de-Lans, j’envoyais d’un clic, il est malheureux, répliquais je, j’éprouvais son malheur dans mon corps, il m’étreignait comme s’il était mien, j’étais solidaire d’une souffrance intime qu’aucune avanie n’effaçait, la bête à mes yeux ne masquait pas l’ange, j’argumentais ainsi dans le vide, Ruel se taisait, il était très tard, elle en avait assez d’être mon esprit, quelle humiliation, assez de traîner le boulet de ma sentimentalité bouchée à l’émeri, je faisais honte à toutes les femmes, tu allumais une cigarette, « merci, mon amour, à demain, dors bien », concluais-tu,
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2/ Dissociation

3/ Camille Laurens avait neuf ou dix ans
4/ La jumelle insensible