« Lever le tabou », voici l’objectif affiché du collectif contre le viol qui lance mercredi 15 juin une nouvelle campagne, cette fois-ci contre le viol conjugal au moment où la question des agressions sexuelles est en pleine actualité.
Mais en France, si selon une étude du collectif 75.000 femmes sont violées chaque année et dans 8 cas sur 10 par un homme « qu’elles connaissent », le viol conjugal n’a été reconnu qu’en 1990 dans le droit national. Jusqu’alors prévalait officiellement l’obligation du devoir conjugal entre époux, en vigueur depuis 1810.
Pas de « devoir conjugal »
Le viol conjugal « ne doit plus être conforté, ni par le principe du devoir conjugal, alors que celui-ci est révolu depuis plus de vingt ans, ni par l’inégalité persistante entre les hommes et les femmes, qui doit encore être combattue », écrit le collectif.
« De toutes les violences, les violences sexuelles sont les plus taboues, les plus acceptées, les moins judiciarisées », explique le Dr Gilles Lazimi, coordinateur de la campagne qui travaille avec le collectif depuis près de 20 ans. « Il faut lancer le débat », ajoute-t-il.
« Peu de viols font l’objet de plaintes et dans 35% des cas, les plaintes sont déqualifiées (Elles peuvent être requalifiées en agressions sexuelles, délits jugés non plus en cour d’Assises mais devant un tribunal correctionnel, NDLR), 20% sont classées sans suite », affirme Gilles Lazimi.
« La honte doit changer de camp »
Pourtant, selon le médecin, les conséquences de ces violences sexuelles sont multiples, psychologiques et physiques, menant dans 25% des cas jusqu’à une tentative de suicide. Elles le sont d’autant plus que de très nombreuses femmes attendent longtemps avant d’appeler. « 10% d’entre elles attendent 30 ans et plus et 10% plus de 20 ans », souligne Gilles Lazimi.
Pour Emmanuelle Piet, présidente du CFCV, parler de cette réalité des violences faites aux femmes permet de libérer la parole. Selon elle, l’association a constaté une hausse de 30% des appels à son numéro vert « Viols femmes informations » depuis le début de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, accusé d’agression par une femme de chambre à New York.
« La honte doit changer de camp », ajoute cette gynécologue, qui rappelle que « tous les milieux sont concernés ».
Depuis la création de la permanence téléphonique, le collectif a entendu plus de 40.000 victimes dont 6% d’hommes au 0 800 05 95 95 ou au 3919 (violences conjugales info).
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14 juin 2011 – France culture, 8h15 Le CFCV lance une campagne télévisée contre le viol
14 juin 2011 – KAN C NON… C NON ! par le collectif féministe contre le viol
Spot de la campagne contre le viol conjugal du Collectif féministe contre le viol – CFCV