Les immaturo-névrotiques reconnaissent beaucoup de choses, se sentent honteux, parfois coupables, admettent un retentissement sur leur fille, demandent des soins, font une recherche spontanée pour comprendre ce qu’ils ont fait, sont dans une quête plutôt authentique même si tout n’est pas clair dans leur attitude. Ils relèvent d’une thérapie individuelle ou de groupe.
Les immaturo-égocentriques ont des positionnements contrastés, partagés, avec un désir de se comprendre mais aussi un désir de se protéger après l’acte et, au fond, une volonté égocentrique de pâtir le moins possible. Ils admettent des faits ou bien ont des mensonges d’enfant, nient des évidences. Le thérapeute peut avoir de la sympathie pour leur histoire traumatique, mais être irrité par leur nature égocentrique. Ceux-là évoluent peu en psychothérapie individuelle et nous les plaçons dans des groupes pour les confronter à des gens qui ont un peu plus avancé et ont un rapport plus autocritique à eux-mêmes.
Les immaturo-pervers restent défiants, nient les faits, n’ont pas d’empathie ni de sentiment pour leur fille, nient la loi. Ils sont en deçà de toute approche thérapeutique simple, classique. Ils irritent les thérapeutes qui se sentent parfois impuissants et développent un rejet à leur égard, estimant qu’ils méritent plutôt d’être punis que d’être pris en charge. Notre technique consiste à mettre un seul de ces sujets dans chaque groupe pour qu’il soit confronté à d’autres qui ont des positions plus ouvertes, plus critiques. On les trempe en quelque sorte dans un bain humain : cette « trempette » favorise de façon quasi chimique une certaine perméabilité psychique. Nous faisons le pari qu’ils s’imbiberont des questionnements des autres et que leur position tonique, voire tonitruante, qui est une position mégalomaniaque liée à une fragilité, à la peur de l’autre, devienne friable, se fissure. Là, nous sommes à la limite de la recherche, car beaucoup de praticiens se sentent dépourvus d’outils opérationnels face à ces sujets et ne veulent pas s’en occuper.
Je pense pour ma part que, derrière ces attitudes de défi, de bravade, peut se révéler au cours de la psychothérapie une souffrance masquée, un questionnement intérieur, alors que lors de l’expertise psychiatrique, ils ont été décrits comme extrêmement fermés, imperméables à l’interpellation.
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Voir aussi les billets concernant le livre de Roland Coutanceau :
1/ Vivre après l’inceste : Haïr ou pardonner
2/ Peut-on pardonner ?
3/ Un silence difficile à rompre
4/ Désordres relationnels et sexuels
5/ Le père incestueux
*/ L’enfant investi d’une sorte de mission
6/ Les milieux sociaux et culturels
7/ Quelques conséquences sur les survivantes
10/ Les mères
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