Je partage l’opinion de Bram Stocker et de la majorité de mes confrères : les pires des vampires ne sont pas curables.
J’ignore qui oserait entreprendre de soigner un grand pervers ? Le très avisé professeur Van Helsing s’y refuserait de toute évidence : « Mais il reste une autre tâche, en un sens plus importante : découvrir l’auteur de tous ces malheurs et le faire disparaître de ce monde ». Opinion partagée, mot à mot, par Paul-Claude Racamier qui, un siècle plus tard, recommande à une institution : « de se mobiliser dans un sursaut de santé » et de faire la seule chose saine qui soit à faire : « cracher le noyau » pervers qui l’a contaminée.
Mais il ne faut surtout pas brandir cette horrible évidence pour baisser les bras et refuser toute idée de prise en charge. Les grand pervers, les vampires ! ne constituent pas la majorité des condamnés, loin s’en faut. On pourrait même avancer l’hypothèse que les pires d’entre eux ne se font jamais prendre… Un grand nombre de vampires tragiques, est susceptible de recevoir des soins pour « apprendre » à se contrôler. Ils doivent au préalable endosser la responsabilité de leurs crimes et accepter d’être confrontés à la réalité et aux conséquences de leurs actes, sur les victimes notamment.
Des équipes étrangères, anglo-saxonnes pour la plupart, se sont lancées honnêtement dans cette périlleuse aventure avec des succès divers, mais conséquents.
• L’Association francophone internationale des thérapeutes d’agresseurs sexuels (AFITAS) a été créée par le Dr Jocelyn Aubut directeur de l’Institut Pinel de Montréal.
• En France et en Belgique, souvent inspirées par le travail de l’Institut Pinel, des équipes se sont mises au travail.
• Des associations françaises comme l’AFTVS du Dr Roland Coutanceau, l’ARTASS des Drs Claude Balier et Sophie Baron Laforêt ou le GRASC de Bruxelles, ont développé des stratégies de prises en charge des agresseurs sexuels.
Finalement sous la pression d’une opinion publique bien relayée par le secteur associatif et certains professionnels, le Parlement a adopté une loi1 destinée à améliorer la prévention et la répression des infractions sexuelles et mieux protéger les mineurs.
Cette loi, certes répressive, favorise, dans la tradition républicaine, une série de mesures d’assistance aux agresseurs.
L’idée d’un traitement possible a été abandonnée au profit d’un « suivi socio-judiciaire », lequel peut être ordonné en même temps qu’une peine d’emprisonnement ou constituer la peine principale dans certains cas.
Mais cette mesure, qui constitue une sorte de surveillance (plus ou moins rapprochée), peut comprendre une injonction de soins, lesquels peuvent commencer pendant l’exécution de la peine, dans un établissement pénitentiaire permettant d’assurer un traitement médical et psychologique adapté… un joli programme qui ne correspond pas encore à la réalité du terrain.
1. Loi n° 98-468 du 17 juin 1998 « relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs »
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