3/ L’importance du "tuteur de résilience" après les viols par inceste

« Qui me donne une place dans la vie ? »

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Le besoin de se sentir accepté, reconnu n’est pas spécifique de l’enfant. Les adultes l’éprouvent également, et les rares qui choisissent de le nier font souvent preuve d’une personnalité dure ou desséchée, et s’enferment dans leur autosuffisance.
À cet égard, les nombreux travaux menés depuis une trentaine d’années sur le thème du « soutien social » apportent des informations intéressantes 8. Ce terme désigne une variété de formes d’aide que l’individu peut mobiliser, le cas échéant, pour faire face aux difficultés de la vie. Il y a certes l’aide matérielle et les services, mais aussi les marques d’affection, les conseils, le renforcement de l’estime de soi et du sentiment d’appartenance à un groupe.

Ces études montrent qu’il y a un lien direct entre la présence d’un soutien social efficace et l’équilibre psychologique d’une personne. C’est d’ailleurs la qualité plus que la quantité qui compte dans ce domaine, la présence d’un partenaire compréhensif étant fréquemment la principale source de résilience.

Deux psychologues, Lanae Valentine et Leslie L. Feinauer, ont ainsi interrogé des femmes qui avaient été sexuellement abusées dans leur enfance et qui avaient malgré tout réussi à mener une vie relativement normale 9. Pour beaucoup d’entre elles, la rencontre avec un partenaire qui les accepte avec leur histoire jouait un rôle fondamental dans cette reconstruction de leur vie. Par exemple, disait l’une d’elles, « mon mariage a été la décision la plus importante de ma vie. Avoir quelqu’un qui croit en moi a fait toute la différence 10. »
De même, une enquête intitulée « Briser le cercle de la maltraitance 11 » montre que les mères ayant subi des sévices graves pendant leur enfance et qui ne reproduisent pas le comportement de leurs parents ont bénéficié nettement plus souvent d’un soutien affectif de la part d’un adulte non maltraitant pendant leur enfance, et ont aussi plus souvent des relations satisfaisantes avec un conjoint. Par ailleurs, elles reconnaissent les effets que la maltraitance parentale ont eus sur elles, et les risques potentiels que cela peut entraîner sur leurs propres comportements en tant que mères.

8. Voir notamment les synthèses dans M. Tousignant, Les origines sociales et 
culturelles des troubles psychologiques, Paris, PUF, 1992, chap. 3, et J. C. Coyne et 
G. Downey, «Social factors and psychopathology: stress, social support, and coping 
process», Annual Review of Psychology, 1991, n° 42, p. 401-425.
9. L. Valentine et L. Feinauer, «Resilience factors associated with female survivors of childhood sexual abuse», The American Journal of Family Therapy, 1993, 
vol. 21, n° 3, p. 216-224.
10. Ibid., p. 218.
11. B. Egeland, D. Jacobvitz et A. Sroufe, «Breaking the cycle of abuse», Child 
Development, 1988, vol. 59, p. 1080-1088.

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