Volage, enjoué et entreprenant, M. Récamier est et demeurera un homme de sa génération, la dernière qui, au xve siècle, aura librement usé et abusé de la fameuse « douceur de vivre ».
Récamier, on l’imagine sans peine, séduit Mme Bernard. Il écrira quinze ans plus tard, dans une lettre à sa famille annonçant son mariage – lettre sur laquelle nous reviendrons : « On pourra dire que mes sentiments pour la fille tiennent à ceux que j’ai eus pour la mère. » Sentiments qu’il qualifie prudemment « d’un peu vifs, peut-être ». La litote entend déjouer par avance les objections lyonnaises à son mariage inattendu : car tout le monde devait être au courant de sa liaison avec Mme Bernard et l’effort qu’il fait pour en atténuer le souvenir ne réussit, au contraire, qu’à l’accentuer.
Rien de bien étonnant à cette mutuelle inclination, dans un milieu où commençait à s’installer une plus grande permissivité. Les formes étaient respectées, comme il était d’usage, en cela comme en tout, l’aristocratie donnant l’exemple, mais personne n’était dupe. Que ces deux jeunes gens – ils ont moins de vingt-cinq ans – brillants, beaux et non dénués d’arrivisme se soient entendus, c’est évident. Récamier a aimé Mme Bernard, il le reconnaît. Mme Bernard avait-elle un cœur ? C’est une autre question…
Dans ces conditions, il est parfaitement envisageable que Juliette ait été la fille de Récamier. Pour l’instant, cela ne fait pas problème.
Ajoutons que lorsque Mme Bernard aura prématurément disparu, Bernard, Simonard et Récamier resteront intimement liés, continuant de partager le même ménage ou, si l’on préfère, la même organisation domestique. À tel point, que le narquois Brillat-Savarin ne les évoquera jamais que réunis sous l’appellation générique de « pères nobles » 1
1. Extrait d’un manuscrit inédit de Marie-Antoinette Récamier (1754-1823) sur « Jacques-Rose Récamier le banquier et sa femme », écrit en 1813 ou 1814. (Manuscrits B.N. Fonds Récamier, NAF 14088.)
Récamier, on l’imagine sans peine, séduit Mme Bernard. Il écrira quinze ans plus tard, dans une lettre à sa famille annonçant son mariage – lettre sur laquelle nous reviendrons : « On pourra dire que mes sentiments pour la fille tiennent à ceux que j’ai eus pour la mère. » Sentiments qu’il qualifie prudemment « d’un peu vifs, peut-être ». La litote entend déjouer par avance les objections lyonnaises à son mariage inattendu : car tout le monde devait être au courant de sa liaison avec Mme Bernard et l’effort qu’il fait pour en atténuer le souvenir ne réussit, au contraire, qu’à l’accentuer.
Rien de bien étonnant à cette mutuelle inclination, dans un milieu où commençait à s’installer une plus grande permissivité. Les formes étaient respectées, comme il était d’usage, en cela comme en tout, l’aristocratie donnant l’exemple, mais personne n’était dupe. Que ces deux jeunes gens – ils ont moins de vingt-cinq ans – brillants, beaux et non dénués d’arrivisme se soient entendus, c’est évident. Récamier a aimé Mme Bernard, il le reconnaît. Mme Bernard avait-elle un cœur ? C’est une autre question…
Dans ces conditions, il est parfaitement envisageable que Juliette ait été la fille de Récamier. Pour l’instant, cela ne fait pas problème.
Ajoutons que lorsque Mme Bernard aura prématurément disparu, Bernard, Simonard et Récamier resteront intimement liés, continuant de partager le même ménage ou, si l’on préfère, la même organisation domestique. À tel point, que le narquois Brillat-Savarin ne les évoquera jamais que réunis sous l’appellation générique de « pères nobles » 1
1. Extrait d’un manuscrit inédit de Marie-Antoinette Récamier (1754-1823) sur « Jacques-Rose Récamier le banquier et sa femme », écrit en 1813 ou 1814. (Manuscrits B.N. Fonds Récamier, NAF 14088.)
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