On retrouve cette indifférence émotionnelle dans un contexte très différent, celui du camp de concentration, avec à nouveau les vertus positives et négatives d’une telle réaction. Le psychiatre V. Frankl précise qu’après une première phase assez courte d’intense choc émotionnel, les prisonniers passaient au stade de l’indifférence et de l’insensibilité aux émotions.
Par exemple, ils ne détournaient plus les yeux lorsqu’ils voyaient leurs compagnons d’infortune subir un châtiment quelconque. Ils étaient devenus insensibles aux émotions, indifférents à tout. Rentrer dans leur coquille leur évitait d’être atteints psychologiquement par les drames qui se jouaient autour d’eux. L’indifférence « faisait partie du mécanisme d’autodéfense de chaque prisonnier. La réalité s’estompait alors, et il pouvait concentrer tous ses efforts sur une seule chose ; sauver sa peau et aider ses compagnons à sauver la leur 42. »
Réaction utile de survie donc, mais qui comporte aussi sa face noire, puisque cette réaction, nous dit V. Frankl, réduisait également la vie intérieure du prisonnier à un état quasi primaire.
42 V. Frankl, Découvrir un sens à sa vie, op. cit. p. 47
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