Outreau, la promesse non tenue de Nicolas Sarkozy

29 Janvier 2012
Par Caprouille
Outreau, la promesse non tenue de Nicolas Sarkozy faite à Chérif DELAY : quelle est la valeur des enfants victimes ?
Les acquittés de l’affaire d’Outreau avaient été invités en grandes pompes à l’Élysée par Dominique Perben peu après leur acquittement, Jacques Chirac Président de la République, leur avait présenté ses excuses par un courrier individuel et personnalisé, Yves Bot Procureur leur avait exprimé ses regrets ( la veille du délibéré ce qui aurait pu lui valoir une lourde peine), ils avaient été reçus par Pascal Clément garde des sceaux et Dominique de Villepin 1er ministre à Matignon et sur de nombreux plateaux de TV, plusieurs livres et 1 film leur furent consacrés.
Ils reçurent l’empathie de toute la nation après la propagande médiatique orchestrée par les avocats de la défense , ils furent indemnisés de façon faramineuse (entre 250 000 et 350 000 € !) et pour certains ils décrochèrent un emploi qu’ils n’auraient jamais eu s’ils n’avaient pas été un des acquittés, tel que le poste de journaliste de Karine Duchochois qui fait encore grincer quelques dents chez les quelques laborieux étudiants en journalismes qui n’ont eu semblable opportunité, ou le poste spécialement créé pour elle d’Odile Marécaux-Polvèche, infirmière scolaire dans un collège de Bretagne et quand ils passent en correctionnelle comme Daniel Legrand pour trafic de drogue ou les Lavier pour violences habituelles et corruption de mineurs, (on va dire présumés pour la forme) on voit qu‘il leur ait manifestement accordé un régime de faveur !
Quant aux enfants victimes, outre l’effroyable abomination des viols et tortures endurés, ils ont subis les sarcasmes de Dominique Wiel et ses acolytes pendant le procès (pas très chrétien comme attitude), les pressions et les vindictes des avocats de la défense, les menaces et les coups de la part de certains inculpés, (ce qui a contraint certains enfants victimes à abandonner leur plainte), l’omerta la plus totale concernant leur statut de victime, seulement 35 000 € (10 fois moins que certains acquittés) d’indemnisation, le mépris voire les insultes du grand public lobotomisés par des médias au service de la défense, l’abandon de la République concernant leur sort : qui parmi les acteurs de cette gabegie peut me dire ce que sont devenus les enfants victimes de cette affaire ?

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Inceste : la contagion épidémique du silence par Dorothée Dussy


Anthropologie et Sociétés, vol. 33, n° 1, 2009, p. 123-139.
Dans les sociétés occidentales, les situations avérées d’inceste se caractérisent exclusivement par des faits de viols ou d’agressions à caractère sexuel sur un ou plusieurs enfants de la famille.
Parfois, les agressions se poursuivent même une fois l’enfant devenu adulte, si ni lui, ni son agresseur, ni les circonstances n’y mettent fin. Dans de très rares cas, il arrive que de ces agressions initiales commence ce qui est ensuite vécu comme une liaison amoureuse. En revanche, il n’arrive jamais – les exceptions sont théoriquement toujours possibles quoique, une fois l’enquête menée, je n’en aie trouvé aucune occurrence – qu’un père et une fille, ou bien un frère et une soeur, ou encore une grand-mère et son petit-fils se marient, ou entament une liaison à un âge où les deux partenaires sont capables d’un consentement éclairé.
En tant qu’ethnologue qui décrit le monde social en m’appuyant sur le champ d’expériences des acteurs, je désignerai donc par le terme « inceste » les agressions sexuelles intrafamiliales commises sur des personnes mineures. La littérature qui traite de l’inceste dans sa dimension empirique, celle à laquelle je m’intéresse, a depuis longtemps montré la place centrale du silence entourant ces situations d’agressions répétées.
Émanant des disciplines de la santé mentale ou des mouvements féministes, et visant à améliorer la prise en charge des victimes et à prévenir de nouvelles situations d’inceste, la littérature a principalement discuté de la nécessité, individuelle et collective, thérapeutique et judiciaire, de sortir du silence.
Je souhaiterais ici décentrer l’objectif, et simplement explorer la dynamique qui habite le silence autour de l’inceste et qui le porte, dans la vie quotidienne des acteurs de notre monde social.
J’aborderai cette exploration selon trois registres d’observation.
• D’abord auprès d’enfants violés devenus adultes, pour lesquels, jusqu’à ce qu’ils aient révélé l’inceste, la question du « dire » constitue une thématique à la fois centrale et douloureuse.
• Ensuite, point de vue des anthropologues, dans la mesure où en tant que spécialistes de la formulation des règles sociales et théoriciens de l’interdit de l’inceste, ils sont des acteurs sociaux particuliers dont il est intéressant d’interroger le discours sur l’inceste.
• Enfin, à l’échelle collective, celle de la société, à l’heure où l’inceste marque régulièrement l’actualité.

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