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On peut trouver une première piste de réponse si l’on observe plus spécifiquement les rapports de force engendrés par un don. Celui qui offre fait violence, en quelque sorte, à celui qui reçoit ; quelle que soit l’attitude du receveur – acceptation ou refus du don -, celui-ci se trouve en position d’infériorité. S’il refuse, il fait injure au donateur, entraînant ainsi des rapports conflictuels. S’il accepte, il se doit de rendre le présent, souvent, d’ailleurs, avec l’obligation tacite d’augmenter la valeur du don fait en retour, ce qui crée une nouvelle dette à l’égard du premier donateur. Les valeurs de libéralité, de prodigalité démontrées dans ce cas, cachent, bien plus que le simple intérêt pour le contre-don, la volonté de marquer une certaine suprématie, de s’affirmer sur le plan social. Le système de don tel qu’il existe dans les sociétés occidentales actuelles possède d’ailleurs des règles relativement bien définies. Pour celui qui donne, mais aussi pour celui qui sait recevoir puis rendre à son tour, c’est à la fois une demande de reconnaissance qui se trouve exprimée, mais aussi la recherche de la place que l’individu veut ou peut occuper au sein de la société. Le rapport de force et la quête de connaissance sont ce qui pousse les individus à donner et, de fait, à rendre ce qui a été donné.
« ( … ) la distribution des biens est l’acte fondamental de la «reconnaissance » militaire, juridique, économique, religieuse, dans tous les sens du mot »
Marcel Mauss, Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés
archaïques, PUF, 1950 (1924 pour la première édition) p. 209-2010.
Autres billets sur le livre : Les éléments du corps humain, la personne et la médecine :
Livre – E. Grand, C.Hervé, G.Moutel – Les éléments du corps humain, la personne et la médecine
Réflexion sur le don selon Marcel Mauss (suite)
4 réflexions au sujet de « Réflexion sur le don selon Marcel Mauss »
Comment j’interprète ma relation au blog, (Au départ, il s’agissait d’un partage pour une étude) ça cela a été une chose qui ne m’a jamais inquiétée car je ne l’ai jamais bien retenue dans ma tête, j’espère simplement que cela vous a aidée, mais pour moi ce blog à toujours été une aide en plus de mon suivi avec mes psychiatres, un travail en commun avec Emmanuelle, en permanence avec elle. Emmanuelle me fait travailler sur de nouvelles choses, mots, situations, mon attitude etc… je dirais aussi que je raconte mon vécu quand j’y arrive mais là, je ne sais pas si c’est un bon partage, je ne sais pas si j’apporte beaucoup en faisant cela, parfois je me dis que je peux faire fuir avec mes écrits, que je peux peut-être augmenter certaines souffrances des personnes, des blessures et là je doute. Mais ce que je souhaiterais plus que tout c’est que d’autres personnes puissent en faire autant, venir déposer des mots afin de pouvoir panser leurs blessures et de permettre à d’autres d’en faire autant, ainsi de suite comme une chaîne de l’espoir. Voilà comment je me vois sur ce blog comme un début de maillon un tout petit.
De mon coté ce blog aussi, et cela je l’ai toujours écrit, m’apporte une stabilité un mieux être et une diminution sur mes pulsions et cela me permet de ne pas me refermer sur moi-même.
Et j’aimerais prononcer le mot victime me concernant sans avoir ce doute en moi et violeurs, agresseurs… bien faire la part des choses sans en avoir honte ou quoi que ce soit d’autre voilà ce que va aussi m’apporter ce blog, ce travail un début qui a commencé et ce mot dissociation qui m’effraye toujours…
je suis sans voix, le mot don le fait d’offrir mon histoire m’angoisse je veux juste donner ce petit élan pour cette chaîne d’espoir montrer que c’est possible d’écrire quelque part et d’être comprise et entourée comme ici 🙂
Comment je me sens je sais pas je pense que je vais le découvrir peu à peu et je vous le redirais 😉 là sur le moment extrêmement angoissée, le mot don m’angoisse sinon pour moi le blog à mes yeux ne change pas c’est comme un médicament sans effet secondaire :)) à volonter :))
mais je ne sais pas non plus comment vont être nos échanges avec Emmanuelle car faire ce travail seule c’est toujours très dur pour moi, mais je sais une chose Emmanuelle veut toujours m’aider mais la question est comment ? le fait que ce n’est plus un échange d’étude… je crois que c’est ce côté là qui m’angoisse… nos échanges thèmes etc.. l’angoisse de me laisser aller et de revoir mes anciennes pulsions qui se sont nettement atténuées revenir… et de rester sur les souvenirs ouverts… ressortis mais je sais que je dois travaillier 🙂 pour éviter cela…
Maintenant quand je propose de payez je ne sais plus car je viens de découvrir que cela pouvais faire mal à la personne qu’elle pouvait ne pas bien le prendre pour différentes raisons. Je ne pensais pas qu’un don pouvait blesser et cela je ne le souhaite pas… par contre je vais sûrement faire comme l’autre association participer et cela ira à l’association et continuer à écrire sur ce blog continuer mon travail représenter ce tout petit maillon de cette chaîne.
Je vous remercie encore encore à tous de vos commentaires, de votre gentillesse, de patience et de prendre le temps de me lire merci.
Emmanuelle vous savez ce que je pense de vous mais je voudrais vous redire merci 🙂
Beatrice
Si on se réfère juste à cet extrait, il s’agit de dons fait d’un adulte à un autre adulte. Effectivement il y a des dons qui peuvent faire violence. Je pense qu’il est plus facile de donner que de recevoir ; recevoir met en position passive, sauf si auparavant on a demandé le don (le cadeau à l’autre) et dans ce cas on est dans le registre de la parole.
Il y a une technique dans certaines sectes qui consiste à aller auprès des personnes démunies après une catastrophe. On leur donne sans apparemment rien demander en retour, mais ensuite quand le donateur passe au registre du recrutement (trouver de nouveaux adeptes) la reconnaissance fait qu’il est très difficile de ne pas dire non.
Il me semble aussi que Marcel Mauss parle de la relation verticale entre celui qui donne et qui reçoit. Il s’agit du don fait par les parents à leurs enfants. Quand ceux-ci sont devenus adultes, ils transmettent le don à leurs enfants et ainsi de suite.
Il insiste aussi sur le fait que quand la relation verticale est impossible, il est possible de rendre le don de manière horizontale. C’est ce dont parle Béatrice (les dons aux oeuvres, les dons d’organes etc). Ces dons qui permettent la vie, ouvrent sur une fécondité que l’on peut peut-être qualifier de spirituelle, mais qui est très importante. Quand on ne peut pas rendre à la personne qui vous a donné, on peut se tourner vers les autres et leur faire partager ce que l’on a soi-même reçu.
Disons que c’est ce que j’avais retenu d’une conférence sur Marcel Mauss.
Catherine Lestang
Un don est compliqué à faire mais pour moi si c’est fait avec amour franchise respect, je ne vois pas le problème et faire un don c’est pour un but bien précis pas pour l’histoire de se rendre intéressent et je n’attends pas de retour non plus. Un don d’organe c’est ce qui est de plus beau sauver une vie 🙂 un don financier aider une association dans le besoin ou une personne pour montrer sa reconnaissance… cela peut être ça aussi mais « pas à rendre ce qui a été donné « . J’aime pas ce morceau dans ce texte la seule chose ne pas mettre et faire surtout mettre mal à l’aise la personne à qui on le fait si c’est le cas alors il faut en parler avec elle, trouver une autre solution, mais en parler pour éviter toutes discordes ou tensions le but d’un don, de ce geste ce n’est pas cela.
C’est avant tout un respect, le faire dans le respect, respecter chaque personne.
merci pour le message.
Beatrice
Comment interprétez-vous votre relation au blogue ? Vous donnez, vous partagez. Au départ, il s’agissait d’un partage pour une étude et maintenant, il n’y a plus d’étude et l’échange, le don, c’est vous et votre histoire contre une volonté d’aide de la part des aidants. Mais comment vous sentez-vous dans cette nouvelle relation ? Quelle est votre idée quand vous proposez de payer.
Le blogue fait partie d’une association et tout don financier passera par l’association.
Emmanuelle Cesari