Corruption de mineurs : jugement jeudi 23 février pour les Lavier, acquittés d’Outreau

Mercredi 22 février 2012 à 14h12 – AFP
Le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer doit rendre jeudi son jugement concernant de couple Lavier, acquitté dans l’affaire d’Outreau mais poursuivi depuis pour corruption de mineurs et violences sur deux de leurs enfants.
Une même peine de 18 mois de prison avec sursis a été requise à l’audience le 26 janvier à l’encontre de Sandrine et Franck Lavier, âgés de 34 et 33 ans. En début d’année dernière, deux de leurs cinq enfants, un garçon et une fille de 10 et 11 ans, avaient dénoncé des maltraitances sans caractère sexuel, après avoir fugué et avoir été placés chez une assistante maternelle.
Une vidéo datant de mars 2009 – prise lors d’une fête arrosée et mettant en scène des adultes plus ou moins dénudés simulant des actes sexuels en présence d’enfants – avait ensuite été saisie au domicile des Lavier, lors d’une perquisition consécutive à la découverte de ces faits. Par la suite, de nouvelles perquisitions ont permis de découvrir d’autres photos et vidéos d’une demi-douzaine de soirées similaires, entre 2008 et 2009. Quatre proches des Lavier présents lors de ces fêtes, sont également poursuivis pour corruption de mineurs. Une peine de huit mois de prison a été requise contre trois d’entre eux et une dispense de peine pour le dernier. Dans son réquisitoire, la procureure Nathalie Bany a rappelé que la corruption de mineurs consistait à « exposer au regard des enfants des scènes manifestement obscènes sans chercher à les protéger ». « Quel genre d’images familiales a-t-on renvoyées à ces enfants avec ces scènes obscènes et répétées ? On nous dit qu’il s’agit juste de délires, de fêtes, mais mimer des actes sexuels, passant de la fellation à la sodomie, en quoi peut-on dire que c’est une fête ? », s’était interrogé la magistrate.
« Les enfants ne sont pas spectateurs de ces scènes qui ne sont pas ouvertement sexuelles. Tout au plus devine-t-on qu’ils peuvent être à proximité. Si cela c’est de la corruption de mineurs, on marche sur la tête », s’est insurgé Me Frank Berton, l’avocat de Frank Lavier. Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe dans ce volet du dossier. « On ne calcule pas toujours le fait qu’il y ait des gosses à côté de nous », avait quant à elle déclaré Sandrine Lavier, exprimant des regrets.
Son époux avait reconnu qu’ils n’auraient « pas dû avoir un comportement ou des dialogues aussi crus en présence des enfants ». Selon l’accusation, constatations d’un médecin légiste à l’appui, les enfants qui avaient fugué étaient obligés de rester pendant des heures à genoux sur un balai en guise de punition. Les bouts des doigts de la fillette portaient également des traces de coups portés avec des lattes de sommier. Le couple a contesté les accusations de maltraitances, expliquant qu’ils étaient quelquefois « dépassés ». Jugeant « démesurée » la peine réclamée, leurs avocats avaient demandé une « peine symbolique ».
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17 février 2012 – QPC – Définition du délit d’atteintes sexuelles incestueuses

Décision n° 2012-222 QPC du 17 février 2012
M. Bruno L. [Définition du délit d’atteintes sexuelles incestueuses]
Le Conseil constitutionnel a été saisi le 16 décembre 2011 par la Cour de cassation (chambre criminelle, arrêt n° 7050 du 7 décembre 2011), dans les conditions prévues à l’article 61-1 de la Constitution, d’une question prioritaire de constitutionnalité posée par M. Bruno L., relative à la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit de l’article 227-27-2 du code pénal.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL,
Vu la Constitution ;
Vu l’ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 modifiée portant loi organique sur le Conseil constitutionnel ;
Vu le code pénal ;
Vu la décision du Conseil constitutionnel n° 2011-163 QPC du 16 septembre 2011 ;
Vu le règlement du 4 février 2010 sur la procédure suivie devant le Conseil constitutionnel pour les questions prioritaires de constitutionnalité ;
Vu les observations produites par le Premier ministre, enregistrées le 10 janvier 2012 ;
Vu les observations produites pour le requérant par Maître Joanny Moulin, avocat au barreau de Marseille, enregistrées le 13 janvier 2012 ;
Vu les pièces produites et jointes au dossier ;
Me Moulin pour le requérant et M. Xavier Pottier, désigné par le Premier ministre, ayant été entendus à l’audience publique du 7 février 2012 ;

Le rapporteur ayant été entendu ;

1. Considérant qu’aux termes de l’article 227-27-2 du code pénal : « Les infractions définies aux articles 227-25, 227-26 et 227-27 sont qualifiées d’incestueuses lorsqu’elles sont commises au sein de la famille sur la personne d’un mineur par un ascendant, un frère, une sœur ou par toute autre personne, y compris s’il s’agit d’un concubin d’un membre de la famille, ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait » ;

2. Considérant que, selon le requérant, en ne définissant pas les liens familiaux qui conduisent à ce que des atteintes sexuelles soient qualifiés d’incestueuses, ces dispositions portent atteinte au principe de légalité des délits et des peines ;

3. Considérant que le législateur tient de l’article 34 de la Constitution, ainsi que du principe de légalité des délits et des peines qui résulte de l’article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, l’obligation de fixer lui-même le champ d’application de la loi pénale et de définir les crimes et délits en termes suffisamment clairs et précis ;

4. Considérant que, comme le Conseil constitutionnel l’a jugé dans sa décision du 16 septembre 2011 susvisée, s’il était loisible au législateur d’instituer une qualification pénale particulière pour désigner les agissements sexuels incestueux, il ne pouvait, sans méconnaître le principe de légalité des délits et des peines, s’abstenir de désigner précisément les personnes qui doivent être regardées, au sens de cette qualification, comme membres de la famille ; que, par suite, la disposition contestée doit être déclarée contraire à la Constitution ;

5. Considérant qu’aux termes du deuxième alinéa de l’article 62 de la Constitution : « Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l’article 61-1 est abrogée à compter de la publication de la décision du Conseil constitutionnel ou d’une date ultérieure fixée par cette décision. Le Conseil constitutionnel détermine les conditions et limites dans lesquelles les effets que la disposition a produits sont susceptibles d’être remis en cause » ; que, si, en principe, la déclaration d’inconstitutionnalité doit bénéficier à l’auteur de la question prioritaire de constitutionnalité et la disposition déclarée contraire à la Constitution ne peut être appliquée dans les instances en cours à la date de la publication de la décision du Conseil constitutionnel, les dispositions de l’article 62 de la Constitution réservent à ce dernier le pouvoir tant de fixer la date de l’abrogation et reporter dans le temps ses effets que de prévoir la remise en cause des effets que la disposition a produits avant l’intervention de cette déclaration ;

6. Considérant que l’abrogation de l’article 227-27-2 du code pénal prend effet à compter de la publication de la présente décision ; qu’à compter de cette date, aucune condamnation ne peut retenir la qualification de délit « incestueux » prévue par cet article ; que, lorsque l’affaire a été définitivement jugée à cette date, la mention de cette qualification ne peut plus figurer au casier judiciaire,

D É C I D E :

Article 1er.- L’article 227-27-2 du code pénal est contraire à la Constitution.

Article 2.- La déclaration d’inconstitutionnalité de l’article 1er prend effet à compter de la publication de la présente décision dans les conditions fixées au considérant 6.

Article 3.- La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française et notifiée dans les conditions prévues à l’article 23-11 de l’ordonnance du 7 novembre 1958 susvisée.

Délibéré par le Conseil constitutionnel dans sa séance du 16 février 2012, où siégeaient : Jean-Louis DEBRÉ, Président, M. Jacques BARROT, Mme Claire BAZY MALAURIE, MM. Guy CANIVET, Michel CHARASSE, Renaud DENOIX de SAINT MARC, Mme Jacqueline de GUILLENCHMIDT, MM. Hubert HAENEL et Pierre STEINMETZ.

Rendu public le 17 février 2012.

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