Les technologies du cerveau par Geneviève Ferone et Jean-Didier Vincent

Chapitre 5

Les technologies du cerveau

« Ces autres, il les voyait comme autant de cellules, et l’ensemble de ces cellules formait le dessin de ce que l’humanité deviendrait dans la joie.
Un sentiment de vénération montait en lui. Il savait que ce sentiment n’était autre que ce qu’il avait toujours été pour le reste de l’humanité, c’est-à-dire le respect de soi-même.
Il étendit les bras. Et des larmes lui emplirent les yeux. Ces étranges yeux.
Merci ! leur répondit-il à tous. Merci ! Merci ! …
Et en toute humilité, il se joignit à leur compagnie. »

THEOOORE STURGEON,
Les plus qu’humains 
Il n’y a pas un objet connu dans notre univers qui égale en complexité un cerveau humain.
Les milliards d’étoiles de la Voie lactée gouvernées par la mécanique céleste ne sont pas comparables à l’admirable architecture des cent milliards de cellules (neurones) contenues dans les 1 500 grammes de matière cérébrale. Et cependant, ce cerveau à l’œuvre dans le corps de l’homme n’aurait rien d’humain s’il n’était confronté à d’autres cerveaux semblables au sien dont il tire la conscience de sa propre existence – autrement dit sa suhjectivité qui s’exprime dans sa capacité de dire « je ».
Cet ego que l’on peut désigner sous le terme de psyché implique donc un échange de sens avec l’autre : l’autre qui pense en soi et à la place de qui je pense. En avançant cette proposition, nous nous plaçons dans une perspective résolument humaniste et en réaction contre le « paradigme cybernétique 1» où nous entraînent les sciences de l’information et certaines dérives des sciences dites « cognitives ».
Que se passe-t-il lorsque au lieu de son semblable, un cerveau humain doit faire face à une machine ?
A quel niveau d’intégration se situeront les échanges entre ces deux entités? On obtient une réponse facile si l’on considère que le cerveau humain est lui-même une machine. L’existence des hommes se résumerait alors à des échanges d’informations entre des corps intelligents se comprenant mutuellement grâce à des codes partagés auxquels s’ajouteraient des émotions au service de leurs facultés intellectives. A la rationalité instrumentale ou effective s’ajouterait la rationalité expressive ou affective. Nous n’avons rien a priori contre l’idée d’une machine sentimentale. Notre conviction profonde demeure, toutefois, que le cerveau humain ne peut être réduit à une condition machinale dans laquelle il serait amputé d’une part importante de son essence.

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1. Céline Lafontaine, L’empire cybernétique, Le Seuil, 2004. 

La mémoire face au traumatisme – un aspect par Kieser ’l Baz (Illel)

Les neurosciences… et l’imaginaire ?
vendredi 17 août 2012,
 par Kieser ’l Baz (Illel)
La mémoire face au traumatisme – un aspect

Lors d’un traumatisme, les systèmes de mémoire implicite de l’amygdale et explicite de l’hippocampe emmagasinent différents aspects de l’événement. Plus tard, l’hippocampe vous permettra de vous souvenir de l’endroit où c’est arrivé, avec qui vous étiez, l’heure qu’il était, etc. À travers l’activation de l’amygdale, vos muscles se raidiront, votre pression augmentera, votre estomac se nouera, etc.
Parce que ces deux systèmes sont mis en branle par les mêmes indices de rappel, nous ne sommes pas conscients de leur spécialisation. Mais certaines expériences et l’observation de cas pathologiques mettent en évidence leur indépendance. Nos systèmes de mémoire explicite (hippocampe) et implicite (amygdale) fonctionnant en parallèle expliquent pourquoi nous ne nous souvenons pas des traumatismes qui se sont produits au début de la vie. 
En effet, l’hippocampe est encore immature lorsque l’amygdale est déjà capable de stocker des souvenirs inconscients. Un traumatisme précoce pourra perturber les fonctions mentales et comportementales d’un adulte par des mécanismes inaccessibles à la conscience. On sait que l’amygdale, lorsqu’elle est activée par un stimulus émotionnel significatif, va déclencher toutes sortes de réponses corporelles dont le relâchement d’adrénaline par les glandes surrénales. C’est cette adrénaline qui, par une voie qui reste encore à préciser, va favoriser un encodage plus efficace des souvenirs dans l’hippocampe et le lobe temporal. C’est ainsi que l’on retiendra d’autant mieux les choses qui ont de l’importance pour nous, autrement dit les choses qui provoquent des émotions en nous.
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