4/ Le concept de multiplicité du psychisme par Richard Schwartz

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Plus récemment, les chercheurs ont développé des ordinateurs avec processeurs en parallèle (qui travaillent en même temps) communiquant les uns avec les autres, mais largement indépendants les uns des autres. Ces ordinateurs parallèles sont capables de « penser » d’une façon beaucoup plus proche de celle de l’intelligence humaine que les ordinateurs en série d’autrefois (Wright, 1986). Marvin Minsky (1986), l’un des fondateurs de l’intelligence artificielle, conclut : 
« Utiliser l’image de l’agent unique est devenu un sérieux handicap dans l’élaboration de nouvelles idées en psychologie. La compréhension de l’esprit humain est sûrement l’une des tâches les plus ardues à laquelle l’intelligence humaine fait face. La légende d’un Self unique et simple ne peut que nous distraire du but de cette recherche. (p. 51) ( … ) Tout cela suggère qu’il est raisonnable de penser qu’il existe, à l’intérieur de notre cerveau, une société d’esprits. Comme les membres d’une famille, les différents esprits peuvent travailler ensemble pour s’aider les uns les autres, chacun ayant cependant sa propre expérience mentale dont les autres ne savent rien. (p. 290). »

Dans le domaine de la psychothérapie, des indices qui soutiennent la thèse de la multiplicité méritent d’être mentionnés. John et Helen Watkins (1979) ont poursuivi les recherches d’Ernest Hilgard (1977, 1979), qui a décrit ce qui a été appelé le phénomène de l’« observateur caché « .
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3/ Faire confiance aux patients par Richard Schwartz

Introduction page 3

L’histoire de la psychothérapie offre de nombreux exemples de thérapeutes ayant cessé d’écouter. Comme le rapporte Judith Herman (1992), les premières investigations de Sigmund Freud sur l’hystérie portaient bien cette marque de qualité provenant d’une écoute et d’une curiosité authentiques, fruits d’heures innombrables que lui-même et Pierre Janet avaient passées à s’entretenir avec des femmes atteinte de ce trouble. 
 » Le travail au travers des cas [que Freud] rapporte révèle qu’il était un homme animé d’une telle curiosité qu’il était capable de mettre de côté ses propres idées préconçues pour écouter. Ce qu’il entendait était épouvantable. Ses patientes lui parlaient sans cesse d’histoires de maltraitance, d’abus sexuels et d’inceste. (Herman, 1992, p. 13) 
Cette curiosité l’a ainsi amené à entrevoir ce qui était alors culturelement même impensable. Après avoir écrit un premier article sur ses découvertes concernant les traumatismes sexuels, Freud se rétracta e commença à élaborer des explications alternatives qui n’impliquaient pas la responsabilité des homrries envers ces femmes. Pour y arriver, il dut s’arrêter d’écouter et commencer à interpréter. À la différence de ses articles du début qui relevaient d’une relation de collaboration avec ses patientes, dans son dernier article sur l’hystérie – au sujet de Dora, que son père offrait à ses amis comme objet sexuel –, Freud décida d’ignorer l’humiliation et la colère intérieure de la victime, et insista pour explorer ses sentiments érotiques, comme si elle avait désiré la situation (Herman,1992).