Annie Busin a posé ses séduisants et énigmatiques bustes féminins le temps d’une exposition à l’Espace Point Barre dans le Vieux-Lille.
Outre les sculpteurs permanents de la galerie, Espace Point Barre présente régulièrement des expositions « coups de cœur », ceux de Jean-Pierre Gambier son fondateur et de Géry Descamps, son associé. C’est ainsi qu’ils ont rencontré un jour par hasard Annie Busin dont l’atelier est à deux pas de leur galerie. Subjugués par son travail, ils ont eu envie de faire partager au public leur émotion. Avec une exposition en moyenne tous les 10 ans, Annie Busin est du genre discret. Ce petit bout de femme énergique et sensible se consacre depuis longtemps à l’art et à son enseignement notamment auprès d’enfants psychotiques ou d’adultes handicapés à l’association « La Sauvegarde ». De ses années de militante féministe, elle a gardé une admiration sans bornes pour la condition féminine.
Chaque corps est « habité » et abrite avec pudeur sa propre blessure. Annie Busin
Curieusement, l’idée qui a présidé à l’élaboration des œuvres d’Annie Busin ne correspond pas à la perception que l’on en a. Hormis les titres qui explicitent le propos, les 13 bustes et les 2 diptyques exposés à l’Espace Point Barre affichent un parti pris très esthétique et décoratif et ces 6 ans de travail sur le corps de la femme demandent, si l’on veut en prendre toute la mesure, un examen attentif qui permettra de découvrir la blessure secrète de ces corps si beaux en apparence. Annie Busin a travaillé sur le prix de la séduction et des violences faîtes aux femmes dans toutes les sociétés (excision, geishas, femmes girafes, corset, viol, prostitution, femmes tondues …). Pour mieux nous en parler, elle a habillé des mannequins anciens en carton bouillis de rutilantes mosaïques créées à partir de faïence, porcelaine ou pâte de verre qu’elle découpe, ponce, emboîte et colle à côté de minuscules coquillages, de petits cailloux ou de larmes de perles.
Françoise Objois
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