Erica, le premier robot avec une IA, décroche le rôle principal dans un film

Erica, le premier robot avec une IA, décroche le rôle principal dans un film
Par Louis Neveu – Journaliste
Publié le 26/06/2020

Pour la première fois, la vedette d’un long-métrage sera un véritable robot humanoïde doté d’une intelligence artificielle. Et ce n’est pas simple pour une IA de jouer son propre rôle…

Elle s’appelle Erica et c’est un véritable robot humanoïde animé par une intelligence artificielle. Surtout, elle va jouer son propre rôle en tant qu’IA vedette d’un film de science-fiction.
En d’autres termes, il s’agit d’une première dans l’histoire du cinéma, alors que dans les films, des acteurs interprètent des robots humanoïdes, avec plus ou moins de talent, de réalisme et d’effets spéciaux. Pour une fois, il n’y aura pas besoin de simuler l’étrange regard vide d’un robot aux traits humains.
Baptisé simplement « b », ce film d’un budget de 70 millions de dollars relate les aventures d’un scientifique qui a découvert les dangers d’un code conçu pour améliorer l’ADN humain. C’est-à-dire qu’il aide Erica, le robot humanoïde doté d’une IA qu’il a lui même créé, à s’échapper.


La star de « b », est immunisée contre la Covid-19. Et pour cause ! Il s’agit d’un robot. © The Japan Times

Quand une IA joue son propre rôle

Interrogé par The Hollywood Reporter, le producteur de « b », Sam Khoze a expliqué que faire jouer une IA n’a rien de simple. Les acteurs humains utilisent leurs expériences de vie pour jouer un rôle. Or, l’IA n’en a pas, il a fallu partir de zéro.
Il faut dire qu’à l’origine, le célèbre roboticien Hiroshi Ishiguro et son collaborateur Kohei Ogawa  ont imaginé le robot Erica pour présenter le journal TV au Japon. Il y a deux ans, Erica ne savait pas faire de mouvements et ses expressions corporelles étaient plus que rudimentaires. Par conséquent, pour apprendre à Erica son rôle, il a fallu réaliser beaucoup de cessions d’entraînements afin qu’elle puisse reproduire l’expression des émotions au travers le langage corporel. Et pour le moment, l’IA est loin d’être au point, même si cela n’a pas l’air d’effrayer les sociétés de production finançant ce film.

Aujourd’hui encore, malgré ses progrès, le robot ne pourra pas tout jouer. Par conséquent, la production cherche toujours une véritable actrice pour remplacer Erica sur certaines scènes. Pour le moment, seulement quelques scènes avec le robot auraient déjà été tournées au Japon l’an dernier. Toujours est-il que le reste des tournages resterait programmé pour 2021 en Europe.

Pour joindre l’article, cliquez sur l’image

Film – « Her » de Spike Jonze

« Her » de Spike Jonze
Date de sortie 19 mars 2014
(2h 06min)
De Spike Jonze
Avec Joaquin Phoenix,
Amy Adams,
Rooney Mara plus
Genres Drame, Romance, Science fiction
Nationalité Américain


Synopsis

Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l’acquisition d’un programme informatique ultramoderne, capable de s’adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de ‘Samantha’, une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle. Les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de Theodore. Peu à peu, ils tombent amoureux…


Sorti début 2014, Her a bouleversé le public. Il suit un homme solitaire (Joaquin Pheonix) tombant peu à peu amoureux de Samantha, l’intelligence artificielle qui régit son portable, son ordinateur personnel etc (c’est Scarlett Johansson qui la double en VO et Audrey Fleurot en VF).

« Personne ne joue mieux la cristallisation amoureuse que Joaquin Phoenix. Personne. »

En 1964, l’écrivain Isaac Asimov avait prédit ce qui nous arriverait cinquante ans plus tard, arguant que l’ennui serait le mal du siècle. Spike Jonze lui donne génialement raison à travers cette romance virtuelle traitée à la manière de la Sofia Coppola de Lost in Translation. Jonze partage avec la réalisatrice cette même capacité à remplir le vide tout en laissant des blancs.
Theodore (Joaquin Phoenix), le visage défait par la douleur, vit au ralenti, hanté par les images d’un bonheur évanoui et le souvenir de son ex (la si fragile Rooney Mara), dont il a perdu le regard.

Quelque chose en lui s’est brisé, qui demande à être réparé.

Le doux rêveur n’ouvre la porte de son univers intérieur qu’à une amie artiste (Amy Adams) et se noie dans les nouvelles technologies pour oublier sa peine.
Rien ne le rattache au monde réel, pas même les mots touchants d’un collègue qui, au détour d’un compliment, révèle une sensibilité qu’il avait sous-estimée. Rien ne vaut Samantha, cette obsédante voix de machine, suave et sexy (Scarlett Johansson, que l’on ne voit jamais à l’écran) qui semblait l’attendre depuis une éternité, à des années-lumière du chaos urbain.
C’est un éclair qui a bouleversé le ciel gris de son existence et a réveillé des sentiments endormis depuis longtemps.

Pourquoi aime-t-on instantanément ce héros et donc ce film ?

Peut-être parce que personne ne joue mieux la cristallisation amoureuse que Joaquin Phoenix. Personne. Jonze avance avec ce personnage parce qu’en dépit du chagrin, il faut bien avancer.
Et son film de respecter le rythme de l’horloge en panne, l’espace-temps entre passé proche et futur antérieur. De s’autoriser tout. De retrouver la sexualité métaphysique de Dans la peau de John Malkovich (faire l’amour à travers un autre corps) et d’en explorer une nouvelle avec plus d’imagination que n’importe quelle vidéo disponible sur YouPorn.

La cruauté et le spleen d’une fable sur une époque

De mélanger avec souplesse les gags les plus cons de la terre avec des jeux vidéo dégénérés. De bouleverser, aussi. Car derrière l’innocuité apparente, la maladresse des répliques ou l’humour poli jaillissent la cruauté et le spleen d’une fable sur une époque – la nôtre – qui apparaît sous cloche, repliée sur son passé, nimbée de neutralité et de doute.
Une époque où nous autres, androïdes hipsters en quête d’intensité, nous devons composer avec l’iPhone, l’addiction aux réseaux sociaux et leur tendance à développer le narcissisme, et avec nos rêves de moutons électriques. Aussi, devant cette merveille, de battre notre coeur ne pouvait plus s’arrêter.
« Her » de Spike Jonze

Pour aller sur la critique de Première, cliquez sur l’affiche