Des machines qui nous transforment

Interaction humain-robot
Interaction humain-robot]

Comprendre les relations entre les humains et les robots intelligents est l’un des défis de la psychologie du XXIe siècle

Par AURÉLIE FAESCH-DESPONT
Rédactrice en chef de Psychoscope chez Föderation der Schweizer Psychologinnen und Psychologen (FSP)
Les robots dotés d’intelligence artificielle et d’empathie représentent une avancée technologique majeure. Par conséquent, ils rendront aussi les rapports entre l’humain et la machine de plus en plus complexes. Auteur en 2018 de l’ouvrage Petit traité de cyberpsychologie, le psychiatre français Serge Tisseron invite les psychologues à s’intéresser de plus près à l’interaction humain-robot.

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à l’interface entre la psychologie et la robotique ?

Tout d’abord, les liens que nous établissons avec nos objets quotidiens sont les grands absents de la psychologie. Cependant ils jouent un rôle essentiel dans la construction de notre identité et de notre sociabilité. En 1998, j’ai voulu rompre ce silence en publiant Comment l’esprit vient aux objets. J’y montre que l’être humain entretient une relation fondamentalement affective avec les objets. Par ailleurs qu’il n’a jamais cessé de leur déléguer ses propres capacités.
Il s’agit, bien entendu de ses capacités physiques, comme l’ont montré les travaux de l’ethnologue français André Leroi-Gourhan. Cependant, il s’agit aussi de ses capacités psychiques, comme lorsque nous faisons d’un objet le gardien des souvenirs que nous y avons déposés. Quand j’ai découvert que des scientifiques parlaient de robots dotés d’une « empathie artificielle », j’ai été scandalisé qu’ils puissent laisser croire que des machines aient des émotions semblables à celles des humains.

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Promotion Norbert Wiener – 1ère promotion du D.U. de Cyberpsychologie de l’université de Paris VII Diderot

Promotion Norbert Wiener
Nous avons choisi de nommer la première promotion du Diplôme universitaire de cyberpsychologie : Wiener

La cybernétique

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Norbert Wiener participe à l’élaboration de méthodes de défense antiaérienne. Par ailleurs, il réfléchit sur leurs deux aspects principaux : la transmission des messages, c’est-à-dire le problème de la communication et le couplage de l’homme et de la machine.

D’autre part, dans son célèbre mémoire Extrapolation, Interpolation and Smoothing of Stationnary Time Series, Norbert Wiener développe la théorie des systèmes linéaires optimums. Elle contient le problème de la prédiction linéaire et celui du filtrage. Ensuite, il publiera en 1958 ses résultats sur la prédiction non linéaire dans son livre Nonlinear Problems in Random Theory.

Le livre Cybernetics

Les méthodes aléatoires de Norbert Wiener s’appliquaient à une vaste classe de problèmes. Elles permettaient d’aborder du même point de vue des objets aussi variés que la théorie de la communication, le comportement des servomécanismes et des ordinateurs, le système nerveux. De ce fait, la cybernétique, c’est-à-dire, selon Wiener, la théorie de « la communication et de la commande chez l’animal et dans la machine », était née. Il s’agit d’un mode d’étude de toute structure complexe organisée. Dès sa publication en 1948, le livre Cybernetics eut un succès considérable. Les idées de son auteur se répandirent très rapidement.

Neurocybernétique et implications philosophiques de la cybernétique

Pendant ses dernières années, Norbert Wiener publia de nombreux articles et volumes, seul ou en collaboration, sur la neurocybernétique et sur les implications philosophiques de la cybernétique. Il s’est toujours élevé contre les déclarations excessives de certains inconditionnels. Il a insisté sur le fait qu’en aucun cas une machine ne saurait se substituer au pouvoir de décision de l’être humain. La responsabilité de l’être humain reste entière : « … en sorcellerie. On doit toujours demander ce qu’on veut vraiment et non quelque chose qu’on semble vouloir. C’est la même chose avec l’automatisme moderne ; il est très facile de demander ce qu’on pense vouloir et qu’on ne veut pas. C’est d’ailleurs un danger réel, spécialement de nos jours, quand il y a la possibilité d’employer les machines qui apprennent. Des machines qui jouent le jeu de la guerre, pour contrôler quand on doit pousser

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