Sept à huit –Trois mois après les attentats de Paris, les survivants reviennent à la vie

Logo-sept-a-huitSept à huit survivants

François, 26 ans, a été blessé le 13 novembre au Bataclan. Depuis trois mois, il se bat chaque jour à l’hôpital des Invalides pour retrouver l’usage de sa jambe gauche.
Parmi ses compagnons d’infortune, Sami, blessé au ventre, et Christophe qui a porté secours aux blessés du Petit Cambodge, reste hanté par des images. Lentement, tous reviennent à la vie…

L’agent de sécurité du Bataclan, Noumouké Sidibé, déjà interrogé dans Sept à Huit peu après les attentats, décrit son état d’esprit lorsque les tirs ont éclaté : « Tout ce que j’ai ressenti, c’est de l’instinct de survie », explique-t-il, en français, avant de donner plus de détails. « Ça pétait dans tous les sens. Les vitres ont éclaté. (…) C’était une scène de guerre dès le départ ».


Extraits :
Célibataire, plutôt joyeux d’ordinaire, Christophe a repris ses cours le lundi suivant les attentats. Il a tenu 4 jours avant de craquer. Son médecin l’a arrêté 2 semaines et, pour chasser les images qui l’obsèdent, il lui a conseillé un psychologue aux méthodes peu classiques. Il en est à sa 7e séance.

Marc Spund :  » Je vais vous demander de fermer les yeux. »
Ce jour là, le psy lui demande de se replonger dans les secondes qui ont précédé son entrée dans le restaurant. Christophe était avec sa sœur. C’est elle qui l’a poussé à porter secours aux victimes.

Marc Spund : » Vous la suivez contre votre gré. A combien estimez-vous le bouleversement que vous ressentez sur une échelle de 0 à 10, où 0 correspond à neutre, et 10 à la pire expérience que vous puissiez imaginer ? Le curseur, vous le mettriez où là maintenant ?  »

Christophe :  » à 8  »

Marc Spund : » D’accord. Ok. Centrez-vous sur ça et en même temps vous suivez la barre lumineuse sans bouger la tête, juste les yeux… Voilà, très bien… C’est très bien Christophe  »

Bouger les yeux pour évacuer les stress post-traumatique, c’est la technique EMDR, abréviation anglaise pour désensibilisation et reprogrammation par les mouvements oculaires.

Marc Spund : » Bien, Faites le vide. Laissez aller tout ça et prenez une grande respiration. Expirez doucement le négatif. Que ressentez-vous là maintenant ?  »

Christophe :  » Je ressens toujours de l’impuissance mais j’ai l’impression que c’est comme du passé, c’est fait et y’a plus rien. Enfin, on ne peut plus revenir en arrière.

Marc Spund : » Le curseur, vous le mettriez où là maintenant ?  »

Christophe :  » entre 4 et 5  »

Marc Spund est spécialiste dans cette technique venue des Etats-Unis. Parfois décriée en France, l’EMDR est reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé. L’idée, c’est de reconnecter la partie émotionnelle du cerveau à la partie rationnelle.

Marc Spund : » Quand un événement hors du commun, comme un attentat, un accident, une agression, un viol… arrive, les 5 sens sont hyper-activés. Et le cerveau, c’est comme un ordinateur, il se plante. C’est à dire que les deux cerveaux vont se désolidariser, ils ne vont plus communiquer, et c’est le cerveau émotionnel qui va tenter de traiter l’information. Donc l’EMDR permet d’abord d’assouplir en quelque sorte le cerveau émotionnel, l’hémisphère droite, de manière à ce que cette information passe dans l’hémisphère gauche et classer l’affaire. Affaire classée. Donc je peux y penser, mais je ne ressens plus les émotions que j’ai ressenties à ce moment là. »

Au bout d’une heure de séance, l’image traumatisante s’est apaisée. L’EMDR semble faire effet sur Christophe pour soigner ses blessures psychiques.

Christophe :  » J’ai pas effacé ça de ma mémoire mais ce n’est plus quelque chose de contrariant, de grave.  »

Marc Spund : » le curseur, vous le mettriez où là maintenant ? »

Christophe :  » à 1″

Christophe : « Moi pour l’instant, j’avoue, voilà, ça me fait du bien. Moi, je sors, je suis bien jusqu’à la fin de la semaine. Ça ne m’est jamais… Depuis, j’ai pas… Physiquement, ça va mieux. Mentalement, ça va mieux. Je peux retourner en cours, je peux refaire des choses, tout ça, donc presque reprendre une vie normale. Mais, il y a des choses, j’avoue, il y a des endroits où j’hésite encore à passer. Y’a les cafés, les restaurants, je fais le tour parce que je ne veux pas passer par ces rues là. Donc, il y a encore des choses que je ne peux pas encore faire, mais je pense que cela m’aide un petit peu. C’est une manière de se battre un petit peu, j’ai l’impression »

Les séances avec les psys, elles aussi sont prises en charge pour les victimes du 13 novembre. Christophe aura besoin d’une dizaine de rdv pour réparer les dégâts causés dans sa tête par les événements.

‘This is it. I love you. Goodbye’: Inside the Bataclan – Newsnight

BBC Newsnight

‘This is it. I love you. Goodbye’: Inside the Bataclan – Newsnight

Six témoins racontent

ajoutée le 18 déc. 2015

What was it like to be inside the Bataclan on the night of the Paris attacks? Here are the stories of six people who survived. This report by Newsnight’s Warwick Harrington contains some distressing material.

Six témoins racontent

LE SCAN TÉLÉ / VIDÉO – Dans ce reportage diffusé un mois après les attaques terroristes qui ont touché plusieurs lieux de la capitale française, six témoins racontent le déroulé de la soirée du 13 novembre.

Lundi soir, la BBC proposait un document inédit sur les attentats parisiens du 13 novembre dernier. Appelé This is it. I Love you. Goodbye, ce mini-documentaire s’intéresse à l’attaque survenue dans l’enceinte du Bataclan, lieu qui compte le plus de morts.

Six témoins ont accepté de revenir sur cet épisode pour la chaîne publique britannique. Benoît, Stéphane ou encore Lydia racontent leur soirée, du début du concert des Eagles of Death Metal jusqu’à l’arrivée des terroristes dans la salle de spectacle. Le reportage alterne entre les entretiens des témoins, des images amateurs tournées par des spectateurs et du texte inscrit sur fond noir. «Nous pensions passer la plus belle soirée de notre vie», raconte une jeune femme. «Le concert était génial jusqu’à la cinquième ou sixième chanson où tout a commencé», ajoute l’un d’entre eux.

L’agent de sécurité du Bataclan, Noumouké Sidibé, déjà interrogé dans Sept à Huit peu après les attentats, décrit son état d’esprit lorsque les tirs ont éclaté : « Tout ce que j’ai ressenti, c’est de l’instinct de survie », explique-t-il, en français, avant de donner plus de détails. « Ça pétait dans tous les sens. Les vitres ont éclaté. (…) C’était une scène de guerre dès le départ ».

Au cours de ce reportage de 25 minutes, la chaîne dévoile un document inédit : un sonore de quelques secondes où l’on entend les coups de feu en rafales donnés après 21h dans la salle de spectacles (à partir de 5’30). Ce soir-là, cette scène cauchemardesque a duré entre 12 et 15 minutes.